L’homme tatoué en 1879, une certaine idée du tatouage

Je vous livre ici, tout simplement, un article intéressant paru dans L’Univers Illustré en 1879. Un témoignage des exhibitions d’hommes (et de femmes) tatoués et une petite contribution à l’histoire culturelle du tatouage que vous pouvez apprécier avec ces affiches de la même époque :


« On voyait, à la dernière foire aux pains d’épice, un homme tatoué sur toutes les parties du corps qui excitait vivement la curiosité des Parisiens. Quoique le tatouage ne soit pas tout à fait passé dans nos mœurs et que la mode n’existe pas encore à Paris, dans le « meilleur monde » comme disent les journaux de modes, de se barioler le corps, de la tête aux pieds, à la manière des sauvages, je demande au lecteur la permission de lui dire un mot du tatouage au point de vue de l’hygiène.

Le tatouage, habitude vulgaire, originaire d’Orient, répandue dans le peuple, chez les soldats et les matelots en particulier, a pour effet de produire des cicatrices par la piqûre de la peau, qu’on recouvre ensuite de matière colorante.Ces cicatrices représentent des images grotesques ou ignobles qui ordinairement sont indélébiles.
[…]

Hâtons-nous dé dire que cette pratiqué ridicule et dégoûtante tombe tout à fait ou désuétude chez nous, parmi les gens du peuple et parmi les gens de mer. En présence des nombreux accidents qu’elle peut occasionner, l’amiral Hamelin, alors ministre de la marine a appelé en 1860 l’attention des chefs de corps et des commissaires de l’inscription maritime sur ce sujet et leur a prescrit d’interdire le tatouage chez les marins.

Espérons que les charmes, si grands qu’ils soient, de l’homme tatoué de la foire aux pains d’épice ne donneront pas aux Parisiens l’envie de se transformer en sauvages. »


Affiches fin XIXe siècle (Source Gallica BNF)