Le Vatican rénove ses bâtiments avec du lait bio

Correspondance, Emmanuelle François



La cité papale à Rome est à la pointe de l’écologie pour rénover ses monuments. À côté des huiles essentielles pour combattre les champignons qui colonisent les statues de ses jardins, le lait de vache est actuellement utilisé dans la rénovation du palais du Belvédère.

C’est une recette très ancienne que les ouvriers employés du Vatican utilisent actuellement pour repeindre les murs du palais du Belvédère. Ce bâtiment, dont la construction a été ordonnée par Innocent VIII en 1484, abrite des précieuses œuvres d’art des musées du Vatican.

« Nous ne sommes pas nostalgiques du passé ! assure Vitale Zanchettin, le chef architecte du Vatican, dans une interview à CNN. Nous pensons tout simplement que cette technique vieillit mieux. » En plus de 500 ans, et malgré toutes les avancées scientifiques faites ces dernières décennies, aucune peinture plus résistante n’a été trouvée !

Le lait provient des vaches de la résidence estivale du pape de Castel Gandolfo, à quelques kilomètres de Rome, où le Saint-Siège s’approvisionne en fruits et légumes. Biologique, ce lait est mélangé à de la chaux et des pigments naturels couleur crème – ceux qu’on utilisait déjà autour de 1500.


Vue panoramique de Castel Gandolfo et du palais des Papes. (Photo : Wikimédia / Deblu68 / CC BY-SA 3.0)


« Grâce à cette recette, la couleur des surfaces change au cours de la journée, réagissant à la lumière qui passe du blanc rosé de l’aurore aux tons plus chauds du soleil couchant », selon Vitale Zanchettin. Le bâtiment retrouverait « l’apparence qu’il avait dans son premier siècle d’histoire ». Les ouvriers appliquent ensuite ce mélange par de petits tapotages sur la pierre, une technique pluri-centenaire.

Démarche écologique

Globalement, le Vatican essaie d’utiliser le plus possible des méthodes respectueuses de l’environnement, en accord avec l’encyclique Laudato si’du pape François, sur la sauvegarde de la maison commune, publiée en juin 2015. Le pape y rappelle son opposition à « chercher seulement un remède technique à chaque problème environnemental qui surgit ».

Vitale Zanchettin souligne que la santé des quelque 100 ouvriers employés à l’année pour la restauration et l’entretien du Vatican est également au cœur de la démarche écologique vaticanaise.


Vue aérienne des bâtiments du Belvédère, au Vatican. (Photo : Jean-Pol Grandmont / Wikimédia / CC BY-SA 3.0)


Les musées de la cité et le gouvernorat se sont engagés dans un projet de cinq ans de rénovation des 570 statues, fontaines et plaques de marbres des jardins. Pour se débarrasser des champignons, de la mousse et des algues, les ouvriers utilisent une mixture à base d’huiles essentielles d’origan, lavande ou thym, originaires de Sicile. Une mixture censée respecter aussi bien les ouvriers que les animaux et insectes qui peuplent le parc de plus de 40 hectares.


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