Commerce. Les centres-villes bretons ne veulent pas mourir

Glen Recourt.



Trop chers, trop compliqués d'accès : les centres-villes ne sont plus en vogue. Les consommateurs les fuient. Pour freiner l'hémorragie, les villes partent à la reconquête.

À vendre, à louer, à céder. Sur tous les tons, dans toutes les couleurs, à Guingamp (Côtes-d'Armor) le déclin se décline. En traversant le centre-ville, l'oeil est attiré par ces vitrines vides. La municipalité a choisi de les couvrir de trompe-l'oeil donnant l'illusion d'une activité. https://www.ouest-france.fr/bretagne/guingamp-22200/guingamp-de-fausses-vitrines-pour-dynamiser-le-centre-ville-4799830 Ici un bar tabac chaleureux, plus loin une épicerie. Des pansements sur une jambe de bois ?

« Soit on ne fait rien et on continue de couler, soit on prend le risque d'agir. » Le maire socialiste Philippe Le Goff analyse la situation sans détours. 800 logements sont vacants dans le centre. La ville de 7 106 âmes perd des habitants au profit des communes pavillonnaires voisines. La part des commerces vides augmente ( de 5 % en 2012 à 8,3 % en 2016).

L'enfant au centre

Selon Emmanuel Le Roch délégué général de la fédération d'enseignes Procos, à l'exception des cités très touristiques, « ce déclin s'observe dans à peu près toutes les villes moyennes même si en Bretagne, qui n'a pas été secouée par les crises industrielles, cela arrive plus tard qu'ailleurs. » Saint-Brieuc bat les records avec un taux de vacances des commerces de 19,5 %, https://www.ouest-france.fr/bretagne/saint-brieuc-22000/commerce-le-centre-ville-de-saint-brieuc-victime-des-zones-commerciales-5391488 soit 10 % de plus qu'il y a quatre ans. Un accès contraignant, des loyers plus chers et une périphérie attractive et équipée : l'équation mortifère est un peu partout la même


« A Guingamp on a eu la chance d'amorcer le virage avant que ça ne soit trop tard » se satisfait le maire. En 2014, Guingamp est lauréate d'un contrat de revitalisation avec l'État et en octobre dernier elle obtient 400 000 € supplémentaires de la Région.



Dans la liste des nombreux travaux menés (2,5 millions d'euros ont été injectés cette année), la place du centre va être enrichie en 2018 de miroirs d'eau et de jet pour 900 000 €. Cette intervention cosmétique répond à une stratégie de fond. « Ce nouveau jeu d'eau est pensé notamment pour les enfants qui sont prescripteurs. S'ils viennent, les adultes qui les accompagnent viennent aussi ». En réamorçant le flux, Guingamp espère séduire de nouveaux habitants.

Une réflexion sur l'image de la ville a été menée pour « réenchanter » le coeur de ville, poursuit-il. « Il faut qu'une personne puisse se projeter dans le décor. L'affectif est essentiel. Et je crois que la nouvelle génération, qui a souvent vécu en pavillons avec leurs parents, aspire à cette vie de centre parfois plus conviviale ».


Des villes plus grandes prennent aussi le sujet au sérieux. À Quimper, des signes témoignent d'un certain fléchissement.https://www.ouest-france.fr/economie/commerce/quimper-les-petits-commerces-resistent-en-centre-ville-4472268 Le taux de vacances des commerces, indicateur imparfait mais témoin d'une tendance, a enflé. (5,9 % en 2012, 12,3 % en 2016). La destruction annoncée des halles, poussée par une nécessaire rénovation, https://www.ouest-france.fr/bretagne/quimper-29000/commerce-quimper-halles-et-commerce-du-centre-ville-questionnent-5264306répond aussi à une concurrence rude exercée par les zones commerciales voisines. La préfecture du Finistère a même créé un poste de manager de commerce, « facilitateur entre les services de la maire et les commerçants de la ville » résume l'intéressé.

Reste une question : à l'avenir, les centres-villes n'ont-ils pas vocation à devenir autre chose qu'une vaste zone de shopping qui ne s'anime qu'aux heures d'ouverture ?

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