Pluvigner. Des containers maritimes pour maison

Philippe Doubier, à la tête de l'entreprise du même nom, utilise des containers maritimes pour la construction d'extension d'habitation. Impossible sous le bardage bois qu'il propose de deviner qu'une coque en acier se cache dessous.


Utiliser des containers maritimes pour construire des logements modulables : c'est la dernière innovation de l'entreprise en bâtiment Doublier, installée à Pluvigner. Ses dirigeants ont eu l'idée de recycler des containers utilisés dans le transport maritime, pour construire des extensions d'habitation à moindre coût. L'entreprise de bâtiment général Doublier installée depuis seize ans à Pluvigner ne connaît pas la crise. Comme antidote à la baisse d'activité enregistrée dans le bâtiment depuis plusieurs années, Philippe et David Doublier, les deux frères associés ont choisi d'innover et de se diversifier. Ils s'appuient sur une équipe de 25 salariés qui regroupe tous les métiers du bâtiment. Depuis 2008, la SARL familiale, installée à Bieuzy-Lanvaux, est montée en puissance. La petite entreprise de maçonnerie et de carrelage, propose à ses clients de réaliser des chantiers de A à Z et a vu son chiffre d'affaires augmenter fortement : 2,4 M € en 2015, alors qu'il n'était que de 1,5 M € en 2012. Pour répondre à ce plan de charge, il a fallu embaucher. « Cette année, notre chiffre d'affaires a augmenté de 30 %. On a investi sur l'humain. On embauche un corps de métiers par an : électricien, plombier, peintre, conducteur de travaux... et récemment on a complété avec un architecte d'intérieur. Nous sommes actuellement 25. C'est notre réponse à la crise », ajoute Philippe Doubier. La dernière innovation en date est l'aboutissement d'une idée qui a germé dans la tête de Fabien, le troisième frère Doubier de l'entreprise. Pour surfer sur la vague des matériaux recyclés, pourquoi ne pas utiliser des containers maritimes dans la construction d'extension de maison, a-t-il proposé à son frère. « Je lui ai dit : creuse ! », se remémore Philippe Doubier


Containers tracés

Le petit frère a déniché des sociétés qui commercialisaient des containers, à partir d'une plate-forme installée à Saint-Nazaire. Des récents, des plus anciens, tous tracés pour être certains qu'ils n'ont pas transportés de matières dangereuses. « On a beaucoup discuté », se souvient le chef d'entreprise. On a testé plein de solutions, avant de mettre au point une technique de production qui nous satisfaisait. On arrive avec une grande grue. On pose nos containers de 6 ou 12 mètres. On perce les ouvertures, on met un bardage bois, et on projette de la mousse de polyuréthane sur le sol et les murs pour l'isolation. Et après, c'est de la construction classique, avec des plaques de plâtres, peinture, plancher, VMC... Cette méthode d'isolation, est certifiée RT 2012, la réglementation thermique, qui permet de limiter la consommation d'énergie », précise-t-il. Prudents, les frères Doubier ont d'abord testé la méthode chez eux. Ils ont réalisé une extension de leurs bureaux de 26 m², en utilisant deux containers de 6 mètres. Impossible de deviner que sous le joli bardage en bois de l'extension se cache de l'acier qui a fait le tour des mers du monde.


Gain de temps

« L'énorme avantage de cette méthode, c'est le gain de temps, donc d'argent. Avec un toit plat, on arrive à 1.000 € du m² habitable. C'est 30 % moins cher, qu'une construction classique », explique Philippe Doubier. « On propose par exemple une maison de 105 m² habitable, de trois chambres, pour 107.000 €. Ce qui fait notre force, c'est de tout faire en interne. La seule chose que nous ne réalisons nous-même, c'est la projection de mousse. Il faut être agréé pour cela. Avec ce système, on peut proposer des modèles à l'infini ». L'entreprise réalise en ce moment, une extension de 50 m², réalisée avec deux containers de 12 m², sur une longère située entre Languidic et Landévant. Commencé, il y a cinq semaines, le chantier devrait être terminé dans moins d'un mois. L'entreprise prévoit dix réalisations à partir de containers en 2016 et le double en 2017.

Logements d'appoint modulables Pour compléter l'offre, les trois frères travaillent sur la production de logement d'appoint modulable. Des boîtes de 25 m² qui seraient fabriqués dans l'entreprise, à partir d'un container de 12 m et transportables par camion. « Il n'y aurait plus que les meubles à poser », explique Philippe Doubier. « Ça pourrait être utilisé par des mairies ou des collectivités locales, comme logements provisoires. Elles pourraient les mettre là où elles en ont besoin et les stocker ensuite. On peut tout imaginer ? », ajoute le chef d'entreprise qui reconnaît, aimer « faire fonctionner la boîte à idées