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Série. 7. Samson, la plus ancienne hagiographie

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Message par Admin Ven 24 Aoû - 21:37

Publié le 19 août 2018 à 09h00  le telegramme

Série. 7. Samson, la plus ancienne hagiographie  J12
La légende raconte que Samson a pu venir au monde grâce à une sirène. Né laid et chétif, il ressortit beau et vigoureux après que celle-ci l’eût plongé dans l’eau. Sa statue dans la Vallée des Saints à Carnoët a été sculptée par Jacques Dumas.


Le fondateur de l’évêché de Dol est l’un des sept saints fondateurs de la Bretagne. L’hagiographie, la plus ancienne à nous être parvenue, éclaire la vie de l’ecclésiastique du point de vue politique tout autant que légendaire. Il fournit en outre aux historiens des éléments précieux pour expliquer l’histoire de la naissance de la Bretagne.

Comme la plupart des saints fondateurs de la Bretagne, Samson naît vers 495 dans une famille aristocratique, de l’autre côté de la Manche. Très jeune, il est envoyé au monastère de Llanilltud Fawr où il devient l’élève de saint Iltud. Dans l’île de Bretagne, ce monastère fut un foyer de christianisation important, dont sont issus plusieurs autres saints armoricains dont saint Paul Aurélien, le fondateur de l’évêché du Léon

Les traces de la vie de Samson nous sont données grâce à sa vita, le récit de sa vie, écrit au VI-VIIe siècle puis réécrit au IXe siècle. Ces hagiographies, qui appartiennent à un genre littéraire commun à toute la chrétienté médiévale, n’ont pas d’auteur unique : elles sont le fruit de nombreuses copies et réécritures pour être adaptées aux attentes et à la mentalité de chaque époque. Leur objectif : raconter l’histoire du saint, mais également montrer qu’il reste vivant pour ceux qui l’honorent, notamment à travers les miracles qu’il accomplit. Ces hagiographies constituent « un extraordinaire gisement de culture populaire », rappelle Bernard Merdrignac, spécialiste de la période médiévale. La vita de saint Samson reste d’ailleurs une source exceptionnelle : « C’est sans doute le plus ancien document hagiographique de Bretagne continentale à nous être parvenu », affirme l’historien.


« De part et d’autre de la mer »

Ces vitae contiennent bien entendu un grand nombre d’épisodes légendaires mais constituent des documents précieux pour comprendre l’histoire religieuse et culturelle de la Bretagne : elles permettent d’éclairer la vie de ces ecclésiastiques du haut Moyen-Âge et plus largement l’histoire du peuplement de la péninsule armoricaine. Car, aujourd’hui encore, « la naissance de la Bretagne continentale reste une énigme », rappelle Magali Coumert, chercheuse en Histoire médiévale à l’université de Brest. L’évolution des noms de lieux en est un symbole : au VIe siècle en effet, le terme « Bretagne » désigne tout à la fois une partie de la Grande-Bretagne actuelle, mais aussi l’Armorique ! « Samson est présenté comme originaire de la région de Demetiana ou Demetia. L’enfance du saint se déroule chez les Britanni. Son maître Eldut prophétise que Samson sera le souverain pontife « de beaucoup de part et d’autre de la mer »», rappelle Magali Coumert.


Une fois ordonné prêtre, Samson rejoint le monastère de Ynis Pyr où il devient abbé. Il traverse ensuite la mer pour séjourner au monastère de Dun Etair en Irlande. Puis, revenu au pays de Galles, il récuse sa charge d’abbé et part alors se réfugier dans le monastère de St Kew en Cornouailles, avant de quitter l’île. Comme d’autres saints fondateurs, Samson traverse la Manche pour encadrer ses compatriotes qui s’établissent en Armorique : ces ecclésiastiques constituent alors l’élément instruit des familles qui dirigent ce mouvement migratoire. « Il décida, fidèle à sa promesse, de passer en bateau de ce côté-ci de la mer, sous la conduite de Dieu. Après une heureuse traversée, ils atteignirent en Europe le port qu’ils visaient », écrit son hagiographe. Après une étape sur l’île de Guernesey, Samson arrive sur le continent et fonde le monastère de Dol.


Des éléments politiques et légendaires

Le récit de la vie de Samson contient aussi des éléments politiques intéressants : il rapporte notamment la visite de Samson à la cour de Childebert Ier, pour plaider auprès de lui la cause du prince Judual contre Conomor. Samson obtient alors la reconnaissance du roi franc et la jouissance du monastère de Pentale, en Normandie. Mais sa vita comporte également un grand nombre de caractéristiques légendaires : comme ses homologues, saint Pol Aurélien et saint Tugdual, Samson combat les dragons qui infestaient le territoire de sa famille. « Il faut interpréter ces récits comme des mythes de fondation qui visent à garantir l’extension territoriale des nouveaux évêchés de Domnonée », explique Bernard Merdrignac. Un événement de la vita raconte aussi le combat de Samson contre une sorcière. « Cet épisode révélerait la permanence du paganisme, explique Bernard Rio, auteur d’un ouvrage sur les saints bretons. C’est sans doute une réminiscence du séjour de Samson en Irlande et une adaptation médiévale d’un récit plus ancien. »

Saint Samson meurt vers 565 dans son monastère de Dol. Aujourd’hui, il est le saint patron de Dol-de-Bretagne, Bobital, Illifaut ou encore Trévou-Tréguignec. Samson est aussi Hororé à Bieuzy, Goven ou Melrand. La forme bretonne de son nom vient du nom biblique Samson, de l’hébreu Sémès (soleil).


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Message par Admin Ven 24 Aoû - 21:40

Pour en savoir plus

Bernard Merdrignac, « Les saints bretons entre légendes et histoire. Le glaive à deux tranchants », PUR, 2008.

Magali Coumert, « Histoire des Bretagnes. 1. Les mythes fondateurs », CRBC, 2010

Bernard Rio, « Le livre des saints bretons », éditions Ouest-France, 2016.

Becedia, site de ressources de Bretagne Culture Diversité : http://bcd.bzh/becedia/



Les Sept Saints : une légende universelle


À Vieux-Marché, non loin de Plouaret-Trégor, l’origine de la chapelle des Sept-Saints est longtemps restée une énigme : un temps assimilé aux Sept Saints fondateurs de la Bretagne, le culte se rapprocherait plutôt de celui des Sept Dormants d’Éphèse. Il s’agit d’une légende universelle qui a essaimé sous sa forme chrétienne au nord de la Méditerranée et sous sa forme islamique au sud et à l’est de la Méditerranée. Que raconte cette légende ? Au IIIe siècle après J.-C., sept chrétiens fuient la ville d’Éphèse, dans l’actuelle Turquie, pour échapper à la persécution de l’empereur Decius, soucieux du danger que représente cette nouvelle religion face à l’idolâtrie romaine. Les sept frères se réfugient dans une grotte et s’endorment. Quand ils se réveillent, ils découvrent qu’ils ont en réalité dormi 200 ans ! Suite à ce prodige, Théoddose l’Empereur les appelle à sa cour mais les sept frères refusent et décident de mourir pour rejoindre Dieu. Les premières traces du culte des Sept Dormants remontent à la fin du VIe siècle : on suppose que ce culte a essaimé en Occident grâce aux voyageurs partis à la recherche de mines d’étain, absentes d’Asie Mineure. Ils ont ainsi colporté la légende des Sept Dormants dans les pays chrétiens d’Europe. Cette hypothèse, qui rapproche les Sept Saints de Vieux-Marché aux Sept Dormants d’Éphèse, fut proposée par Ernest Renan et François Marie Luzel à la fin du XIXe siècle, puis reprise par l’Orientaliste Louis Massignon, professeur au Collège de France et mort en 1962. Initié par ce spécialiste, un pardon islamo-chrétien s’est greffé à partir de 1954 à celui antérieur de la chapelle des Sept-Saints, qui a désormais lieu tous les ans. Pour en savoir plus Alain Le Roux, « Les Sept Dormants d’Éphèse. Leur culte en Asie Mineure, en Afrique du Nord et à Vieux-Marché », Coop Breizh, 1999.


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