Annuler ou non des festivités, un dilemme pour chaque maire

Matthieu Quiret Le 05/08 à 17:26Mis à jour à 20:30


La suppression de la braderie 2016 de Lille suite au drame de Nice renforce le camp des maires très prudents. D’autres communes comme Bayonne ou Lorient jugent l’enjeu local trop fort pour reculer



L'attentat de Nice n'en finit pas de plomber l'été des Français. Après des annulations de feux d'artifice en série, Martine Aubry, la maire (PS) de Lille, a décidé vendredi de supprimer l'édition 2016 de la braderie la plus grande d'Europe depuis le moyen-âge, qui se tient en septembre. La maire et le préfet qui avaient pourtant renforcé le dispositif de sécurité après le drame de Nice ont finalement décidé de jeter l'éponge, citant notamment « le fort volume de marchandises de toute nature », « la présence de nombreux véhicules avec essence » mais aussi « le risque que le moindre bruit ou mouvement de foule peut créer un effet de panique avec des conséquences graves. »

Martine Aubry s'est également retranché derrière les instructions de prudence du ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve données cette semaine. « Pour ce qui concerne les manifestations de l'été, une instruction extrêmement rigoureuse a été envoyée par mes soins aux préfets, définissant le niveau de discussions avec les communes pour assurer le bon déroulement des manifestations avec un haut niveau de sécurité » avait-il déclaré mercredi. Tout en ajoutant s'attendre à seulement quelques annulations « ponctuelles ».

Pas sûr que les annulations restent si « ponctuelles ». Ces derniers jours, les édiles ont montré des signes de fébrilité. La Baule, Cannes, Collioure, Aubagne ou Avignon ont renoncé à leurs feux d'artifice du 15 août, avec à chaque fois 30.000 à 100.000 visiteurs qui étaient attendus. D'autres événements en accès libre et en plein air ont fait les frais du terrorisme. C'est le cas des Plages musicales à Berck (Pas-de-Calais) qui concernaient moins de 10.000 personnes, de la fête des fleurs de Grasse ou encore de plusieurs nuits des étoiles. Les manifestations sportives ne sont pas épargnées. Pau avait prévu une « fan zone » pour diffuser les exploits en canoë-kayak des Français aux JO de Rio.


Pas de championnat d'Europe de cyclisme sur route


Ce vendredi soir, le maire LR de Nice Philippe Pradal a annoncé que le championnat d'Europe de cyclisme sur route, que sa ville devait accueillir du 14 au 18 septembre, avait été annulé pour des raisons de sécurité. "Etant donné qu'il s'agissait d'un événement consommateur important de forces de l'ordre, et dans la mesure où nous n'avons pas obtenu de garanties sur le déploiement de ces forces de l'ordre, le championnat d'Europe de cyclisme que Nice devait accueillir au nom de la France, est annulé", a-t-il expliqué.




Contrairement à la plupart des festivals qui peuvent continuer à se tenir dans des enceintes sécurisées, les événements qui se déroulent sur les voiries publiques sont plus anxiogènes pour les élus et les préfectures. Pourtant certaines villes préfèrent adopter une posture de fermeté face au terrorisme. C'est le cas de Bayonne qui organisait fin juillet sa traditionnelle féria avec un million de visiteurs en liesse parcourant la ville en tous sens. Même posture du dirigeant de la féria de Dax qui se tiendra dans quelques jours avec à peu près la même fréquentation. La capitale landaise a prévu 1.400 personnes affectées à la sécurité, dont 447 policiers municipaux et plus de 150 gendarmes et militaires. « Oui, il y a un risque, mais la vie doit continuer » justifiait à l'AFP cette semaine le maire Gabriel Bellocq (PS). La logique n'est pas toujours évidente : le spectacle du 13 août de la patrouille de France a été annulé à Marseille mais pas à Toulon. Enfin certaines villes reconfigurent leurs festivités. Paris a ainsi réduit la capacité de son festival de cinéma en plein air à La Villette tout en maintenant Paris-Plage, moyennant un filtrage intense des visiteurs.

Le gouvernement a promis de déployer sur le territoire, outre les 4.000 gendarmes disponibles, 10.000 soldats du dispositif Sentinelle, 12.500 réservistes de la gendarmerie.


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