Guingamp Château. « Les Guingampais vont être surpris »

Guingamp Château. « Les Guingampais vont être surpris »





Le château Pierre II de Guingamp va faire peau neuve. Après les aménagements intérieurs, c'est au tour de l'enceinte du bâtiment centenaire d'être passée au crible dès la fin février. Un lifting d'environ six mois qui ne devrait pas passer inaperçu. « C'est le cadeau de Saint-Valentin de la ville à son château », s'exclame Mona Bras, adjointe au maire chargée du patrimoine. Une déclaration d'amour de Guingamp à son histoire qui va en surprendre plus d'un. La façade du château Pierre II, aujourd'hui truffée de mauvaises herbes et de taches noires, va être entièrement remise à neuf. « L'enceinte n'a pas été nettoyée depuis cinq siècles. On va passer du tout au tout, et ça va sauter aux yeux des Guingampais », se réjouit Philippe Le Goff, maire de Guingamp. Cinq ou six mois de travaux seront nécessaires pour faire briller les imposants murs de ce château protégé et inscrit au patrimoine des Monuments historiques depuis 1926. Le jour et la nuit Sous le regard de la Drac (Direction régionale des affaires culturelles), l'entreprise Lefevre, spécialisée dans la restauration du patrimoine et qui a notamment travaillé au nettoyage de la cathédrale Notre-Dame-de-Paris, va mener à bien le projet. Micro-gommage à faible pression afin d'éliminer la saleté, défrichage des mauvaises herbes, renforcement des têtes de mur, et pose de joints pour endiguer une infiltration d'eau qui détériore le bâtiment depuis des années, la tâche sera conséquente. Pour Patrick Mouret, directeur de l'entreprise, « les délais devraient être respectés s'il n'y a pas trop d'intempéries dans les mois à venir ». Il faut dire que le chantier est vaste : 290 m de longueur sur 8 m de hauteur. Jolie vue et douce flânerie Cette remise à neuf s'inscrit dans la seconde phase de rénovation du château. Un plan en trois parties qui a démarré en 2013 avec la construction des palissades et du terrassement intérieur. Après le nettoyage des murs, une ultime phase sera lancée en 2016 qui finalisera les travaux avant l'accès au public. À terme, les piétons pourront se promener autour de l'enceinte, et admirer la vue depuis les remparts. Le lieu prendra vie avec un petit théâtre en pierre en forme d'agora qui accueillera diverses animations. Les curieux pourront également s'informer sur l'histoire du château grâce à une frise pédagogique. La visite sera gratuite et ouverte toute la journée. « Ce sera un coin sympathique et accessible depuis le centre-ville pour les Guingampais », souligne Philippe Le Goff. Tout devrait être terminé à l'horizon 2016. La porte d'entrée de Guingamp « Ce château est exceptionnel », rappelle l'édile. « Il s'agit des vestiges d'une succession de plusieurs époques différentes avec chacune ses spécificités ». En parcourant le terrain de 800 m² qui encercle la forteresse, on voit pas moins de trois ères : la mode féodale du XIe siècle, polygonale du XIIIe et les tours qui datent du XVe. Le château Pierre II est chargé d'histoire et d'architecture. Il a été reconstruit plusieurs fois, et était nettement plus imposant par le passé. D'où la volonté de la mairie d'investir dans ce patrimoine millénaire. Une visibilité qui a tout de même un coût. Environ 700.000 €. Amplement mérité pour le maire. « Ce château, c'est la porte d'entrée de la ville. Il est ancré dans le patrimoine de Guingamp, c'est la force du territoire ».

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A partir de 1420, Guingamp revient dans la mouvance ducale. La construction d'un nouveau château est lancée sans doute dès les années 1440. Les travaux de construction dureront plus de 30 ans, et ne seront jamais achevés. Les tours Sud et Est s'élevaient toutefois à plus de 20 mètres. La forteresse a été rasée en 1626 au niveau actuel sur ordre royale.







Le château construit au XVème siècle tient compte des progrès et du développement de l'artillerie à poudre. Son plan géométrique est très rigoureux. Il forme un carré cantonné dans chaque angle d'une cour circulaire. Les ouvertures de tir sont disposées de façon à couvrir l'ensemble des abords du château, selon un " plan de feu " élaboré par l'architecte/ingénieur.





Une porte s'ouvre au milieu de la muraille Sud-Est, côté Trieux. Cette ouverture munie d'un pont-levis, donnait probablement sur un ouvrage défensif secondaire, détaché du château. Cet ouvrage aujourd'hui disparu, est mentionné dans les archives sous le nom de " ravelin ". Il ne s'agit donc pas de l'entrée du château qui était probablement aménagée côté ville, dans la muraille Nord-Ouest.

L'analyse des maçonneries et la fouille des remblais du chantier du XVème siècle nous renseignent sur les étapes de la construction du château. La première étape consiste en l'implantation des fondations sur le rocher qui est aplani pour recevoir les blocs. La construction se déroule ensuite par tranches horizontales successives appelées " planées ". Côté extérieur, le mur présente un grand " appareillage " en pierre parfaitement taillées. Des signes sont parfois visibles sur les blocs. Il s'agit de signature des ouvriers, leur permettant de justifier de leur travail pour se faire rétribuer. La fouille a également permis de retrouver les implantations des machineries de bois utilisées pour lever les matériaux au sommet des tours et des murailles en construction.





Des pierres d'attente, visibles sur les murailles à l'intérieur du château, signalent l'ancrage des murs des logis prévus contre les courtines Nord-Ouest et Sud-Est. Aucune fondation n'a été observée lors de la fouille pouvant correspondre à ces logis qui n'ont donc jamais été réalisés.

La fouille du fossé Nord-Ouest a montré que son creusement est resté lui aussi inachevé. La base de la tour Nord n'a pas été dégagée totalement du rocher qui l'entoure et qui masque sa maçonnerie.

Deux raisons principales peuvent expliquer cet inachèvement :

- les tensions entre le duché de Bretagne et le Royaume de France vont amener très tôt les ducs à privilégier la fortification de la " Marche ", ligne de fortification entre la baie du Mont-Saint-Michel et la Loire. La position moins stratégique de Guingamp, combinée à l'assèchement important des finances ducales, a pu retarder les travaux.

- la contribution financière des Guingampais à la construction des fortifications a pu être négociée sous la forme d'un amoindrissement des défenses du château contre la ville. Cela pourrait expliquer l'arrêt du creusement du fossé et l'inachèvement de la tour Nord, qui ne comptait que deux niveaux au XVIème siècle.

(recherches archéologiques menées par l'INRAP - Institut National de Recherches Archéologiques Préventives).

Nota : les photos réalisées en 2010 par Roger Frey sont la propriété du site infobretagne.com.