Brimades racistes, humiliations...
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Brimades racistes, humiliations...
Publié le 22/01/2017 à 19:44
Brimades racistes, humiliations : les employés d'Auchan City témoignent
magasin Auchan City de Tourcoing accumule les scandales (image d'illustration). ((Sipa))
Après qu'une caissière a fait une fausse couche sur son lieu de travail, accusant sa direction de négligence, "l'Obs" a recueilli les témoignages d'autres salariés de ce supermarché de Tourcoing, qui ont saisi l'inspection du travail.
article nouvel obs
http://tempsreel.nouvelobs.com/societe/20170121.OBS4142/brimades-racistes-humiliations-les-employes-d-auchan-city-temoignent.html
La première fois que le coordinateur l’a appelé "Singe-man", "pour rigoler", Farid, 27 ans, s’est forcé à sourire. L’employé de supermarché, affecté à la boulangerie, venait d’être embauché à l’Auchan City de Tourcoing (Nord). "Je n’ai pas osé le prendre mal". Mais ensuite, de "Singe-man", on est passé à "macaque" puis "bonobo", "plusieurs fois par jour".
Lorsqu’il décide de se syndiquer, en janvier 2015, pour se "protéger", les choses ont empiré : Farid écope toujours des semaines les plus longues, des week-ends travaillés au-delà du quota annuel.
"En plus de ça, j’étais jamais assez rapide pour eux, mes coordinateurs me demandaient toujours plus que les autres."
Plus tard, quand il informe ses supérieurs de son mariage et demande à poser une semaine de congés, légale, c’est sa manager qu’il entend râler, que "son mariage, c’est pour les papiers". En mars 2016, "à bout", Farid décide de saisir l’inspection du travail puis dépose une plainte, en novembre 2016 pour "harcèlement", "diffamation" et "injure à caractère racial".
"Sale arabe"
Le délégué CGT du magasin, Habib Hamdoud, affecté aux "liquides", en cave, a lui-aussi porté plainte au pénal pour "harcèlement moral et discriminations et injures à caractères raciales". Dans son procès-verbal, que "l’Obs" a pu consulter, l’homme de 37 ans accuse sa hiérarchie de l’avoir surnommé le "terroriste", entre autres vexations, intimidations comme ce jour où, "Romain D., dans la réserve, [lui] a dit : 'Si tu continues à faire le malin, on va te mettre une fiche S'".
Des sous-entendus lourds de connotations attestées par le témoignage d’un de ses collègues qui affirme avoir entendu l’un de ses supérieurs lui lancer : "Je suis pas raciste, moi, sale arabe". Mohamed*, 46 ans, un ancien agent de sécurité employé par Auchan pendant deux ans, explique, lui-aussi, avoir entendu des remarques discriminantes, comme ce directeur technique qui lui a dit un jour : "Moi je suis chez toi, toi t’es pas chez toi".
"Un jour, mon chef m’a demandé de surveiller le délégué syndical de la CGT pour lui trouver des fautes. Je lui ai répondu que j’étais pas là pour ça".
Le jour où Mohamed décide de se syndiquer (à la CFDT), les choses ont, là encore, empiré. "Ma hiérarchie a fini par monter un dossier contre moi pour me licencier et je vais aujourd’hui les poursuivre aux prud'hommes". Le 3 octobre 2016, Mohamed a lui-aussi déposé une plainte pour "dénonciations calomnieuses".
Fausse couche et négligences
Mais que se passe-t-il à Auchan City Tourcoing ? En août dernier, une caissière avait été licenciée après une erreur de caisse de 85 centimes d’euro, avant d’être finalement mutée dans un autre magasin. Le 22 novembre, Fadila*, une jeune femme de 23 ans, employée comme hôtesse de caisse, a fait une fausse couche suivie d’une hémorragie grave, laissant son siège de caissière en sang devant les clients horrifiés.
L’inspection du travail a été saisie en décembre et le 10 janvier, une plainte contre X pour "non assistance à personne en danger" et "mise en danger de la vie d’autrui", avec constitution de parties civiles a été déposée au parquet de Lille. Dans un communiqué, David Guilly, directeur général d’Auchan City, a précisé qu’ "il n’y a eu aucune faute ou erreur de la part de la hiérarchie du magasin le 22 novembre ou les jours précédant cet événement dramatique". Pourtant, selon son avocat Me Ioannis Kappopoulous, "Auchan City, en ne programmant pas de visite médicale après l’annonce de la grossesse de son employée, a failli à son obligation de sécurité".
L'employée a même été sanctionnée : dans son dernier bulletin de salaire, que "l’Obs" a pu consulter, une semaine de travail effectif lui a été retenue, sans aucune justification. Pour finir, après l’hospitalisation de leur employée, ses employeurs ont mis un mois et demi pour déclarer l’accident de travail, ce qui a retardé l’indemnisation de l’hôtesse par la sécurité sociale.
Une négligence que le responsable de la communication du groupe Auchan explique par "un dysfonctionnement administratif". La jeune femme, qui souffrait d’importantes nausées, avait demandé à plusieurs reprises à sa manager la possibilité d’avoir des horaires de pauses aménagées. En vain.
"C'était trop tard"
"Du coup, je mâchais du chewing-gum pour me passer l’envier de vomir, et quand ça venait, j’avalais, confie-t-elle à "l'Obs"."
Le 22 novembre, prise de douleurs importantes, elle explique avoir tenté, à quatre reprises au moins, d’alerter ses collègues, par téléphone, qu’elle allait faire un malaise, "mais ils étaient tous trop occupés pour me répondre". "Lorsque les pompiers sont arrivés, c’était déjà trop tard. Personne d’Auchan ne m’a accompagnée à l’hôpital, seulement l’homme chargé de la sécurité de la galerie qui avait appelé les secours pour moi".
Le lendemain, après avoir passé la nuit à l'hôpital, la jeune femme a prévenu sa hiérarchie qu'elle n'allait pas pouvoir être présente le jour même. "Au téléphone, ils m'ont rien dit, à part de penser à récupérer mon justificatif d'arrêt maladie".
* Les prénoms ont été modifiés.
UNE HONTE CE TYPE DE MANAGER .
Brimades racistes, humiliations : les employés d'Auchan City témoignent
magasin Auchan City de Tourcoing accumule les scandales (image d'illustration). ((Sipa))
Après qu'une caissière a fait une fausse couche sur son lieu de travail, accusant sa direction de négligence, "l'Obs" a recueilli les témoignages d'autres salariés de ce supermarché de Tourcoing, qui ont saisi l'inspection du travail.
article nouvel obs
http://tempsreel.nouvelobs.com/societe/20170121.OBS4142/brimades-racistes-humiliations-les-employes-d-auchan-city-temoignent.html
La première fois que le coordinateur l’a appelé "Singe-man", "pour rigoler", Farid, 27 ans, s’est forcé à sourire. L’employé de supermarché, affecté à la boulangerie, venait d’être embauché à l’Auchan City de Tourcoing (Nord). "Je n’ai pas osé le prendre mal". Mais ensuite, de "Singe-man", on est passé à "macaque" puis "bonobo", "plusieurs fois par jour".
Lorsqu’il décide de se syndiquer, en janvier 2015, pour se "protéger", les choses ont empiré : Farid écope toujours des semaines les plus longues, des week-ends travaillés au-delà du quota annuel.
"En plus de ça, j’étais jamais assez rapide pour eux, mes coordinateurs me demandaient toujours plus que les autres."
Plus tard, quand il informe ses supérieurs de son mariage et demande à poser une semaine de congés, légale, c’est sa manager qu’il entend râler, que "son mariage, c’est pour les papiers". En mars 2016, "à bout", Farid décide de saisir l’inspection du travail puis dépose une plainte, en novembre 2016 pour "harcèlement", "diffamation" et "injure à caractère racial".
"Sale arabe"
Le délégué CGT du magasin, Habib Hamdoud, affecté aux "liquides", en cave, a lui-aussi porté plainte au pénal pour "harcèlement moral et discriminations et injures à caractères raciales". Dans son procès-verbal, que "l’Obs" a pu consulter, l’homme de 37 ans accuse sa hiérarchie de l’avoir surnommé le "terroriste", entre autres vexations, intimidations comme ce jour où, "Romain D., dans la réserve, [lui] a dit : 'Si tu continues à faire le malin, on va te mettre une fiche S'".
Des sous-entendus lourds de connotations attestées par le témoignage d’un de ses collègues qui affirme avoir entendu l’un de ses supérieurs lui lancer : "Je suis pas raciste, moi, sale arabe". Mohamed*, 46 ans, un ancien agent de sécurité employé par Auchan pendant deux ans, explique, lui-aussi, avoir entendu des remarques discriminantes, comme ce directeur technique qui lui a dit un jour : "Moi je suis chez toi, toi t’es pas chez toi".
"Un jour, mon chef m’a demandé de surveiller le délégué syndical de la CGT pour lui trouver des fautes. Je lui ai répondu que j’étais pas là pour ça".
Le jour où Mohamed décide de se syndiquer (à la CFDT), les choses ont, là encore, empiré. "Ma hiérarchie a fini par monter un dossier contre moi pour me licencier et je vais aujourd’hui les poursuivre aux prud'hommes". Le 3 octobre 2016, Mohamed a lui-aussi déposé une plainte pour "dénonciations calomnieuses".
Fausse couche et négligences
Mais que se passe-t-il à Auchan City Tourcoing ? En août dernier, une caissière avait été licenciée après une erreur de caisse de 85 centimes d’euro, avant d’être finalement mutée dans un autre magasin. Le 22 novembre, Fadila*, une jeune femme de 23 ans, employée comme hôtesse de caisse, a fait une fausse couche suivie d’une hémorragie grave, laissant son siège de caissière en sang devant les clients horrifiés.
L’inspection du travail a été saisie en décembre et le 10 janvier, une plainte contre X pour "non assistance à personne en danger" et "mise en danger de la vie d’autrui", avec constitution de parties civiles a été déposée au parquet de Lille. Dans un communiqué, David Guilly, directeur général d’Auchan City, a précisé qu’ "il n’y a eu aucune faute ou erreur de la part de la hiérarchie du magasin le 22 novembre ou les jours précédant cet événement dramatique". Pourtant, selon son avocat Me Ioannis Kappopoulous, "Auchan City, en ne programmant pas de visite médicale après l’annonce de la grossesse de son employée, a failli à son obligation de sécurité".
L'employée a même été sanctionnée : dans son dernier bulletin de salaire, que "l’Obs" a pu consulter, une semaine de travail effectif lui a été retenue, sans aucune justification. Pour finir, après l’hospitalisation de leur employée, ses employeurs ont mis un mois et demi pour déclarer l’accident de travail, ce qui a retardé l’indemnisation de l’hôtesse par la sécurité sociale.
Une négligence que le responsable de la communication du groupe Auchan explique par "un dysfonctionnement administratif". La jeune femme, qui souffrait d’importantes nausées, avait demandé à plusieurs reprises à sa manager la possibilité d’avoir des horaires de pauses aménagées. En vain.
"C'était trop tard"
"Du coup, je mâchais du chewing-gum pour me passer l’envier de vomir, et quand ça venait, j’avalais, confie-t-elle à "l'Obs"."
Le 22 novembre, prise de douleurs importantes, elle explique avoir tenté, à quatre reprises au moins, d’alerter ses collègues, par téléphone, qu’elle allait faire un malaise, "mais ils étaient tous trop occupés pour me répondre". "Lorsque les pompiers sont arrivés, c’était déjà trop tard. Personne d’Auchan ne m’a accompagnée à l’hôpital, seulement l’homme chargé de la sécurité de la galerie qui avait appelé les secours pour moi".
Le lendemain, après avoir passé la nuit à l'hôpital, la jeune femme a prévenu sa hiérarchie qu'elle n'allait pas pouvoir être présente le jour même. "Au téléphone, ils m'ont rien dit, à part de penser à récupérer mon justificatif d'arrêt maladie".
* Les prénoms ont été modifiés.
UNE HONTE CE TYPE DE MANAGER .
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