Le Géo Trouvetou breton vit en autarcie en Thaïlande

par Renée-Laure EUZEN mercredi 4 avril 2018


Il a passé un an et demi à sillonner les océans. Corentin de Chatelperron, originaire du Morbihan, est cette fois juché sur une plate-forme dans les eaux thaïlandaises. Pendant quatre mois, il y expérimentera les technologies récoltées durant son périple avec Nomade des mers.

Décidément, rien ne l’arrête. Après un an et de demi à sillonner les océans du monde avec le catamaran Nomade des mers, Corentin de Chatelperron va faire une longue pause dans les eaux thaïlandaises.

Durant quatre mois, juché sur une plate-forme flottante de 140 m², il va expérimenter les 30 meilleures low techs qu’il a ramenées de son voyage. « Une low tech, c’est un système simple, économique, facile à fabriquer qui permet de répondre aux besoins de base comme l’accès à l’eau, à l’énergie ou à la nourriture », précise le jeune ingénieur dans une courte vidéo de présentation.

Ce deuxième acte de l’expédition Nomade des mers qui court jusqu’en 2020 s’appelle Mission biosphère. Sur « sa base de vie », Corentin va ainsi créer un écosystème qui est censé lui permettre d’être entièrement autonome. Le soleil devrait lui permettre de manger chaud grâce à un four solaire, mais aussi d’avoir de l’eau chaude, grâce à, un chauffe-eau solaire. Micro-éolienne, biodiesel ou pédalier producteur d’électricité sont d’autres outils qu’il devrait être amené à utiliser.

Pour la nourriture, pas de menu gastronomique, mais un élevage de grillons, des graines germées et un bioréacteur à spiruline. Sans oublier des patates, qui seront la base de son alimentation. Il doit en manger 1,2 kg par jour ! Quant à la production d’eau potable, phytoépuration, récupérateur d’eau de pluie ou filtre céramique figurent sur la liste des systèmes embarqués.

À travers cette expérience, Corentin de Chatelperron entend prouver que les low techs permettent de vivre mais aussi partager ses connaissances avec le plus grand nombre, grâce à des tutoriels explicatifs.

Grillons et spiruline

Cette nouvelle aventure a vraiment démarré le 20 février, mais le projet vient tout juste d’être dévoilé, histoire que Corentin prenne ses marques. Bilan de la première semaine, envoyé à terre via WhatsApp : la base de vie s’est mise en place, avec quelques aléas comme des coups de vent qui ont entraîné la perte de matériel et des réparations sur la serre. Corentin a aussi pu ouvrir sa nurserie de grillons, qui lui fourniront les protéines nécessaires le temps que la spiruline pousse. En trois jours, il avait perdu 1 kg, avant de trouver une recette « pour compenser » : 50 g de grillons frits avec de l’ail et des patates frites. « Délicieux ! »

La mission Biosphère est suivie par une équipe d’experts, des universitaires, des scientifiques, et des inventeurs de low techs. Anne-Claire Bihan-Poudec en est la coordinatrice. « À distance, j’assure le suivi scientifique de la biosphère, mais aussi le suivi physiologique de Corentin. Il a un journal à remplir tous les jours. Il doit noter ce qu’il mange, comment il dort… »

Des données particulièrement importantes, car le but de cette expérience est bien de voir si un tel écosystème peut être reproduit dans des endroits du monde qui en ont besoin. Aux dernières nouvelles, Corentin va beaucoup mieux. « Avec les œufs, les insectes, et la spiruline, il a les protéines nécessaires à son alimentation. Il a repris le poids perdu. » Et les végétaux poussent !