LA SANDALETTE DE PLOUHA
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"On peut vous appeler mamie?" 55 ans

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"On peut vous appeler mamie?" 55 ans Empty "On peut vous appeler mamie?" 55 ans

Message par Admin Sam 20 Aoû - 21:04

"On peut vous appeler mamie?" 55 ans, sans emploi, on me juge trop vieille pour travailler

Publié le 20-08-2016 à 11h55 article nouvel obs

LE PLUS. Margaux Gilquin a perdu son travail en 2008 à l’âge de 48 ans. Depuis, ses journées sont rythmées par sa recherche d’emploi. Malgré quelques missions et de nombreuses désillusions, elle n’a toujours pas trouvé de travail. Trop âgée ? Margaux en est convaincue. Elle revient sur son parcours semé d’embûches dans un livre témoignage "Le dernier salaire"(XO Document).
Édité et parrainé par Louise Auvitu


"On peut vous appeler mamie?" 55 ans Sans_485



Quand j’étais jeune, je me prédestinais à une carrière de militaire, mais j’ai rencontré mon mari, j’ai eu un enfant.


Ayant arrêté l’école en seconde, j’ai pendant une dizaine d’années multiplié les petits boulots. Et puis, j’ai senti que le vent tournait, que je devais me munir de diplômes pour mettre toutes les chances de mon côté.


À 34 ans, j’ai obtenu mon baccalauréat. À 37 ans, j’ai décroché un BTS, puis j’ai eu l’opportunité de décrocher un poste d’assistante de direction. Tout se passait parfaitement bien jusqu’à ce que l’entreprise soit rachetée, que la direction change et que je me retrouve licenciée pour des raisons économiques.


J’avais 48 ans, j'étais divorcée et sans enfant à charge, j’étais persuadée que j’allais retrouver du travail rapidement. J’avais tort.



"Vous êtes une grande fille, vous allez vous en sortir"



J’avais à ce moment-là, encore 12 années de travail avant de pouvoir prétendre à une retraite convenable. Je n’ai pas cessé de me dire :



"Il faut avancer. Je suis en pleine forme. Mon fils n’a plus besoin de moi. C’est certain, je vais retrouver un travail."


Sauf que la crise était passée par là, que les mentalités avaient quelque peu changé et que les méthodes pour rechercher du travail étaient bien différentes de celles que je connaissais dans les années 1980.


Dès mon premier rendez-vous à Pôle Emploi, j’ai compris que ce serait plus difficile que je ne me l’imaginais. Ma conseillère m’a immédiatement donné le la :


"Vous êtes une grande fille. Vous n’êtes pas la seule, mais vous allez vous en sortir. Pourquoi auriez-vous besoin de suivre un atelier pour rédiger votre CV ? C’est inutile, non ?"


Elle m’a expliqué que je devais m’inscrire sur le site internet de Pôle Emploi et prendre soin d’éplucher tous les jours les offres d’emploi. C’est ce que j’ai fait. Au fil du temps, je m’étais inscrite sur un grand nombre de sites pour la recherche d’emploi. J’avais même un carnet avec tous mes identifiants et mes mots de passe.



"À 48 ans, ne vous faites pas trop d’illusions"



Début 2009, j’ai finalement réussi à obtenir un rendez-vous à l’antenne d’une administration chargée d’aider les gens comme moi, les chômeurs. Une femme m’a annoncé :

"Madame Gilquin, à 48 ans, ne vous faites pas trop d’illusions. Et puis on va arriver en février, il fait froid. Les employeurs ne pensent pas à embaucher. Rentrez chez vous et contactez-moi plus tard."



Finalement, en mai 2009, la chance m’a sourie. J’ai réussi à décrocher une mission d’intérimaire pour un remplacement.


Ça n’a duré que six semaines.


1.500 candidatures en un an, j’ai cessé de les compter


Chaque jour, je me levais exactement comme pour une journée de travail. Je prenais ma douche, mon petit-déjeuner, je me maquillais. Rester coquette, c’était pour moi un moyen de ne pas perdre pied.


Quand on est au chômage, il est primordial de ne surtout pas lâcher prise.


Dès 9 heures, je commençais par éplucher les annonces de Pôle emploi, celles que je pouvais trouver sur d’autres sites, j’identifiais celles qui correspondaient à mes compétences et je postulais. Je tournais environ à deux annonces le matin, deux l’après-midi et deux le soir, sans compter les candidatures spontanées.


Pôle Emploi m’en transmettait certaines, mais elles n'avaient parfois aucun rapport avec mes compétences. Je me souviens d’en avoir reçu une pour être animatrice de camping ! J’en ai eu un fou rire.

Au bout d’un an, j’avais envoyé 1.500 candidatures. Puis, j’ai cessé de les compter.

Chercher un emploi, c’est un travail à temps plein


J’étais prête à tout pour trouver un travail, j’ai même participé à des "jobs datings". Des recruteurs par rangées, vous leur transmettez votre CV, ils vous tendent une carte de visite. "Au suivant". Le tout ne dure que 5 minutes, à peine le temps de faire des phrases dépassant le sujet, verbe, complément. J’ai eu le sentiment d’être du bétail.

Et que dire des entretiens ? J’en ai vu de toutes les couleurs. Piétiner pendant des heures, dans le froid, apprêté avec un tailleur et le maquillage qui coule.

Chercher un emploi et passer des entretiens, c’est un travail à temps plein.



"Ça vous dérange si on vous appelle 'mamie' ?"



Une fois, une responsable administrative m’a déclaré :

"Mme Gilquin, je ne peux pas vous embaucher. Vous avez l’âge d’être ma mère, je ne pourrais pas vous remonter les bretelles en cas de problème."



Je n’ai pas su comment réagir. Je suis restée bouche bée, mais une fois sortie, j’ai éclaté en sanglot. Lors d’un autre entretien, une trentenaire avait eu le culot de me demander :


"Ça ne vous dérangerait pas qu’on vous appelle 'mamie' ?"



Ces deux mésaventures m’ont directement renvoyée à mon âge. J’avais beau être en forme, je réalisais que ça pouvait être un vrai problème.


Un CDI, puis retour à la case départ

Il n’y a pas eu que des expériences ou des rencontres désagréables.

Je me souviens d’un couple d’octogénaires qui recherchait une assistante pour faire leur secrétariat. Il y avait 60 ans de paperasses ! J’habitais alors à Montmorency et l’emploi se situait à Paris. Le couple avait été très accueillant, mais il me proposait 80% du Smic. Pour le reste, j’aurais le droit de partager leurs repas. J’y ai réfléchi, mais cela faisait vraiment trop loin de mon logement.


Grâce à une responsable d’une société intérimaire, j’ai pu décrocher des missions d’intérimaires, mais surtout un CDI en décembre 2010. Je n’y croyais plus, c’était ma chance. Mais là aussi, ça n’a pas duré : j’ai été de nouveau remerciée à cause d’un plan de licenciements économiques.

Retour à la case départ.


"Mais, tu cherches vraiment ?"




J’avais 50 ans et la solitude commençait de plus en plus à me peser. Oui, le burn-out du chômeur, ça existe. J’avais le sentiment de faire partie de la génération sacrifiée. Le monde du travail était injustice, dégueulasse. Je n’étais pas prête à tout ça.


Le pire reste le regard des autres, les petites remarques qui font du mal. "Je ne comprends pas pourquoi tu ne trouves pas" ; "Tu ne te donnes pas les moyens" ; "Mais, tu cherches vraiment ?" ; "Tu devrais accepter des ménages".


J’ai pensé à faire des ménages, j’étais prête à tout pour trouver un travail, mais je souffre de fibromyalgie, une maladie musculaire qui m’empêche de faire un travail trop physique.


Je me suis battue, mais mon corps était épuisé. J’ai même fait un infarctus. La course contre la montre, elle, s’accélérait.


Je suis "dame de compagnie" en Gironde


Finalement en 2013, j’ai perçu mes dernières allocations chômage. J’ai alors décidé de liquider toutes mes affaires. J’ai vendu mes meubles, mon linge, tous mes objets.


J’ai eu une opportunité en Gironde : devenir dame de compagnie auprès d’une personne âgée. Je ne suis pas payée, mais blanchie et logée. M’éloigner de la région parisienne m’a fait le plus grand bien. J’ai le sentiment que c’est moins anxiogène.

je continue toujours à chercher du travail, mais à 55 ans, c’est quasi mission impossible. Actuellement, en plus de mon travail de "dame de compagnie", je donne des cours environ 10 heures par mois. Evidemment, ce n’est pas suffisant pour m’en sortir.

Je suis partie du principe que cet argent obtenu par ce biais, je n’y toucherai pas. C’est en quelque sorte ma garantie en cas de pépin.


Je vis avec 487 euros par mois


Aujourd’hui, j’ai totalement changé de vie. Je n’ai qu’un seul apport d’argent : l’allocation de solidarité spécifique (ASS) qui se limite à 487 euros par mois.

Contrainte, j’ai totalement changé de vie. Je n’ai qu’un seul jean neuf que je lave tous les trois jours, toujours la même paire de bottines, et je m’autorise qu’un repas sur deux. J’ai supprimé toutes les sorties. Parfois, je me rends à la fin des vides greniers pour récupérer les invendus.

Je ne vais pas au Resto du cœur, mais j’achète exclusivement dans des supermarchés hard-discount. J’ai conservé une très vieille voiture, mais je me limite à l’utiliser lorsque je dois donner mes cours. Elle ne me coûte pas plus de 10 euros par mois.

Je n’ai pas le droit à la Couverture maladie universelle (CMU). Pourtant, j’ai de graves problèmes de dents. Comme je ne suis pas en mesure de les soigner, on me les arrache. Ça coûte moins cher.



Ma pire peur : finir dans la rue




Voilà sept ans que j’ai perdu mon travail, et encore aujourd’hui, j’ai du mal à comprendre ce qui m’est arrivé. Est-ce mon âge ? J’en suis convaincue, mais personne ne me l’a dit.

Quand un recruteur vous balance que de toute façon, il est persuadé qu’après 50 ans "les neurones ne fonctionnent plus", comment voulez-vous réagir ?


Même si ma situation est très précaire, je ne désespère pas. Ce qui me fait le plus peur aujourd’hui, c’est de finir dans la rue, alors j’essaye de me convaincre que c’est encore possible à mon âge de trouver un travail, même si je ne prendrai ma retraite qu’à l’âge de 70 ans.


Propos recueillis par Louise Auvitu

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