Le Radar de 1925
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Le Radar de 1925
1925 : la préfecture de police s’apprête à mettre en place un dispositif pour le moins rudimentaire de contrôle de la vitesse des automobiles dans la capitale, suite à la décision du Comité de la circulation
La décision prise mercredi par le Comité de la circulation a jeté la consternation chez les conducteurs d’automobiles. Nous sommes allés demander à la préfecture de police la façon dont seraient relevées les infractions à la limitation de la vitesse.
— Toucher à la vitesse, avons-nous dit à notre interlocuteur, c’est toucher à la déesse du jour que nous adorons tous, selon nos moyens, à l’allure du pas gymnastique, du tramway au ralenti ou du cent à l’heure… La Vitesse (je n’ose plus écrire ce mot qu’avec un grand V)… vous allez la réduire à rien !
— Tant pis pour elle ! C’est une déesse à qui l’on fait trop de sacrifices… humains. Je bouscule l’idole. Désormais, toute vitesse qui dépassera pour l’auto, quarante à l’heure sera réputée dangereuse…
—Et comment saura-t-on qu’une voiture dépasse quarante à l’heure ?
— Nos agents auront des montres à secondes, à l’aide desquelles ils calculeront le temps passé à couvrir un trajet de longueur connue. Un coup d’œil sur la montre, un autre sur le barème, un troisième sur le numéro de l’auto… Et voilà une contravention imposée suivant des constatations mathématiques, chronométriques.
— On ne pourra plus dire qu’il n’y a pas d’heure pour les braves ; mais jusqu’à présent, il n’y avait donc rien de mathématique en ce qui concerne la limitation de vitesse ?
— L’article 7 disait seulement que chaque conducteur doit rester maître de sa vitesse. C’était bien vague, car, lorsqu’il perdait le contrôle de sa vitesse, on ne pouvait s’en apercevoir qu’en cas d’accident. Il était prescrit aussi de ralentir aux carrefours ; mais si l’on va trop vite aux carrefours, c’est que l’on y arrive trop vite.
Certes, des difficultés d’application se dressent : c’est la nuit que, par suite des excès de vitesse, se produisent les plus graves accidents ; or, c’est la nuit que les constatations seront les plus difficiles.
— Y a-t-il d’autres grandes villes où la vitesse des autos soit limitée ?
— A Londres, on ne doit pas dépasser 36 à l’heure ; à New-York 38. Dans toutes les grandes villes de France des arrêtés municipaux modèrent l’ardeur des automobilistes. Paris seul échappait à la règle.
— Votre projet n’a-t-il pas rencontré de graves objections ?
— La plus sérieuse est celle-ci : « la limitation de la vitesse peut ralentir l’écoulement du flot. » Mais à quarante à l’heure le défilé n’est-il pas assez rapide ? Il faut tout de même penser aux piétons ! A certains endroits, il leur est impossible de traverser !…
(D’après « Le Petit Journal », paru en 1925)
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