Vaisselle jetable : l’interdiction du plastique vire au casse-tête pour les industriels
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Vaisselle jetable : l’interdiction du plastique vire au casse-tête pour les industriels
Marion Kindermans Le 07/06 à 06:00Mis à jour à 09:24
La vaisselle jetable est produite par des PME nationales qui emploient quelque 650 salariés. « Passer à la vaisselle en papier ou carton, c'est risquer d'importer de Turquie ou d'Asie », alerte un responsable de la Fédération de la plasturgie. - Photo Lanier/REA
Dans la foulée des sacs de caisse, la vente de gobelets, verres et assiettes en plastique sera interdite en 2020. Les entreprises dénoncent une mesure impossible à appliquer en raison de « l’absence de matières de substitution ».
Interdire la vaisselle plastique à usage unique, une fausse bonne idée ? Dans la foulée de la fin des sacs plastique, décidée par la loi sur la transition énergétique de juillet 2015, un décret du 30 août 2016 a fixé les contours de la mort programmée de la vaisselle jetable. A partir du 1er janvier 2020, les gobelets, les verres et les assiettes de cette catégorie - mais pas les couverts - seront interdits dans le commerce, sauf s'ils sont compostables en compostage domestique. Ils devront aussi être fabriqués à 50 % au moins avec des matières biosourcées en 2020 et à 60 % en 2025 (bambou, fibre de maïs...).
Fini les pique-niques impromptus entre amis ? Quid des gobelets utilisés dans les fontaines d'eau des entreprises ou sortis des distributeurs de la machine à café ? Comment feront les hôpitaux ou les prisons qui choisissent la vaisselle jetable pour des questions d'hygiène ou de sécurité ? Si les professionnels se sont peu ou prou ralliés à la fin des sacs plastique - entrée en vigueur en juillet 2016 pour les sacs de caisse et en janvier 2017 pour les fruits et légumes - et dont le bilan est plutôt positif, il en va tout autrement pour la vaisselle. « Cette réglementation est un copier-coller de la loi sur les sacs plastique, alors que dans l'usage cela n'a rien à voir. Un sac est fin, il ne contient que des solides, en revanche le gobelet doit être plus épais, il contient du liquide et donc les propriétés physiques des matières ne le rendront pas compostable à domicile », affirme Emmanuel Guichard, directeur général d'Elipso, qui regroupe les fabricants d'emballages plastique rigides et souples, plutôt favorable à la législation sur les sacs plastique. « L'intention est bonne mais la mise en oeuvre impossible », résume, perplexe, Christophe Doukhi-de Boissoudy, directeur général de Novamont, leader des matières bioplastiques. La raison est simple : il n'existe pas pour l'instant de matière capable de remplir à la fois les exigences de praticité (solidité, étanchéité) et de compostage domestique, c'est-à-dire capable de se dégrader rapidement.
Importation
Le plastique, léger et résistant à l'eau, n'est pas si facile à remplacer. Une impasse technique donc et « un challenge irréalisable pour les entreprises », dénonce Christophe Doukhi-de Boissoudy.
Par ailleurs, si la limitation des sacs plastique visait à relocaliser en France une filière qui était en grande partie fabriquée en Asie, il n'en est pas de même pour la vaisselle jetable produite par des PME nationales ( Flo Europe, Lariplast, Guillin...) qui emploient quelque 650 salariés. Les industriels, emmenés par l'entreprise Flo Europe qui s'est très vite mobilisée il y a deux ans lors des débats à l'Assemblée, s'inquiètent. « Les plus menacés sont ceux qui sont monoproduit, fabriquent à bas coût et en grand volume pour la grande distribution », lâche un proche du dossier. Tiffany a mis la clef sous la porte en septembre 2016. Pour les entreprises positionnées sur le haut de gamme, avec des matières biosourcées, ou sur le secteur traiteur, qui n'est pas concerné car il relève des emballages alimentaires, l'avenir est moins sombre. « En même temps, les matières en bambou ou en fibres ne sont pas la panacée, elles sont plus chères pour le consommateur et moins résistantes à l'eau », tempère Emmanuel Guichard. « Passer à la vaisselle en papier ou carton, c'est risquer d'importer de Turquie ou d'Asie », alerte aussi Marc Madec, de la Fédération de la plasturgie.
Chaque année en France, 4,73 milliards de gobelets en plastique sont jetés, selon l'Association santé environnement France (Asef), soit 150 par seconde. Et seuls 1 % de ces gobelets sont recyclés en raison de leur composition complexe. La mesure d'interdiction est fondée sur des raisons environnementales et de santé publique. Ce qui fait dire à Jean Lefèvre, porte-parole de l'Asef, que « cette loi est une bonne chose car elle oblige les industriels à trouver des solutions, c'est une stimulation à l'innovation, même s'il faut renforcer la collecte et le recyclage ». Une poignée d'entreprises se sont positionnées sur le recyclage - Lemon Tri, Canibal, Elise, ou Les Joyeux Recycleurs. Une niche encore timide.
@MaKindermans
https://www.lesechos.fr/pme-regions/actualite-pme/030343227920-vaisselle-jetable-linterdiction-du-plastique-vire-au-casse-tete-pour-les-industriels-2092287.php#xtor=CS1-25
La vaisselle jetable est produite par des PME nationales qui emploient quelque 650 salariés. « Passer à la vaisselle en papier ou carton, c'est risquer d'importer de Turquie ou d'Asie », alerte un responsable de la Fédération de la plasturgie. - Photo Lanier/REA
Dans la foulée des sacs de caisse, la vente de gobelets, verres et assiettes en plastique sera interdite en 2020. Les entreprises dénoncent une mesure impossible à appliquer en raison de « l’absence de matières de substitution ».
Interdire la vaisselle plastique à usage unique, une fausse bonne idée ? Dans la foulée de la fin des sacs plastique, décidée par la loi sur la transition énergétique de juillet 2015, un décret du 30 août 2016 a fixé les contours de la mort programmée de la vaisselle jetable. A partir du 1er janvier 2020, les gobelets, les verres et les assiettes de cette catégorie - mais pas les couverts - seront interdits dans le commerce, sauf s'ils sont compostables en compostage domestique. Ils devront aussi être fabriqués à 50 % au moins avec des matières biosourcées en 2020 et à 60 % en 2025 (bambou, fibre de maïs...).
Fini les pique-niques impromptus entre amis ? Quid des gobelets utilisés dans les fontaines d'eau des entreprises ou sortis des distributeurs de la machine à café ? Comment feront les hôpitaux ou les prisons qui choisissent la vaisselle jetable pour des questions d'hygiène ou de sécurité ? Si les professionnels se sont peu ou prou ralliés à la fin des sacs plastique - entrée en vigueur en juillet 2016 pour les sacs de caisse et en janvier 2017 pour les fruits et légumes - et dont le bilan est plutôt positif, il en va tout autrement pour la vaisselle. « Cette réglementation est un copier-coller de la loi sur les sacs plastique, alors que dans l'usage cela n'a rien à voir. Un sac est fin, il ne contient que des solides, en revanche le gobelet doit être plus épais, il contient du liquide et donc les propriétés physiques des matières ne le rendront pas compostable à domicile », affirme Emmanuel Guichard, directeur général d'Elipso, qui regroupe les fabricants d'emballages plastique rigides et souples, plutôt favorable à la législation sur les sacs plastique. « L'intention est bonne mais la mise en oeuvre impossible », résume, perplexe, Christophe Doukhi-de Boissoudy, directeur général de Novamont, leader des matières bioplastiques. La raison est simple : il n'existe pas pour l'instant de matière capable de remplir à la fois les exigences de praticité (solidité, étanchéité) et de compostage domestique, c'est-à-dire capable de se dégrader rapidement.
Importation
Le plastique, léger et résistant à l'eau, n'est pas si facile à remplacer. Une impasse technique donc et « un challenge irréalisable pour les entreprises », dénonce Christophe Doukhi-de Boissoudy.
Par ailleurs, si la limitation des sacs plastique visait à relocaliser en France une filière qui était en grande partie fabriquée en Asie, il n'en est pas de même pour la vaisselle jetable produite par des PME nationales ( Flo Europe, Lariplast, Guillin...) qui emploient quelque 650 salariés. Les industriels, emmenés par l'entreprise Flo Europe qui s'est très vite mobilisée il y a deux ans lors des débats à l'Assemblée, s'inquiètent. « Les plus menacés sont ceux qui sont monoproduit, fabriquent à bas coût et en grand volume pour la grande distribution », lâche un proche du dossier. Tiffany a mis la clef sous la porte en septembre 2016. Pour les entreprises positionnées sur le haut de gamme, avec des matières biosourcées, ou sur le secteur traiteur, qui n'est pas concerné car il relève des emballages alimentaires, l'avenir est moins sombre. « En même temps, les matières en bambou ou en fibres ne sont pas la panacée, elles sont plus chères pour le consommateur et moins résistantes à l'eau », tempère Emmanuel Guichard. « Passer à la vaisselle en papier ou carton, c'est risquer d'importer de Turquie ou d'Asie », alerte aussi Marc Madec, de la Fédération de la plasturgie.
Chaque année en France, 4,73 milliards de gobelets en plastique sont jetés, selon l'Association santé environnement France (Asef), soit 150 par seconde. Et seuls 1 % de ces gobelets sont recyclés en raison de leur composition complexe. La mesure d'interdiction est fondée sur des raisons environnementales et de santé publique. Ce qui fait dire à Jean Lefèvre, porte-parole de l'Asef, que « cette loi est une bonne chose car elle oblige les industriels à trouver des solutions, c'est une stimulation à l'innovation, même s'il faut renforcer la collecte et le recyclage ». Une poignée d'entreprises se sont positionnées sur le recyclage - Lemon Tri, Canibal, Elise, ou Les Joyeux Recycleurs. Une niche encore timide.
@MaKindermans
https://www.lesechos.fr/pme-regions/actualite-pme/030343227920-vaisselle-jetable-linterdiction-du-plastique-vire-au-casse-tete-pour-les-industriels-2092287.php#xtor=CS1-25
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