LA SANDALETTE DE PLOUHA
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Emmitouflez-vous pour suivre cet événement particulier du 10 décembre 1879

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Message par Admin Jeu 10 Déc - 19:51

Record de -23,9°C à PARIS, à l’image d’un mois de décembre glacial
(D’après « Mémoires publiés par la Société centrale
d’agriculture de France » paru en 1881

et « Les grands froids » (par Émile Bouant) paru en 1880)

Après un mois de novembre plus froid que de coutume, la neige tombe sur une grande partie de l’Europe dans la nuit du 3 au 4 décembre 1879, la France demeurant recouverte tout le mois. Avec bientôt 35 centimètres à Paris et des gelées se succédant sans interruption jusqu’au 29, figeant eau et vin, les cours d’eau, Seine comprise, se font patinoires et font le bonheur des promeneurs et commerçants.

Du 1er au 29 décembre inclusivement, les gelées se succédèrent sans interruption, atteignant, pendant la nuit, les chiffres excessifs de -15°C, -18,2°C et -23,9°C les 8, 9 et 10 décembre ; de -15°C, -18,1°C les 16 et 17 ; de -15,9°C et -15,6°C les 27 et 28 ; ne s’élevant un peu au-dessus de zéro, dans le jour, que le 1er, le 6 et le 13 ; donnant enfin comme maxima diurnes les 9, 21 et 27, les chiffres de -9,9°C, -9,1°C, -9,7°C. Aussi la moyenne de ce terrible mois fut-elle de -6,8°C.

Sur une grande partie de l’Europe, la neige tomba dans la nuit du 3 au 4 décembre 1879 ; cette chute de neige fut suivie dans un grand nombre de régions, et principalement dans l’ouest de la France, d’une pluie glacée qui recouvrit tout d’une immense couche de verglas. Dans la nuit du 4 au 5, une effroyable tempête de neige, pendant laquelle tous les éléments semblaient déchaînés, vint cacher la glace qui recouvrait le sol et déterminer le rupture de nombreux arbres trop fortement chargés.

Sous l’action du verglas, toutes les maisons se recouvrirent d’un vernis luisant qui avait quelquefois plus d’un centimètre d’épaisseur, qui rendait les vitres presque opaques, et soudait si bien les fenêtres qu’on ne pouvait les ouvrir. Puis, quand vint l’ouragan, la neige, fine et sèche, pénétrait entre les ardoises des toits et remplissait les greniers les mieux clos.

Le journal La Nature fournit une description du verglas du 4 décembre 1879 à Nantes : « Le mercredi 3 décembre, dit-il, le ciel resta couvert, et la journée fut très froide ; vers sept heures du soir, la neige commença à tomber ; et le lendemain jeudi la terre en était complètement couverte. Mais, vers huit heures du matin, la neige se changea en une pluie glacée par un vent d’est assez violent et très froid. Dans la journée, la pluie se congelait en partie, se fixait aux divers objets qu’elle rencontrait, et formait bientôt une couche épaisse de verglas recouvrant toute la végétation. Vers le soir, sous le poids de la couche glacée, les branches d’arbres commencèrent à se rompre.

« Enfin, pendant la nuit, une tempête de neige, chassée par un fort vent d’est, vint encore aggraver la situation. Un grand nombre d’arbres surchargés par le verglas et la neige se brisèrent. Les ormes des promenades publiques et ceux bordant les routes, moins solidement charpentés, furent les plus maltraités. En général, les arbrisseaux et les arbres à basse tige résistèrent beaucoup mieux, parce que les stalactites de glace, en se soudant aux parties inférieures de la plante, consolidèrent les branches jusque sur le sol et empêchèrent leur rupture. Toute la plante était emprisonnée sous une charpente glacée, qui reliait et soudait toutes les branches et les feuilles entre elles.

La campagne de Nantes n’était pas seule éprouvée ; on écrivait, de Saint-Georges-sur-Loire, à l’Union de l’Ouest : « Une pluie glaciale est tombée toute la journée du 4, se congelant au fur et à mesure et, vers le soir, les arbres étaient revêtus d’une couche de verglas d’une épaisseur extraordinaire. De tous côtés on voyait les branches cédant sous ce poids énorme s’incliner vers la terre ; quelques-unes se brisaient ; cependant, si le temps restait calme, on pourrait espérer que le mal ne serait pas trop grand. »

Et le temps ne resta pas calme, la tempête ne tarda pas à se déchaîner. « Quelle nuit ! À chaque instant, au milieu des hurlements de la tempête, on entendait des décharges d’artillerie, suivies de véritables feux de file. C’étaient les chênes centenaires, les ormes, les frênes, qui s’abîmaient sous la rafale, tandis que les jeunes arbres se brisaient net par la moitié ! Vers le matin, le calme se rétablit ; mais le mal était fait, il dépassa même les prévisions. Le jour, en se levant, éclaira une scène de désolation. Le sol jonché de débris, les arbres déchirés, brisés de haut en bas, les peupliers surtout n’ayant plus de cime, plus de branches, nus comme des poteaux de télégraphe ; à moins de l’avoir vu, rien ne peut donner une idée de ce spectacle lamentable. Tous les parcs du pays, Serrant, l’Épinai, la Cauterie, la Bénaudière, le Pin, Laucran, le Chillon, etc., sont littéralement ravagés. Il faudra dix ans pour réparer le désastre d’une nuit, et encore bien des dégâts sont ils irréparables. »

Le verglas fut localisé, mais la neige couvrit une grande partie de l’Europe. « En même temps, une chute abondante de neige recouvrait la France, interrompant toutes les communications : aux environs de Paris, l’épaisseur de cette couche atteignit en moyenne vingt-cinq centimètres. La neige reprit un instant le 8, ajoutant une nouvelle couche de plus de dix centimètres à la première ; de sorte qu’il s’accumula sur le sol, du 4 au 8 décembre, une couche d’eau gelée qui, fondue, ne correspondait pas à moins d’un volume de quarante-cinq litres d’eau par mètre carré de surface. » Quoique cette abondance n’eut rien d’extraordinaire, elle suffit pour causer de graves accidents, tels que l’effondrement du marché Saint-Martin, et pour arrêter la circulation pendant plusieurs jours.

En province, la neige était par régions beaucoup plus abondante qu’à Paris. Dans le centre et le nord, elle atteignait une hauteur tout à fait insolite. À Joigny, dans l’Yonne, il y en avait plus de 50 centimètres. Dès le 1er décembre, il y en avait 30 centimètres dans les rues de Valenciennes, et il devait en tomber beaucoup encore. À Laval, on observait 50 centimètres de neige. À Bapaume, au milieu de décembre, il y eut en certains endroits 1m60 de neige : le courrier dut, au péril de sa vie, porter sur son dos le sac des dépêches. Près de Cambrai, des villages bloqués par les neiges demandèrent des secours et des vivres. Dans les Ardennes, des villages entiers furent ensevelis, et demeurèrent pendant plusieurs jours isolés du reste du monde, dans une détresse affreuse, sur le point de manquer complètement de pain. Les moulins ne pouvaient plus moudre, la farine manquait, tout gelait dans les maisons.

Dans certaines parties des Vosges, la neige, poussée par le vent, comblait les vallées, et s’amassait en masses de 10 mètres d’épaisseur. Sur divers points, nombre de gens étaient ensevelis sous la neige et périssaient misérablement. Les transports étaient devenus presque impossibles, et, près de Cambrai, les cultivateurs imaginaient d’employer des traîneaux grossiers pour leurs transports.

Dans les montagnes, au contraire, de même qu’il y avait peu de froid, il n’y avait guère de neige. Les habitants du Causse de Chanac étaient obligés, faute d’eau et de neige, de faire un très long parcours pour aller chercher dans le lit du Lot de gros blocs de glace qu’ils charriaient à la ferme, et qu’ils faisaient fondre au fur et à mesure pour les besoins du ménage et pour abreuver les bestiaux. Le 14 décembre, le général Nansouty télégraphiait plaisamment à un ami, du haut du pic du Midi : « Nous sommes en détresse ; nous ne trouverons bientôt plus assez de neige pour faire l’eau pour le thé et la soupe. Apportez-nous de la neige si Paris en a assez. »

C’est à la suite de cette grande chute de neige que se produisirent les froids extraordinaires de l’hiver. Les phénomènes de congélation de divers liquides, cités toujours par les historiens comme caractérisant les grands hivers, ont été observés alors dans un grand nombre de localités. L’eau, en maints endroits, s’est gelée au fond des puits ; l’eau-de-vie, exposée à l’air, s’est prise en une masse solide ; le vin a pu être coupé à la hache. À Verneuil, département de l’Eure, le vin gèle dans les caves, cinq cents bouteilles de vin sont brisées. Dans le Berry, au fond d’une cave bien close, plusieurs centaines de bouteilles de vins fins éclatent par l’effet de la gelée. Dans le département de Saône-et-Loire, tout gèle dans les maisons. Dans plusieurs départements, toutes les provisions qui n’étaient pas enfermées dans des caves très profondes étaient totalement perdues. Dans des chambres à feu, l’eau se gelait dans les carafes pendant la durée du repas. La rapidité de la congélation devenait extrême quand l’eau était placée à l’extérieur.

Un professeur au lycée d’Orléans profita de ces basses températures pour refaire l’expérience de William. Le 17 décembre, il remplit d’eau un obus de 95 millimètres de diamètre, qu’il plaça en plein air, et le lendemain le trouva cassé. Les vases rompus par suite de la gelée furent très nombreux, même dans les appartements qui semblaient le mieux à l’abri des accidents de cette nature. Le journal La Nature donna le curieux spécimen, d’après une photographie, d’un effet de congélation sur une bouteille contenant une solution faible de nitrate d’argent : le bouchon avait été soulevé, dans un placard de laboratoire, à une grande hauteur par une colonne de glace sortie du goulot.

Dès le début du mois de décembre, les fontaines publiques de Paris présentaient, par suite de la formation des glaces, l’aspect le plus agréable. Les lions de la fontaine Saint-Michel étaient notamment d’un magnifique aspect. Sur la place de la Concorde, les statues qui décoraient les fontaines étaient enveloppées dans d’immenses blocs de glaces dont elles formaient en quelque sorte le noyau.

Mais c’est surtout la prise des cours d’eau qui nous présente des faits dignes d’attention. Dès les premiers jours de décembre, toutes les rivières du nord et du centre de la France étaient couvertes de glaces épaisses. La congélation s’était produite, pour certaines rivières, précisément à l’époque de la chute des neiges, et il en était résulté des effets singuliers. À La Flèche, sur le Loir, la neige, chassée par le vent sur la glace encore très faible s’y était entassée en grande quantité. La glace, cédant sous le poids, ne tarda pas à s’enfoncer avec son fardeau, et la rivière se reprit par-dessus. Quinze jours après la neige était encore là. L’accumulation était telle qu’elle allait, sur les bords, jusqu’au fond, à plus d’un mètre. Cette neige était spongieuse : l’eau, à zéro degré, qui l’imprégnait, était impuissante à la fondre.

Le 8 décembre, la navigation de l’Escaut était interrompue. Bientôt la Seine et la Loire se prenaient dans toute leur étendue, puis la Saône et une grande partie du Rhône. Les plus anciens riverains n’avaient jamais vu autant de glace sur le Rhône : il était gelé d’une rive à l’autre sur une longueur de plus de 60 kilomètres à partir d’Arles. Sur le Lot, à Espalion, la glace avait 50 centimètres d’épaisseur ; la rivière avait été prise le 30 novembre, et le 22 janvier 1880, jour de la foire, tout le monde la traversait encore ; on y jouait aux quilles, on y faisait de la photographie. Le canal du Midi, de Toulouse à Cette, était entièrement gelé au commencement de décembre.

À mesure que le froid se prolongeait, l’épaisseur de la glace devenait plus grande, et on pouvait circuler librement sur les lacs et sur les fleuves. En certains points il y eut sur la Loire 70 centimètres de glace. À Vichy, sur l’Allier, les grosses voitures de roulage circulaient comme sur une route. À Mayence, sur le Rhin, les diverses corporations d’ouvriers installaient des ateliers. Un tonnelier, aidé de ses ouvriers, fabriquait, le jour de Noël deux grands tonneaux sur la glace ; ces tonneaux, destinés à un commerce de vins de Mayence, portent une inscription mentionnant le fait. En même temps, des maréchaux-ferrants, des cordonniers, s’établissaient sur le Rhin ; on installait une grande boucherie.
À Paris, dès la première quinzaine de décembre, de nombreux promeneurs ne tardaient pas à descendre sur la Seine, malgré la défense de l’autorité. La glace, qui atteignit bientôt, en tous points, plus de 40 centimètres d’épaisseur, aurait été capable de porter les plus grands fardeaux. Les glaces sur lesquelles se lancèrent les hussards de Pichegru, le 20 janvier 1795, pour aller prendre d’assaut la flotte hollandaise, n’étaient pas plus épaisses. Lorsque, en 1657, Charles X, roi de Suède, fit traverser la Baltique sur la glace à toute son armée ; lorsque, en 1458, une armée de quarante mille hommes campa sur le Danube, les glaces n’avaient pas non plus une solidité plus grande.

Aussi le jeudi, jour de Noël, la Seine était-elle couverte de patineurs dans la nuit, on y organisait une nombreuse promenade aux flambeaux. Pendant que la Seine était ainsi prise à Paris, les rues recouvertes d’une couche glissante de neige durcie, les promenades et surtout les transports de marchandises étaient devenus extrêmement difficiles. Aussi le patinage et la course en traîneaux prenaient une extension extraordinaire. Des commerçants avaient songé à faire leurs transports à l’aide de traîneaux, et les gens riches adoptaient, pour leurs promenades, ce mode de locomotion. Aux Champs-Élysées, on comptait un traîneau pour cinq voitures.

   La Seine gelée à Paris en décembre 1879.

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   Le déchargement des tombereaux de neige dans la Seine



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   en décembre 1879. Vue prise sur le Pont-Neuf.






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   À Paris, le marché Saint-Martin s’écroule sous le poids de la neige en décembre 1879.



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   La mer de glace sur la Saône à Lyon, l’hiver 1879-1880
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