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Les instituteurs avaient sauvé une famille juive, 75 ans après leur élève raconte

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Message par Admin Lun 29 Avr - 20:55

Par Fabienne GÉRAULT

Les instituteurs avaient sauvé une famille juive, 75 ans après leur élève raconte Sans1932

Roger et Madeleine Ménard étaient instituteurs à Mauves-sur-Huisne, dans l’Orne. Résistants, ils avaient aidé une famille juive dans les années 1940. Samedi, en Normandie, un hommage sera rendu à ces Justes parmi les Nations. Serge Ferrand, 88 ans, a été l’élève de Roger Ménard. Il se souvient.

Les instituteurs avaient sauvé une famille juive, 75 ans après leur élève raconte Sans1933

« Le clan des survivants. » C’est ainsi que Serge Ferrand, 88 ans, appelle ses proches. Des descendants d’une famille juive, qui a eu la vie sauve pendant la Seconde Guerre mondiale, grâce à un couple d’instituteurs de Mauves-sur-Huisne, dans l’Orne.

Roger et Madeleine Ménard ont aidé neuf personnes à échapper à la déportation. Cela leur a valu, le 25 décembre 1995, de recevoir le titre de Justes parmi les Nations.

Samedi 27 avril, lors d’une cérémonie, une plaque sera posée sur la façade de la mairie du village normand. Là même où vivait le couple, pendant la guerre. Au rendez-vous : onze descendants des Ménard et neuf membres de la famille Nabedrick.

Hommage aux instituteurs

Pour Serge Ferrand, c'est un morceau d’histoire familiale qui resurgit du passé. L’octogénaire vit aujourd’hui à Nice, dans les Alpes-Maritimes. Il a écrit y a quelque temps au maire de Mauves, dans l’Orne, en souvenir des Ménard. « Ça m’a pris comme ça, je ne peux pas l’expliquer… »

Michel Ménard, le fils du couple d’instituteurs, retrace l'histoire de ses parents : « Originaires de la Sarthe, ils sont arrivés à Mauves dans les années 1930, raconte-t-il. C’est d’ailleurs là que je suis né, en 1935. »

Roger Ménard était également secrétaire de mairie, comme souvent dans les villages. Un instituteur « sévère mais tout à fait remarquable », se souvient Serge Ferrand, qui fut son élève.

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Les Ménard habitaient au premier étage au-dessus de la mairie. (Photo : Ouest-France)


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Les noms de Roger et Madeleine Ménard figurent sur le mur des Justes parmi les Nations à Jérusalem. (Photo : DR)


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Au Mémorial de la Shoah à Paris sont conservées des archives attestant de la déportation des Juifs, dont Joseph Nabedrick. (Photo : DR)


Des cousins bretons

En 1942, Isidore Nabedrick arrive de Paris à Mauves-sur-Huisne, avec sa femme Hélène et sa fille Claudette. Tous trois cherchent un lieu plus sûr pour vivre. Le jeune dentiste souhaite exercer son métier, ce qui lui est impossible avec des papiers portant la mention « Juif ».

Lorsqu’il va se faire enregistrer à la mairie, comme la loi l’y oblige à l’époque, il croise le chemin de Roger Ménard.

Les Ménard sont des résistants. Le secrétaire de mairie obtient des faux papiers et Isidore ouvre un cabinet dentaire à Mauves. Seuls Roger et Madeleine savent que les Nabedrick sont juifs. Ils les présentent dans le village comme des cousins contraints de quitter la côte bretonne parce que les Allemands y bâtissent des fortifications. Cette version fait illusion.

Un toit salvateur

À Paris, le père d’Isidore, Joseph Nabedrick, est arrêté. Il part de Compiègne le 5 juin 1942, dans le convoi n° 2, à destination d’Auschwitz. Et n’en revient pas.

Il est alors décidé que les autres membres de la famille viendront à Mauves. Trop petite pour accueillir neuf personnes, la maison louée à quelques pas de l’habitation des Ménard est abandonnée au profit d’une autre, plus grande, à Courgeon.

Sous le même toit, vivent jusqu’à la Libération « Isidore, sa femme Hélène, ses enfants Claudette et Marc qui est né à Courgeon, énumère Serge Ferrand. Jeanne, notre grand-mère à Isidore et à moi, Yvonne, sa mère, Armand, son frère, notre cousine Claudine Neyman et moi-même. La smala s’est retrouvée là. » Les Ménard procurent faux papiers et cartes d’alimentation à tout le monde.

« Je jouais avec Serge »

« Isidore était d’une exceptionnelle gentillesse et notre famille était très unie, poursuit Serge Ferrand. Je n’ai pas été malheureux pendant cette période, seulement angoissé parfois. Nous étions toujours inquiets car nous savions que nous risquions d’être arrêtés. Mais ce n’était pas une obsession car nous ne voyions pas d’Allemands. »

Très amis, les Nabedrick et les Ménard « se rencontraient de temps en temps. On partageait des repas, se remémore Michel, le fils de Roger et Madeleine. Je jouais, surtout avec Serge. »

En 1942, ce dernier n’était qu’un petit garçon de 7 ans. Il reconnaît n’avoir « pas compris grand-chose » à ce qui se tramait. « On m’avait quand même dit d’avoir un sac à dos toujours prêt avec quelques affaires, mais rien de plus. »


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Une photo de Serge Ferrand enfant. Il a aujourd’hui 88 ans et vit à Nice. (Photo : DR)


« Un couple héroïque »


Après la Libération, chacun reprend le fil de sa vie. Les liens se sont défaits. Jusqu’au 19 juin 1997, quand une cérémonie de reconnaissance est organisée à la mairie de Tours par le comité français pour Yad Vashem. Les Ménard, Justes parmi les Nations, y sont décorés à titre posthume. « C’est à cette occasion que j’ai revu Michel, souligne Serge Ferrand. C’était étrange, j’avais quitté un minot, je retrouvais un homme un peu dégarni. »

Vingt-deux ans plus tard, avec, à n’en pas douter, une grande émotion, les deux octogénaires vont se revoir. À Mauves-sur-Huisne, cette fois, entourés de leurs proches. Et du sous-préfet, d’élus, d’un représentant de Yad Vashem, de villageois… Tous réunis samedi devant la demeure où vécut le « couple héroïque ». « Sans eux, insiste Serge Ferrand, je serais cendres parmi les cendres. »

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