Que faisaient les Américains de tous leurs morts pendant la Seconde Guerre Mondiale ? Les laissaient-ils sur place ou les renvoyaient-ils aux USA ?
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Que faisaient les Américains de tous leurs morts pendant la Seconde Guerre Mondiale ? Les laissaient-ils sur place ou les renvoyaient-ils aux USA ?
Au début de la seconde guerre mondiale, l'armée américaine n'avait pas réellement d'unités dédiées pour récupérer et enterrer les corps des hommes tombés au combat.
C'est une chose qui s'est mise en place dans le courant de la guerre. Jusque-là, les Américains chargeaient les aumôniers, les troupes du service médical et des soldats désignés sur le terrain, au coup par coup, pour s'occuper de la question des corps.
En prévision du grand nombre de victimes que l'ouverture du front en Normandie allait générer, les Américains ont créé des unités spéciales, dédiées à cette tâche, fin 1943: la 612, la 603, la 606, la 607, la 608 et la 3041.
Les soldats de ces unités n'ont pas été prévenus à l'avance qu'ils auraient cette fonction et ils n'avaient pas non plus le loisir de demander une autre affectation.
Personne ne voulant de ce travail, lorsque l'on y était affecté, il n'était pas possible d'y échapper.
Ces unités (baptisées Graves Registration Service ou GRS / Service des tombes), qui devaient récupérer les cadavres, les identifier et les enterrer, ont servi dans toutes les campagnes et tous les théâtres de la guerre, des petites îles du Pacifique au continent européen.
Depuis 1917, la tâche d'identifier les morts de l’armée américaine incombait au service d’enregistrement des tombes du Quartermaster Corps. La situation a donc changé début 1944, lorsque les unités dédiées sont entrées en action.
L'US Navy et le Marine Corps ont improvisé leurs propres procédures d'inhumation, mais l'armée - qui a subi près de quatre fois plus de morts que les Marines et la marine réunies - a pris la tête des opérations conjointes et a porté le poids de cette triste tâche.
Les soldats de ces unités ont suivi une formation spéciale leur apprenant à manipuler les cadavres, à se familiariser avec la vue de la mort et des corps abîmés, à construire des cimetières, avec des tombes et des croix en bois blanches. Pour les aider dans cette tâche un manuel spécial a été rédigé: le Manuel de terrain 10-63.
Ces soldats ont appris à utiliser les éléments disponibles sur le champ de bataille pour mener à bien leur mission, se servant par exemple des caissons de rations K pour faire des croix et des parachutes pour faire des linceuls.
Pour creuser les tombes, des ouvriers français ont été engagés après le débarquement, payés avec la "monnaie d'invasion" fraîchement imprimée.
Dans certains cas, notamment le nettoyage des plages du débarquement, la tâche des soldats de ces unités s'est avérée particulièrement ardue.
Des centaines de corps jonchaient les plages. La marée haute a ramené les cadavres à terre. La marée basse a révélé des hommes piégés sous les navires échoués et les obstacles de plage. Les "nettoyeurs" ont dû aller sous l'eau pour couper les cadavres emmêlés dans les hélices des péniches de débarquement. «La pire expérience que j'aie jamais vécue», selon John D. Little, soldat de la 607e...
Il y avait naturellement une composante crucial dans le travail de ces unités spéciales: le temps. Il fallait faire vite.
D'une part, car la vue des corps serait préjudiciable au moral des milliers de soldats qui passeraient sur ces lieux dans les heures suivantes.
D'autre part, pour des raisons d'assainissement, en particulier par temps chaud.
Les "nettoyeurs" se bourraient le nez de coton et portaient un foulard sur le visage pour ne pas sentir la pestilence.
Ils devaient en outre faire attention à éviter les infections et les intoxications par le sang, car ils finissaient souvent la journée couvert de sang. Ils devaient également se méfier des corps piégés, cadeaux que les Allemands ou les Japonais laissaient souvent derrière eux.
Lorsque de la main d'œuvre locale n'était pas disponible pour creuser des tombes, ou qu'il n'y avait pas de prisonniers allemands à utiliser, le travail était confié aux troupes afro-américaines…
Ces unités spéciales du GRS avaient aussi la tâche de parcourir les champs de bataille longtemps après les combats, en essayant de déterrer les corps ensevelis, soit par la terre que soulevaient les obus, soit parce que leurs camarades ne supportaient pas de les voir et les avaient enterré dans des fossés ou des tranchées.
L'identification des morts restait la partie la plus importante du travail du GRS, pour apporter une réponse définitive aux familles. Mais la chose n'était pas facile lorsque les corps se trouvaient dans un avion écrasé ou un char calciné. On ne retrouvait parfois qu'un anneau, des dents ou une plaque (dog tag) fondue et illisible.
Si les plaques d'identité (dog tag) manquaient, les hommes du GRS prenaient des empreintes des 10 doigts et préparaient un dossier dentaire.
Si les mains étaient en trop mauvais état, ils injectaient du liquide dans les doigts pour permettre d'obtenir des empreintes utilisables ou, dans les cas extrêmes, ils retiraient la peau du bout des doigts pour obtenir des empreintes.
Longtemps après la fin de la guerre, les Américains ont continué à chercher leurs morts, rapatriant une partie d'entre eux à la demande des familles (et aux frais du contribuable). 170 752 corps furent ainsi renvoyés aux USA pour y être enterrés.
Le reste des familles a cependant préféré que leurs défunts demeurent là où ils étaient tombés. 109 866 soldats américains sont donc restés dans des cimetières à travers le monde.
A cela, il faut ajouter 70 000 soldats dont on n'a jamais retrouvé le corps, ainsi que 10 356 dépouilles qui n'ont pas pu être identifiées.
Source:
https://history.army.mil/html/books/010/10-15/CMH_Pub_10-15.pdf
C'est une chose qui s'est mise en place dans le courant de la guerre. Jusque-là, les Américains chargeaient les aumôniers, les troupes du service médical et des soldats désignés sur le terrain, au coup par coup, pour s'occuper de la question des corps.
En prévision du grand nombre de victimes que l'ouverture du front en Normandie allait générer, les Américains ont créé des unités spéciales, dédiées à cette tâche, fin 1943: la 612, la 603, la 606, la 607, la 608 et la 3041.
Les soldats de ces unités n'ont pas été prévenus à l'avance qu'ils auraient cette fonction et ils n'avaient pas non plus le loisir de demander une autre affectation.
Personne ne voulant de ce travail, lorsque l'on y était affecté, il n'était pas possible d'y échapper.
Ces unités (baptisées Graves Registration Service ou GRS / Service des tombes), qui devaient récupérer les cadavres, les identifier et les enterrer, ont servi dans toutes les campagnes et tous les théâtres de la guerre, des petites îles du Pacifique au continent européen.
Depuis 1917, la tâche d'identifier les morts de l’armée américaine incombait au service d’enregistrement des tombes du Quartermaster Corps. La situation a donc changé début 1944, lorsque les unités dédiées sont entrées en action.
L'US Navy et le Marine Corps ont improvisé leurs propres procédures d'inhumation, mais l'armée - qui a subi près de quatre fois plus de morts que les Marines et la marine réunies - a pris la tête des opérations conjointes et a porté le poids de cette triste tâche.
Les soldats de ces unités ont suivi une formation spéciale leur apprenant à manipuler les cadavres, à se familiariser avec la vue de la mort et des corps abîmés, à construire des cimetières, avec des tombes et des croix en bois blanches. Pour les aider dans cette tâche un manuel spécial a été rédigé: le Manuel de terrain 10-63.
Ces soldats ont appris à utiliser les éléments disponibles sur le champ de bataille pour mener à bien leur mission, se servant par exemple des caissons de rations K pour faire des croix et des parachutes pour faire des linceuls.
Pour creuser les tombes, des ouvriers français ont été engagés après le débarquement, payés avec la "monnaie d'invasion" fraîchement imprimée.
Dans certains cas, notamment le nettoyage des plages du débarquement, la tâche des soldats de ces unités s'est avérée particulièrement ardue.
Des centaines de corps jonchaient les plages. La marée haute a ramené les cadavres à terre. La marée basse a révélé des hommes piégés sous les navires échoués et les obstacles de plage. Les "nettoyeurs" ont dû aller sous l'eau pour couper les cadavres emmêlés dans les hélices des péniches de débarquement. «La pire expérience que j'aie jamais vécue», selon John D. Little, soldat de la 607e...
Il y avait naturellement une composante crucial dans le travail de ces unités spéciales: le temps. Il fallait faire vite.
D'une part, car la vue des corps serait préjudiciable au moral des milliers de soldats qui passeraient sur ces lieux dans les heures suivantes.
D'autre part, pour des raisons d'assainissement, en particulier par temps chaud.
Les "nettoyeurs" se bourraient le nez de coton et portaient un foulard sur le visage pour ne pas sentir la pestilence.
Ils devaient en outre faire attention à éviter les infections et les intoxications par le sang, car ils finissaient souvent la journée couvert de sang. Ils devaient également se méfier des corps piégés, cadeaux que les Allemands ou les Japonais laissaient souvent derrière eux.
Lorsque de la main d'œuvre locale n'était pas disponible pour creuser des tombes, ou qu'il n'y avait pas de prisonniers allemands à utiliser, le travail était confié aux troupes afro-américaines…
Ces unités spéciales du GRS avaient aussi la tâche de parcourir les champs de bataille longtemps après les combats, en essayant de déterrer les corps ensevelis, soit par la terre que soulevaient les obus, soit parce que leurs camarades ne supportaient pas de les voir et les avaient enterré dans des fossés ou des tranchées.
L'identification des morts restait la partie la plus importante du travail du GRS, pour apporter une réponse définitive aux familles. Mais la chose n'était pas facile lorsque les corps se trouvaient dans un avion écrasé ou un char calciné. On ne retrouvait parfois qu'un anneau, des dents ou une plaque (dog tag) fondue et illisible.
Si les plaques d'identité (dog tag) manquaient, les hommes du GRS prenaient des empreintes des 10 doigts et préparaient un dossier dentaire.
Si les mains étaient en trop mauvais état, ils injectaient du liquide dans les doigts pour permettre d'obtenir des empreintes utilisables ou, dans les cas extrêmes, ils retiraient la peau du bout des doigts pour obtenir des empreintes.
Longtemps après la fin de la guerre, les Américains ont continué à chercher leurs morts, rapatriant une partie d'entre eux à la demande des familles (et aux frais du contribuable). 170 752 corps furent ainsi renvoyés aux USA pour y être enterrés.
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A cela, il faut ajouter 70 000 soldats dont on n'a jamais retrouvé le corps, ainsi que 10 356 dépouilles qui n'ont pas pu être identifiées.
Source:
https://history.army.mil/html/books/010/10-15/CMH_Pub_10-15.pdf
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