LA SANDALETTE DE PLOUHA
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Les Bretons pendant la guerre 39-45

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Message par Admin Dim 12 Avr - 21:00

Les Bretons pendant la guerre 39-45 Auteur10



En 250 pages, au style incisif et percutant, illustrées de cartes et photos captivantes, l'historien Christian Bougeard a réalisé une brillante synthèse de l'histoire de « La Bretagne, de l'Occupation à la Libération » (*), sans éluder les zones d'ombre. Pourquoi avez-vous écrit cet ouvrage ? Jusqu'alors, il n'existait pas de synthèse sur cette période, en Bretagne. Là, il s'agit de 40 années de travaux, les miens et ceux de collègues universitaires et d'étudiants. J'ai voulu faire un ouvrage accessible à tout public en donnant l'état du savoir pour permettre à chacun de réfléchir et de juger. Des « révélations » ? Pas vraiment. En revanche, j'ai rééquilibré les choses entre les mouvements de la Résistance : France Libre et Résistance intérieure. Pendant longtemps, on a travaillé sur l'une ou l'autre et plutôt sur la Résistance intérieure, en négligeant la contribution des Bretons à la France Libre. Or, beaucoup de jeunes sont partis rejoindre De Gaulle, particulièrement en Basse-Bretagne et sur le littoral. Ce qui n'enlève rien à la Résistance intérieure. Quel était l'état d'esprit des Bretons pendant la guerre ? Il y a eu un rejet immédiat de l'Occupation. Les Bretons étaient résolument anglophiles et gaullistes, même après Mers el-Kébir. Ce qui n'empêchait pas, au début, d'être maréchaliste. Dans les mémoires, il y avait les morts de 14-18, sans compter le poids des prisonniers de guerre, trop souvent oublié : 137.000 Bretons ! Les Bretons ont-ils souffert de l'occupant ? J'insiste sur la dimension répressive de l'Occupation, surtout à partir de 43 où il y a eu beaucoup de fusillés. Et ce, pas uniquement du fait de la Gestapo mais aussi de l'armée allemande qui a abattu beaucoup d'otages en se repliant sur Brest et Lorient. En marge de l'espoir ou de la joie, la Libération a aussi été marquée par la souffrance et le deuil pour des familles. L'épuration a-t-elle été violente en Bretagne ? Le phénomène a été particulièrement important. 594 exécutions sommaires extrajudiciaires ont été commises, soit 6,6 % du total en France (alors que les Bretons représentaient 5,5 % de la population française). On relève une corrélation étroite avec la géographie de la carte des maquis qui ont été attaqués et détruits par les Allemands. 80 % de ces exécutions ont ainsi ont eu lieu avant août 44. Par ailleurs, 36 hommes ont été fusillés après la Libération après procès. À noter que quelques condamnés à mort par contumace ont été rejugés plusieurs années après et ont, pour la plupart, bénéficié d'une relaxe ou d'un non-lieu. Par ailleurs, les lois d'amnistie de 1951 et 1953 ont permis à de nombreux « épurés » de reprendre leur carrière. Les femmes en ont-elles été particulièrement victimes ? Les femmes représentent un tiers des exécutions sommaires, soit pour collaboration économique, soit pour collaboration dite « horizontale ». 300 tontes de femmes - c'est un minimum - ont également été recensées. Cela peut paraître aberrant, aujourd'hui, mais il faut se replacer dans le contexte de l'époque. Un rapport avec un Allemand était considéré comme une dénonciation de maquisards. Quel a été le poids réel des collaborationnistes ? Il ne faut pas en ajouter : les faits sont là. La Bezenn « Perrot » comptait un peu plus de 70 hommes. Cette milice était une émanation du Parti national breton - instrumentalisé par les Allemands contre Vichy -, rejeté unanimement par la population dès 1940. Après le départ des ultras, arrivent des gens plus « modérés », issus du Bleun Brug, créé par l'abbé Perrot. Pro allemand en 1942, le PNB prend ses distances en 1943. C'est alors que les « durs », menés par Célestin Lainé créent la milice « Perrot », au corps défendant de l'abbé, exécuté par la Résistance. En 44, ces hommes se réfugient en Allemagne où ils essaient de créer un nouveau parti breton. Les Bretons ont-ils pesé dans la reconstruction ? Les trois ministres bretons du gouvernement De Gaulle - René Pléven, Pierre-Tanguy Prigent et Henri Teitgen - ont joué un rôle important dans la reconstruction de la démocratie. * Presses universitaires de Rennes, 39 €.

© Le Télégramme - Plus d’information sur http://www.letelegramme.fr/bretagne/livre-les-bretons-pendant-la-guerre-39-45-07-12-2014-10452593.php

EN COMPLEMENT

Une Histoire, des Résistances L'un des multiples intérêts du livre de Christian Bougeard est de mettre en lumière l'impact des divers mouvements de Résistance en Bretagne. Du fait de l'enjeu stratégique de la Bretagne, les réseaux de renseignement et d'évasion ont joué un rôle considérable, comme le fameux réseau Shelburn. En ce qui concerne l'action directe, les FTP (Francs-tireurs partisans), branche armée du Front national, créé par les communistes en 1941, étaient particulièrement actifs en Basse-Bretagne. « Il ne faut toutefois pas réduire ce mouvement au Parti communiste. Certains cadres étaient socialistes, tel Jean Devienne dans les Côtes-du-Nord », précise l'historien. « Ceci étant dit, la forte présence des FTP explique la force du PC, en Centre-Bretagne, dans les élections d'après-guerre ». De toutes classes, sociales Quant à l'Armée secrète, créée en 1943 sous l'impulsion de Londres, via Libération Nord (Socialistes et SFIO) et Défense de la France (démocrates chrétiens), elle avait pour but de préparer à une action militaire organisée à la Libération. À partir de février 44, les uns et les autres ont fusionné au sein des FFI. En pratique, les tensions étaient nombreuses dues à des rivalités d'hommes et de stratégies : « L'arrivé des SAS rescapés de l'attaque des bases de Saint-Marcel et de Duault a parfois compliqué la situation car ils prenaient le commandement des maquis, au profit de l'efficacité militaire ». Toutes les classes sociales ont oeuvré dans la Résistance même si les ouvriers et les professions libérales étaient surreprésentés. « La fonctionnalité primait selon le degré d'utilité pour la Résistance. Ainsi, les agriculteurs sont quasiment absents jusqu'à la création des maquis ». « Au niveau des générations, s'engageaient, soit de très jeunes gens, soit d'anciens combattants de 14-18 qui avaient de 40 à 50 ans. Les femmes ont aussi joué un rôle essentiel. Leur présence est sous-évaluée (10 à 12 %) car beaucoup de résistantes n'ont pas demandé la carte de combattant volontaire de la Résistance après-guerre. D'une façon générale, les conditions d'obtention de cette carte étaient draconiennes : une demande sur deux était refusée ».
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