L’épanouissement de la correspondance
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L’épanouissement de la correspondance
Au xviiie siècle, les Lettres de Voltaire représentent la correspondance la plus volumineuse qui ait jamais existé : ses 18 000 lettres, adressées à toute l’Europe pendant plus de soixante ans, forment un document essentiel, sans lequel l’histoire du xviiie siècle serait imparfaitement connue. Désormais, tous les grands esprits du siècle de l’Encyclopédie, Denis Diderot, Jean-Jacques Rousseau, Charles de Montesquieu, se chargent de renseigner les princes, les grands seigneurs, les rois et les ministres des grandes nations de l’Europe sur l’évolution du goût, les manifestations littéraires et les événements artistiques. Les Lettres à Sophie Volland (1759-1774) de Diderot permettent de comprendre son dévouement à l’égard de l’Encyclopédie, œuvre à laquelle il sacrifia le meilleur de lui-même. Celles de Mademoiselle de Lespinasse, publiées en 1809, constituent un des documents les plus vivants et les plus tumultueux sur l’amour féminin : elles rapportent, dans un style direct, ses terreurs, ses exaspérations, ses excès et ses manques.
Au xixe siècle, les accents lyriques de la correspondance des grands poètes et écrivains tels que Johann Wolfgang von Goethe, Friedrich von Schiller, John Keats, Honoré de Balzac (Lettres à l’Étrangère)expriment les confidences intimes ou les détails les plus quotidiens de l’existence, les étapes d’un travail ou les passions amoureuses. Ainsi, la Correspondance de Gustave Flaubert, publiée en quatre volumes de 1887 à 1893, permet de comprendre son œuvre romanesque : il y expose la nécessité de l’union intime entre la pensée et la forme et celle de l’objectivité de l’art. Tout autant que la Vie de Henri Brulard, les Lettres de Stendhal constituent l’histoire de sa vie, mais aussi la chronique de son époque.
Des hommes politiques comme Napoléon, des écrivains comme Charles Baudelaire, Prosper Mérimée, George Sand, François René de Chateaubriand, Benjamin Constant, Victor Hugo, des peintres tels que Eugène Delacroix, Vincent Van Gogh, Paul Cézanne, des musiciens comme Richard Wagner, Robert Schumann, Franz Liszt, des philosophes comme Joseph Ernest Renan, Hyppolite Taine apparaissent comme de remarquables et prodigieux épistoliers. La Correspondance de Stéphane Mallarmé, qui permet de suivre l’une des aventures poétiques les plus audacieuses, domine la fin du xixe siècle et annonce les grandes préoccupations duxxe siècle : elle révèle non seulement la configuration d’une époque, mais aussi celle d’une ascèse.
Parmi les correspondances célèbres du début du xxe siècle, il faut surtout retenir celle d’André Gide et de Paul Valéry, qui ne cessèrent de s’écrire de toute leur vie, celle de Paul Claudel, qui, tenu éloigné de France par ses fonctions diplomatiques, fut naturellement amené à entretenir un abondant commerce épistolaire, et celle de Marcel Proust, indispensable pour qui veut connaître intimement l’énigmatique personnage, le « Je » insaisissable de À la recherche du temps perdu. Romain Rolland correspondit quant à lui avec Hugo von Hofmannsthal,Hermann Hesse, Rabindranath Tagore. Dans les admirables Lettres à un jeune poète, Rainer Maria Rilke révèle ses plus hautes conceptions de l’art, alors que dans les Lettres à Lou Andreas-Salomé, où perce une passion brûlante, et les Lettres françaises à Merline, qui portent l’écho de ce qui fut le plus poignant roman d’amour, le poète des Élégies de Duino livre les secrètes intuitions de l’artiste. Des écrivains en exil comme James Joyce, Hermann Broch, Robert Musil se livrent entièrement dans leurs lettres. Franz Kafka décrit avec une précision incomparable, dans les Lettres à Milena, ses fantasmes et ses rêves. En Grande-Bretagne ont été publiées les Lettres de T. E. Lawrence et de D. H. Lawrence, aux États-Unis les nombreuses correspondances de Francis Scott Fitzgerald et d’Ezra Pound.
Mallarmé
Au xixe siècle, les accents lyriques de la correspondance des grands poètes et écrivains tels que Johann Wolfgang von Goethe, Friedrich von Schiller, John Keats, Honoré de Balzac (Lettres à l’Étrangère)expriment les confidences intimes ou les détails les plus quotidiens de l’existence, les étapes d’un travail ou les passions amoureuses. Ainsi, la Correspondance de Gustave Flaubert, publiée en quatre volumes de 1887 à 1893, permet de comprendre son œuvre romanesque : il y expose la nécessité de l’union intime entre la pensée et la forme et celle de l’objectivité de l’art. Tout autant que la Vie de Henri Brulard, les Lettres de Stendhal constituent l’histoire de sa vie, mais aussi la chronique de son époque.
Des hommes politiques comme Napoléon, des écrivains comme Charles Baudelaire, Prosper Mérimée, George Sand, François René de Chateaubriand, Benjamin Constant, Victor Hugo, des peintres tels que Eugène Delacroix, Vincent Van Gogh, Paul Cézanne, des musiciens comme Richard Wagner, Robert Schumann, Franz Liszt, des philosophes comme Joseph Ernest Renan, Hyppolite Taine apparaissent comme de remarquables et prodigieux épistoliers. La Correspondance de Stéphane Mallarmé, qui permet de suivre l’une des aventures poétiques les plus audacieuses, domine la fin du xixe siècle et annonce les grandes préoccupations duxxe siècle : elle révèle non seulement la configuration d’une époque, mais aussi celle d’une ascèse.
Parmi les correspondances célèbres du début du xxe siècle, il faut surtout retenir celle d’André Gide et de Paul Valéry, qui ne cessèrent de s’écrire de toute leur vie, celle de Paul Claudel, qui, tenu éloigné de France par ses fonctions diplomatiques, fut naturellement amené à entretenir un abondant commerce épistolaire, et celle de Marcel Proust, indispensable pour qui veut connaître intimement l’énigmatique personnage, le « Je » insaisissable de À la recherche du temps perdu. Romain Rolland correspondit quant à lui avec Hugo von Hofmannsthal,Hermann Hesse, Rabindranath Tagore. Dans les admirables Lettres à un jeune poète, Rainer Maria Rilke révèle ses plus hautes conceptions de l’art, alors que dans les Lettres à Lou Andreas-Salomé, où perce une passion brûlante, et les Lettres françaises à Merline, qui portent l’écho de ce qui fut le plus poignant roman d’amour, le poète des Élégies de Duino livre les secrètes intuitions de l’artiste. Des écrivains en exil comme James Joyce, Hermann Broch, Robert Musil se livrent entièrement dans leurs lettres. Franz Kafka décrit avec une précision incomparable, dans les Lettres à Milena, ses fantasmes et ses rêves. En Grande-Bretagne ont été publiées les Lettres de T. E. Lawrence et de D. H. Lawrence, aux États-Unis les nombreuses correspondances de Francis Scott Fitzgerald et d’Ezra Pound.
Marquise de Sévigné
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