Saint-Brieuc. Six idées pour redynamiser une ville qui souffre
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Saint-Brieuc. Six idées pour redynamiser une ville qui souffre
Jean Viard, sociologue et économiste bien connu, a donné une conférence à Saint-Brieuc mercredi soir. Un puits de bonnes idées pour les chefs d’entreprise et les élus locaux.
« Je ne suis pas là pour vous dire ce qu’il faut faire à Saint-Brieuc. » Humble et optimiste, le chercheur Jean Viard était présent, mercredi, devant un pare-terre d’élus et d’entrepreneurs, pour donner des idées. Comment faire pour redynamiser une ville moyenne qui souffre ? Cette conférence, à l’initiative de Saint-Brieuc Entreprises, a rassemblé près de 200 à 300 personnes.
Connecter la ville à la métropole
« Les grandes métropoles sont les mines du XXIe siècle. Il y a tous ces cerveaux qui s’agitent à toute vitesse, embraye l’universitaire. Vous, vous ne serez jamais une métropole. Votre problème, c’est : comment je m’y branche ? Quels transports pour y aller ? » De ce côté-là, les collectivités locales ont la réponse. Dans un an, le TGV mettra Saint-Brieuc à 2 h 13 de Paris ! Mais l’effet peut-être pervers, explique Jean Viard : « Regardez Nancy : à l’arrivée du TGV, tout le monde était content. Au final, ce sont plutôt les Nancéens qui vont faire leurs courses à Paris plutôt que l’inverse… »
Le centre-ville, un lieu de rencontre
« Le cœur des villes est un vrai problème. La Caisse des dépôts met beaucoup d’argent pour tenter de les redynamiser. Il ne manque pas tellement d’argent mais de projets. Un cœur de ville est un lieu où l’on fait des rencontres. Pour ça, il faut de la jeunesse, des événements, c’est incontournable. »Concernant le commerce, « il n’y a pas de solution miracle, mais il faut des politiques foncières radicales ». Jean Viard prend l’exemple de centres-villes « qui sont possédés par des bourgeois qui vivent de leurs loyers et sont très peu innovants dans les politiques commerciales ». « La nouvelle économie doit venir en centre-ville », plaide le sociologue.
L’économie des start-up
La nouvelle économie, ce sont notamment les start-up. « Quand les entrepreneurs arrivent, si vous n’avez pas un local de 100 m² avec un secrétariat à leur proposer immédiatement, ils partent. Il faut avoir en permanence des lieux d’accueil disponibles et équipés. »
Selon Jean Viard, il faut multiplier les « open store », ces bureaux où des gens viennent travailler deux jours par semaine, pas loin de chez eux. « Bouygues généralise cela dans ses constructions. Ils les installent en pied d’immeuble. Et en plus, cela permet de remplir les rues. L’avenir du travail, c’est ça : un lieu à côté de chez soi. En plus, à Saint-Brieuc, vous ne manquez pas de commerces fermés. »
L’investissement étranger
« J’ai rencontré un maire qui se plaignait que son aéroport ait été racheté par des Chinois. Mais c’est une chance exceptionnelle ! Désormais, il y a des millions de Chinois qui connaissent cette ville. » Voilà une réponse aux détracteurs des investissements asiatiques dans le centre commercial Les Champs ou dans Manoir Industries.
« Dans un château à Chantilly, le propriétaire accueillait 300 Chinois par an. Comment a-t-il fait pour en attirer plus ? Il a embauché une Chinoise pour développer son entreprise. Puis, une série à l’eau de rose, très regardée là-bas, a tourné un épisode dans son château. L’année suivante, 15 000 Chinois sont venus. »
De l’importance du haut débit
« Aujourd’hui, le territoire n’a plus vraiment de sens. Quelqu’un peut dessiner des voitures pour un constructeur au Japon, au milieu d’un champ de patates en Bretagne. Le haut-débit généralisé, aujourd’hui, est un enjeu primordial et absolument décisif. »
Pas seulement pour l’économie. Mais aussi pour créer du lien entre les habitants : « Vos étudiants, quand ils passent leur bac, vous pouvez prendre les adresses mail. Puis, tous les deux mois, leur envoyer des infos sur la ville. Quand un type part faire sa vie, ça peut lui donner envie de revenir. 48 % des gens rêvent de prendre leur retraite dans la région de leurs vacances ou dans leur région d’origine. »
Nantes et l’art de vivre
Comment sortir du deuil industriel dans les territoires ? Cette question anime beaucoup la réflexion du chercheur. Mercredi soir, il a cité l’exemple de Nantes. « La mémoire industrielle était lourde après la fin des chantiers navals. Et bien, ils ont mis de la culture partout. Cela occupe l’espace et créé du lien social. Ils demandent à des artistes de dessiner des bancs publics. Ils mettent de la créativité dans le quotidien. La culture est là pour nous déranger, pour nous interroger. Il y a aussi, là-bas, des choses d’une banalité à pleurer qui fonctionnent très bien, comme les barbecues publics. »
« Les Français veulent de la nature, c’est pour ça qu’ils ont quitté les centres-villes pour la périphérie. Végétalisez », propose aussi Jean-Viard. Avant d’argumenter : « Auparavant, c’était la production de richesses qui structurait le territoire. Autour des entreprises, on construisait des routes, des écoles et des logements. Aujourd’hui, c’est l’inverse. C’est l’art de vivre qui aiguille le développement économique, qui attire les entreprises et les compétences. »
http://www.ouest-france.fr/bretagne/saint-brieuc-22000/saint-brieuc-six-idees-pour-redynamiser-une-ville-qui-souffre-4186058
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