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Cantine scolaire. Une initiative bretonne

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Message par Admin Mar 16 Jan - 18:04

Cantine scolaire. Une initiative bretonne  Sans_710

mais surtout celle de sa cantine scolaire, le maire de Lannion, Émile Depasse, se fera connaître jusqu’à Paris. Collection privée Annie Blanc
Photo Jean Geoffroy/DR-Wikicommons


Créée en 1844, la première cantine scolaire au monde est lannionnaise. Une mesure sociale prise par Émile Depasse, le maire de Lannion afin de lutter contre la pauvreté dans sa commune, qui sera ensuite copiée un peu partout dans le pays.

« Je préfère manger à la cantine, avec les copains et les copines…». À la veille de la rentrée, la chanson de Carlos sera peut-être dans la tête de nombreux enfants. Pourtant, si aujourd’hui toutes les écoles proposent un service de restauration scolaire à midi, le concept est né en Bretagne, dans la ville de Lannion, au milieu du XIXe siècle.

Cantine scolaire. Une initiative bretonne  Sans_711

Grâce au succès de la création de sa salle d’asile dans le quartier de Kermaria à Lannion, mais surtout celle de sa cantine scolaire, le maire de Lannion, Émile Depasse, se fera connaître jusqu’à Paris. Collection privée Annie Blanc




À l’époque, la Bretagne connaît une crise économique sans précédent, et une partie de la population vit dans la misère, comme l’explique Annie Blanc, membre de l’Association de recherche et sauvegarde des sites archéologiques du Trégor (Arssat) : « La région de Lannion était spécialisée dans la production de toiles textiles. La culture du lin et du chanvre faisait vivre la campagne, ces productions étaient ensuite filées et tissées dans les faubourgs populaires de Lannion ».

Le développement des œuvres sociales


Mais en 1836, le gouvernement de Louis-Philippe décide d’abaisser de façon brutale les droits de douanes, au bénéfice des tissus anglais. En pleine révolution industrielle, l’industrie textile d’outre-Manche s’est mécanisée et propose des produits de meilleure facture à un prix plus bas. « Le Trégor n’a pas su réagir. Les ventes de toiles bretonnes se sont effondrées, entraînant une misère épouvantable », précise l’historienne.

D’autant plus que l’autre activité économique de la région, la pêche, n’est que saisonnière, et les hommes connaissent une période de chômage chaque hiver. « La municipalité de l’époque s’est émue de la situation. Sur une population de 5.000 habitants, plus de 1.500 personnes étaient déclarées indigentes à la fin des années 1830 », poursuit Annie Blanc. En 1839, un nouveau maire est nommé à Lannion par le préfet (comme c’est d’usage à l’époque) : il s’agit d’Émile Depasse, un notaire et bourgeois de la ville.


Face à l’urgence de la situation, il met d’abord en place des soupes populaires. Il s’attèle ensuite à créer un Bureau de bienfaisance, qu’il dirige, afin de réfléchir aux moyens d’endiguer la pauvreté et ses conséquences en ville. S’inspirant de la politique urbaine du baron Haussmann à Paris, il lance une politique de grands travaux à Lannion afin de transformer la ville aux aspects encore médiévaux et emploie les plus pauvres. Mais, il en est persuadé, il faut attaquer le mal à la racine et s’occuper des enfants, qui sont des pauvres en puissance. Lecteur averti d’ouvrages français et anglo-saxons sur la question, Émile Depasse décide de mettre en pratique les idées du Baron de Gérando, qui prône la création de salles d’asile.

Sortir les enfants des rues


Ancêtres de nos écoles maternelles, les salles d’asile accueillent les enfants de parents pauvres âgés de deux à sept ans pour éviter qu’ils ne traînent dans la rue. Celle de Lannion ouvre ses portes à la rentrée de septembre 1843. Mais les débuts sont compliqués, car les parents ne voient pas l’intérêt d’y envoyer leurs gamins. Émile Depasse décide donc d’offrir des repas gratuits à tous les élèves. «Pour financer une telle action, il a dû faire appel à la générosité des Lannionnais, précise Annie Blanc. Il a démarché les riches familles de la ville en leur expliquant que la mendicité avait envahi les rues et, qu’en sortant de chez eux, ils étaient harcelés par des hordes de gamins affamés. Mais qu’au lieu de donner un peu d’argent à ces pauvres ères, il valait mieux consacrer une somme fixée à l’avance, donnée directement au Bureau de bienfaisance ».

Grâce aux fonds collectés, la cantine voit le jour le 1er janvier 1844, et attire plus de 150  enfants dès les premiers jours. Avec un tel succès, il faut maîtriser les coûts. Émile Depasse et son équipe ont l’idée de démarcher agriculteurs et boulangers, afin d’assurer de la quantité nécessaire de nourriture à un prix identique toute l’année. Deux repas sont servis chaque jour: le premier à 10 h, composé d’une soupe de légumes, agrémentée d’un peu de viande une fois par semaine, et de pommes de terre à volonté, une aubaine pour ces enfants pour qui les repas pris à l’école représentent souvent les seuls de la journée ! Avant que les élèves ne rentrent chez eux,vers 16 h, on leur donne un autre potage et du pain.

« Émile Depasse le constate rapidement, les enfants malnutris reprennent des forces après quelques mois, poursuit Annie Blanc. Au-delà de l’aspect alimentaire, garçons et filles sont soignés et habillés par la municipalité. Les salles d’asile offrent une base d’éducation à tous. On leur apprend la discipline, mais aussi à lire et à écrire. » Après sept ans, les garçons sont pris en charge, toujours gratuitement, dans une institution catholique et reçoivent une formation professionnelle. Quant
aux filles, elles apprennent à devenir ménagères avant d’être placées dans des familles bourgeoises.

Pour en savoir plus


- Le site de l’Arssat : www.arssat.info

- « Bon appétit les enfants, histoire de la restauration scolaire des origines à nos jours », de Marcel Chachignon, éditions UPRM, 1993.

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Émile Depasse, un précurseur oublié  


Homme politique issu de la droite libérale, Émile Depasse est l’un des précurseurs en matière d’éducation. À l’époque, le succès de la mise en place de sa salle d’asile dans le quartier de Kermaria à Lannion, et surtout de sa cantine scolaire, le fait connaître jusqu’à Paris. En effet, le sous-préfet, d’abord méfiant quant au projet de l’édile lannionnais, n’hésite pas à saluer l’expérience et fait remonter l’information jusqu’au ministre de l’Instruction publique du gouvernement de Louis-Philippe, le comte de Salvandy. Ce dernier contacte Émile Depasse et le fait venir à Paris. Le maire de Lannion raconte son expérience devant les députés, et le ministère le charge d’écrire un rapport.



La brochure, intitulée « Considération sur les salles d’asile » et publiée en 1847, devait être envoyée dans les municipalités de l’Hexagone. Si quelques villes suivent son exemple, comme Saint-Brieuc, Dinan ou Loudéac, la mise en place de cantines scolaires financées par la charité publique se fait plus difficilement dans les grandes villes, même si certaines mairies d’arrondissement de Paris tentent l’expérience.



Mais la Révolution de 1848 et la chute de la Monarchie de Juillet viennent définitivement enterrer les idées de Depasse. Si les lois de Jules Ferry rendent l’instruction obligatoire, gratuite et laïque pour tous dans les années 1880, le temps du midi n’est pas évoqué, et chaque commune s’organise comme elle le peut. Il faudra attendre 1936 et le gouvernement du Front Populaire pour rendre obligatoire l’aménagement d’un réfectoire dans les écoles de la République.



Tombée dans l’oubli, l’histoire de la première cantine scolaire au monde est de nouveau évoquée grâce au travail d’Annie Blanc, qui a redécouvert cette histoire il y a quelques années après la sollicitation d’une chaîne de télévision japonaise qui réalisait un reportage sur le sujet.

http://www.letelegramme.fr/histoire/cantine-scolaire-une-initiative-bretonne-01-09-2017-11647524.php
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