La question du jour. A quel âge devient-on vieux ?
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La question du jour. A quel âge devient-on vieux ?
A quel âge peut-on se dire « arrivé vieux », selon le bretonnisme consacré ? « La question est rigolote » répond le psychogérontologue Jérôme Pellissier. N'est-on pas toujours le vieux d'un autre ? En tout cas, le « jeune » homme de 46 ans, également écrivain, estime que c'est très subjectif et démonte volontiers les clichés sur le vieillissement.
A quel âge devient-on vieux ? Peut-on vraiment répondre à cette question ?
C'est une question rhétorique. En général, je commence par expliquer pourquoi il est impossible d'y répondre. Selon des critères purement médicaux, on estime que l'âge moyen auquel on commencerait à être vieux est entre 75 et 80 ans. Des biologistes vous diront que le vieillissement commence au niveau du foetus, alors que vous pouvez rencontrer des gens de 95 ans qui vous disent : « Je ne me suis jamais senti aussi jeune ! ». La question est rigolote mais elle interroge aussi sur le danger qu'il y a à mettre des bornes ou des limites d'âge dans une société.
À quelles bornes d'âge faites-vous référence ?
À une époque, en France, on ne pouvait percevoir le RMI (revenu minimum d'insertion) qu'à partir de l'âge de 25 ans, alors que l'obligation des parents de soutenir financièrement leurs enfants n'allait que jusqu'à 18 ans. Aujourd'hui, vous avez la même chose pour les personnes handicapées, quand elles arrivent à l'âge de 60 ans. À handicap équivalent, si vous avez 59 ans, vous êtes un adulte handicapé, alors que, si vous avez 61 ans, vous êtes une personne âgée dépendante, et les aides financières sont moins importantes.
On se sent d'abord vieillir par le regard social
Être vieux, ça se manifeste comment ? Quels en sont les critères ?
Il y en a tellement, et différents selon que vous vous placez d'un point de vue biologique, physiologique, spirituel, sociologique, psychologique, aussi selon l'âge que vous avez, votre histoire, celle de votre groupe. Pour un enfant, un jeune adulte est déjà vieux ! Sans compter que le sentiment d'être jeune ou vieux joue un rôle bien plus important que l'âge de nos artères ou que celui écrit sur notre carte d'identité. L'âge auquel on devient vieux est quelque chose de très subjectif, comme celui auquel on se sent devenir adulte. C'est chacun qui le ressent.
L'environnement naturel ou social y joue aussi un rôle ?
La question du regard des autres est très importante. Prenez la première fois qu'un jeune vous dit « Bonjour, monsieur » ou « Voulez-vous ma place, madame ? » quand vous prenez le bus. On se sent d'abord vieillir par le regard social. Notre société, avec l'âge de la retraite, avec la notion de « personne âgée dépendante », avec la publicité pour les produits anti-âge, influe sans cesse sur ce sentiment d'être jeune ou vieux. Beaucoup d'autres éléments vont aussi jouer, depuis la santé jusqu'à l'isolement social : on se sent généralement d'autant plus jeune, longtemps, qu'on est en bonne santé et qu'on a une vie sociale riche.
Vous récusez la notion de « vieillissement de la population ». Pourquoi ?
Je ne la récuse pas mais j'appelle à la prudence. Tout dépend de ce qu'on lui fait dire. En général, elle est accompagnée d'un discours catastrophiste sur le fait que la France sera envahie de vieux. Or, c'est faux ! Si vous comparez le pourcentage des personnes de plus de 60 ans dans la France de 1920 et dans celle de 2020, alors, oui, ce pourcentage augmente beaucoup. Mais ces personnes de 60 ans ne sont pas toutes des vieilles personnes. L'équivalent d'une personne de 60 ans en 1920, c'est, aujourd'hui, une personne de 80 ans. Et le pourcentage de personnes de plus de 80 ans dans la France de 2020 est environ le même que celui des personnes de plus de 60 ans dans la France de 1920.
Pourquoi la société a-t-elle tendance à exclure les personnes les plus âgées ?
Il y a un aspect économique. La société fonctionne comme il y a 50 ans, dans un système très rigide de formation, travail, puis retraite. Il existe un discours qui accuse les vieilles personnes de tous les problèmes de la France. Mais on constate un décalage entre ce discours, dans lequel on dépeint des retraités oisifs et égoïstes, et la réalité. Si vous enlevez les retraités des associations, elles s'effondrent et c'est toute la France qui s'effondre. Et comment ferait-on si tous les enfants gardés par leurs grands-parents devaient trouver une crèche ou une assistante maternelle ? Aujourd'hui, vous avez dans les familles des gens de trois, quatre, cinq générations qui sont en vie. Vivre plus vieux et en bonne santé est plutôt une bonne nouvelle, pourquoi en parler comme d'une catastrophe ?
Propos recueillis par Jean-Luc Le Roux
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