On utilisait déjà des gobelets à usage unique il y a 3 500 ans

Au Royaume-Uni, le British Museum de Londres va bientôt exposer un gobelet en argile, à usage unique, vieux de 3 500 ans ! On en a découvert par milliers, sur l’île grecque de Crète. Ils étaient utilisés pour leur côté pratique et comme signe de richesse.



Un gobelet en argile de forme conique, plus large que haut. L’objet, vieux de 3 500 ans, a été retrouvé lors de fouilles archéologiques réalisées en Crète.

Il était utilisé par les Minoens, une civilisation antique qui a vécu sur l’île grecque entre 3100 et 1100 avant notre ère. Ce petit gobelet va bientôt être exposé au prestigieux British Museum de Londres, au Royaume-Uni, dans le cadre d’une exposition sur les déchets dans l’histoire.

Le rapport entre les déchets et ce gobelet ? Il s’agit d’un objet à usage unique. Les Minoens l’ont utilisé une seule fois, et puis ils l’ont jeté. Comme certains le font aujourd’hui avec des gobelets en carton ou en plastique.

Au fil des recherches et des fouilles archéologiques, des milliers de gobelets à usage unique de ce genre ont été retrouvés en Crète.

Un signe de richesse

Mais pourquoi les Minoens utilisaient-ils ces gobelets ? Comme aujourd’hui, c’était pratique : avec un objet à usage unique, pas besoin de faire la vaisselle, explique Julia Farley, l’une des curatrices du British Museum, à l’agence britannique Press Association.

Ce type de gobelets était utilisé par l’élite minoenne, en particulier lors des fêtes et autres banquets. Le gobelet à usage unique, c’était aussi une manière, pour les Minoens fortunés, de faire étalage de leur richesse, souligne-t-elle encore. Une façon de montrer qu’ils avaient les moyens de n’utiliser un verre qu’une seule fois seulement, puis de le jeter.

Le Palais de Cnossos, en Crète. L’un des plus célèbres sites minoens. (Photo : Louisa Gouliamaki / AFP)

L’enseignement à en tirer, c’est que « les êtres humains ont toujours produit des déchets, souligne Julia Farley. Nous utilisons des outils, nous portons des vêtements, et rien ne dure pour toujours. C’est dans notre nature même de produire des déchets... »

Moins nocif que le plastique, mais pas écolo non plus

Cela veut-il dire que les Minoens n’étaient pas particulièrement écolos ? « Couper des arbres, réduire le bois à l’état de charbon pour faire fonctionner des fours qui servent à cuire l’argile, cela génère beaucoup d’émissions de dioxyde de carbone », constate-t-elle.

La différence, c’est qu’aujourd’hui, l’échelle et les conséquences ne sont pas les mêmes. Les gobelets « jetables » des Minoens retrouvés par les archéologues se comptent en milliers, alors qu’aujourd'hui, rien qu’en France, 4,73 milliards de gobelets seraient jetés chaque année, selon un chiffre de l’Association santé environnement France relayé par l’hebdomadaire Le Point . Et, bien sûr, le plastique est bien plus nocif pour l’environnement que l’argile

L’histoire des gobelets à usage unique des Minoens rappelle celle d’une autre habitude de consommation qui semble à première vue très moderne mais qui existait déjà dans l’Antiquité : celle du fast-food. Pompéi, la cité brutalement ensevelie par une éruption du Vésuve en l’an 79 de notre ère aurait compté 80 établissements de restauration rapide. On y servait des lentilles, de la viande, du fromage, un vin chaud épicé…

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