Où vont les 13 milliards de la formation professionnelle ?
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Où vont les 13 milliards de la formation professionnelle ?
Jacques SAYAGH
Le gouvernement lance une concertation avec les syndicats sur la formation professionnelle. Elle doit déboucher sur le dépôt d’un projet de loi en avril. L’occasion de se pencher sur la formation continue des actifs, qui engloutit chaque année 13 milliards d’euros, avec des résultats contrastés. Les explications d’un expert de la question, Bertrand Martinot.
Après le Code du travail, le gouvernement se penche sur la formation professionnelle. Il prévoit un projet de loi au printemps https://www.ouest-france.fr/economie/emploi/chomage/chomage-et-formation-macron-consulte-sur-la-suite-des-reformes-sociales-5307895.Le système de la formation continue des actifs devrait notamment évoluer.http://jactiv.ouest-france.fr/actualites/politique/reforme-veut-toucher-million-jeunes-precarite-80411 Il est aujourd’hui « peu efficace », remarque Bertrand Martinot, économiste expert auprès de l’Institut Montaigne et ancien conseiller social du président Sarkozy.
Entretien
Comment est financée la formation continue des salariés ?
Par les entreprises. Elles ont l’obligation de verser 1 % de leur masse salariale brute (pour les entreprises de plus de onze salariés) aux organismes collecteurs de leur branche professionnelle.
Quel est le rôle de ces organismes collecteurs ?
Les Opca (Organismes paritaires collecteurs agréés), gérés par les syndicats et le patronat, financent ou cofinancent des actions de formation. Ils aident aussi les TPE-PME (Très petites, petites et moyennes entreprises) à élaborer leur plan de formation.
Combien sont-ils ?
On compte vingt Opca : chacun intervient pour le compte de plusieurs dizaines de branches professionnelles. Rappelons que la France compte quelque 700 branches.
Tous les fonds sont-ils distribués par les Opca ?
Non. Les Opca gèrent la moitié des 13 milliards, investis chaque année pour la formation continue. L’autre moitié est dépensée directement par les entreprises, qui souhaitent engager, dans la formation, davantage que le 1 % obligatoire.Les entreprises peuvent investir autant qu’elles le souhaitent dans la formation. Certaines vont jusqu’à 6 % de leur masse salariale.
Où vont les 13 milliards ?
Essentiellement dans les formations proposées par une myriade de prestataires privés ou publics : près de 60 000. Pour créer un organisme de formation, une simple déclaration à la préfecture suffit. On peut estimer que seuls 10 000 organismes sont actifs. Le marché se concentre sur les opérateurs importants ou moyens.
Quel problème pose le système actuel ?
Il bénéficie aux salariés des grandes entreprises mais moins à ceux des PME.Pourtant, ce sont les PME, qui en ont davantage besoin, car elles manquent de moyens. Envoyer un salarié en formation coûte cher : il faut notamment le remplacer à son poste. Les Opca devraient contribuer à cette redistribution. Mais elle n’est pas effectuée de façon efficace.
Et dans les grandes entreprises ?
Certaines dépensent beaucoup d’argent dans des plans de formation, non pas pour augmenter la compétence des personnels, mais pour acheter la paix sociale. On voit se multiplier les formations comportementales par exemple. Pourtant, l’enjeu de l’adaptation des salariés aux évolutions des métiers est majeur. On n’a pas l’impression que cela soit toujours bien pris en compte.
Qu’envisage le gouvernement ?
Il veut donner davantage d’autonomie et de latitude aux bénéficiaires des formations. Cela consiste sans doute à récupérer une partie des 6,5 milliards transitant par les Opca pour les transférer vers le compte personnel de formation (CPF). Créé par une loi de 2014, le CPF offre aux salariés un crédit de formation de 24 heures par an : 120 heures au bout de cinq ans. Ce dispositif est mal connu. Et 120 heures, c’est souvent insuffisant pour mener à bien une formation qualifiante : il faut 400 à 500 heures. Renforcer ce compte paraît une bonne idée. Reste à convaincre les branches professionnelles. Elles ont une certaine mainmise sur les Opca. Il n’est pas sûr qu’elles acceptent de laisser ce pouvoir en partie leur échapper.
Le gouvernement lance une concertation avec les syndicats sur la formation professionnelle. Elle doit déboucher sur le dépôt d’un projet de loi en avril. L’occasion de se pencher sur la formation continue des actifs, qui engloutit chaque année 13 milliards d’euros, avec des résultats contrastés. Les explications d’un expert de la question, Bertrand Martinot.
Après le Code du travail, le gouvernement se penche sur la formation professionnelle. Il prévoit un projet de loi au printemps https://www.ouest-france.fr/economie/emploi/chomage/chomage-et-formation-macron-consulte-sur-la-suite-des-reformes-sociales-5307895.Le système de la formation continue des actifs devrait notamment évoluer.http://jactiv.ouest-france.fr/actualites/politique/reforme-veut-toucher-million-jeunes-precarite-80411 Il est aujourd’hui « peu efficace », remarque Bertrand Martinot, économiste expert auprès de l’Institut Montaigne et ancien conseiller social du président Sarkozy.
Entretien
Comment est financée la formation continue des salariés ?
Par les entreprises. Elles ont l’obligation de verser 1 % de leur masse salariale brute (pour les entreprises de plus de onze salariés) aux organismes collecteurs de leur branche professionnelle.
Quel est le rôle de ces organismes collecteurs ?
Les Opca (Organismes paritaires collecteurs agréés), gérés par les syndicats et le patronat, financent ou cofinancent des actions de formation. Ils aident aussi les TPE-PME (Très petites, petites et moyennes entreprises) à élaborer leur plan de formation.
Combien sont-ils ?
On compte vingt Opca : chacun intervient pour le compte de plusieurs dizaines de branches professionnelles. Rappelons que la France compte quelque 700 branches.
Tous les fonds sont-ils distribués par les Opca ?
Non. Les Opca gèrent la moitié des 13 milliards, investis chaque année pour la formation continue. L’autre moitié est dépensée directement par les entreprises, qui souhaitent engager, dans la formation, davantage que le 1 % obligatoire.Les entreprises peuvent investir autant qu’elles le souhaitent dans la formation. Certaines vont jusqu’à 6 % de leur masse salariale.
Où vont les 13 milliards ?
Essentiellement dans les formations proposées par une myriade de prestataires privés ou publics : près de 60 000. Pour créer un organisme de formation, une simple déclaration à la préfecture suffit. On peut estimer que seuls 10 000 organismes sont actifs. Le marché se concentre sur les opérateurs importants ou moyens.
Quel problème pose le système actuel ?
Il bénéficie aux salariés des grandes entreprises mais moins à ceux des PME.Pourtant, ce sont les PME, qui en ont davantage besoin, car elles manquent de moyens. Envoyer un salarié en formation coûte cher : il faut notamment le remplacer à son poste. Les Opca devraient contribuer à cette redistribution. Mais elle n’est pas effectuée de façon efficace.
Et dans les grandes entreprises ?
Certaines dépensent beaucoup d’argent dans des plans de formation, non pas pour augmenter la compétence des personnels, mais pour acheter la paix sociale. On voit se multiplier les formations comportementales par exemple. Pourtant, l’enjeu de l’adaptation des salariés aux évolutions des métiers est majeur. On n’a pas l’impression que cela soit toujours bien pris en compte.
Qu’envisage le gouvernement ?
Il veut donner davantage d’autonomie et de latitude aux bénéficiaires des formations. Cela consiste sans doute à récupérer une partie des 6,5 milliards transitant par les Opca pour les transférer vers le compte personnel de formation (CPF). Créé par une loi de 2014, le CPF offre aux salariés un crédit de formation de 24 heures par an : 120 heures au bout de cinq ans. Ce dispositif est mal connu. Et 120 heures, c’est souvent insuffisant pour mener à bien une formation qualifiante : il faut 400 à 500 heures. Renforcer ce compte paraît une bonne idée. Reste à convaincre les branches professionnelles. Elles ont une certaine mainmise sur les Opca. Il n’est pas sûr qu’elles acceptent de laisser ce pouvoir en partie leur échapper.
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