Et si Guernica n’était pas ce qu’on croyait ?
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Et si Guernica n’était pas ce qu’on croyait ?
par Marie Merdrignac
Et si le célèbre tableau de Picasso ne représentait pas le bombardement de la ville basque de Guernica pendant la guerre civile espagnole ? Un professeur espagnol l’affirme, après 14 ans de recherches. Des révélations qui ne manquent pas de faire polémique.
C’est sans doute l’un des tableaux les plus connus au monde. Guernica, peinte en 1937 par Pablo Picasso (1881-1973) est une toile monumentale (3,50 mètres sur 8 mètres). L’artiste l’a réalisée pour répondre à une commande du gouvernement espagnol républicain de Francisco Largo Caballero, pour le pavillon espagnol de l’Exposition universelle de Paris, en 1937.
Picasso, qui vit à Paris à cette époque, hésite avant d’accepter. Il exprime alors dans ce tableau l’horreur que le bombardement de la ville basque espagnole de Guernica, pendant la guerre civile espagnole, a suscitée en lui. Le 26 avril 1937, la ville est sous le feu des bombes explosives et incendiaires de 44 avions de la légion Condor allemande nazie et 13 avions de l’aviation légionnaire italienne fasciste, soutiens des franquistes.
Un massacre
En une nuit, Guernica est réduite en cendres. Le bilan de cette frappe aérienne est controversé. Immédiatement après le massacre, on parle de 1 654 morts et plus de 800 blessés. Mais dans l’historiographie récente, le bilan a été revu à la baisse.
Il est admis que le tableau, ici une reproduction, est un manifeste contre la guerre. (Photo : Papamanila / CC-BY-SA-3.0)
Avec ces figures de femmes éplorées, piégées, son soldat agonisant à terre, l’imposant tableau est devenu un manifeste contre la guerre, expliqué ainsi par l’artiste lui-même. Pourtant, José Maria Juarranz de la Fuente, un universitaire espagnol à la retraite, assure que « la peinture n’a rien à voir dans sa conception avec ce qui s’est passé à Guernica » et qu’elle est l’œuvre d’un artiste ambitieux, apolitique, qui a agi par opportunisme. Imaginez un peu l’onde de choc en Espagne…
« Il n’avait aucun intérêt pour les affaires politiques »
Le professeur de géographie et d’histoire, diplômé en lettres et en philosophie, a détaillé ces affirmations à l’occasion d’une conférence de presse ce mardi, pour présenter son ouvrage sur le sujet, Guernica : le chef-d’œuvre inconnu, fruit de 14 années de recherche autour du tableau. Pour lui, Guernica n’est qu’un portrait de famille, une œuvre autobiographique, comme l’avait déjà suggéré Daniel-Henry Kanhweiler, marchand d’art allemand qui a beaucoup écrit sur les œuvres de Picasso.
« Picasso n’es jamais allé à Guernica. Le bombardement ne l’a pas affecté personnellement. Quand ça a eu lieu, il se trouvait avec sa maîtresse, Marie-Thérèse Walter, et leur fille, Maya. La guerre d’Espagne ne l’inquiétait pas, il n’avait aucun intérêt pour les affaires politiques », lit-on dans le journal El País, qui cite le professeur lors de sa conférence de presse.
Selon lui, la peinture résume la vie du peintre. Elle montre ses proches, sa mère, sa femme, sa maîtresse, sa fille. Et lui, Picasso, représenté par le taureau, figure habituellement associée au fascisme ou à l’Espagne. Le tableau représenterait trois moments clés de la vie du peintre : le tremblement de terre qu’il a vécu à Malaga quand il était enfant, ses problèmes de couple dans les années 1930 et le suicide de son ami Carlos Casagemas.
L’universitaire affirme encore que Picasso aurait voulu élever son tableau au même rang que deux grandes œuvres espagnoles, Les Ménines (ou La famille de Philippe IV) de Diego Vélasquez et La Famille de Charles IV de Francisco de Goya. Selon lui, Guernica est une autre peinture d’une famille royale, celle de Picasso, que sa dernière femme surnommait d’ailleurs « le roi d’Espagne ».
Un tableau autobiographique ?
Pour appuyer sa théorie, le professeur a analysé les figures les plus emblématiques du tableau et les a comparées avec des travaux antérieurs du peintre. Il prend l’exemple de la figure du cheval, récurrente dans le travail de Picasso, associée aux femmes.
Dans Guernica, il assure qu’il s’agit d’Olga Khokhlova, première femme de l’artiste, plusieurs fois représentée par cet animal dans les peintures de Picasso. Et au fur et à mesure du délitement de leur relation, le cheval change, il est agressif ou ridicule, devenant, à partir de 1933, dans des dessins, un cheval de corrida éventré sans relâche par un taureau symbolisant Picasso.
« Les Ménines », de Diego Vélasquez. Le professeur Juarranz assure qu’avec « Guernica », Picasso a voulu inscrire son œuvre au niveau des fameux Vélasquez et Goya. (Photo : Diego Vélasquez / Le Prado)
Autre exemple expliqué par le professeur Juarranz, et sans doute le plus controversé, le guerrier, allongé au premier plan, une épée abîmée dans la main. Selon lui, il s’agit du peintre Carlos Casagemas, ami de Picasso. L’homme se serait donné la mort, humilié par son impuissance sexuelle, représentée là encore dans le tableau affirme Juarranz, par la lame brisée.
Tout cela ne pouvait être compris avec uniquement le tableau, explique l’universitaire, qui a pu étudier en plus 62 croquis préparatoires de l’artiste. « En étudiant uniquement la peinture, nous ne pouvions pas avoir toutes les clés pour l’interpréter. »
Quant au nom de l’œuvre, le professeur retraité croit que des amis de Picasso, dont Paul Éluard, lui ayant rendu visite dans son atelier parisien rue des Grands-Augustins, s’exclamèrent « Guernica ! », en voyant le tableau inachevé. Le peintre aurait repris l’idée, y voyant là l’occasion d’accroître la visibilité de son travail dans toute l’Europe en en faisant un symbole contre la guerre d’Espagne.
Malgré les gros doutes soulevés par des journalistes critiques d’art présents à la conférence de presse, qui attendent des arguments scientifiques, Juarranz l’a martelé : « Pour moi, ce n’est pas un tableau qui dénonce l’horreur de la guerre. »
Et si le célèbre tableau de Picasso ne représentait pas le bombardement de la ville basque de Guernica pendant la guerre civile espagnole ? Un professeur espagnol l’affirme, après 14 ans de recherches. Des révélations qui ne manquent pas de faire polémique.
C’est sans doute l’un des tableaux les plus connus au monde. Guernica, peinte en 1937 par Pablo Picasso (1881-1973) est une toile monumentale (3,50 mètres sur 8 mètres). L’artiste l’a réalisée pour répondre à une commande du gouvernement espagnol républicain de Francisco Largo Caballero, pour le pavillon espagnol de l’Exposition universelle de Paris, en 1937.
Picasso, qui vit à Paris à cette époque, hésite avant d’accepter. Il exprime alors dans ce tableau l’horreur que le bombardement de la ville basque espagnole de Guernica, pendant la guerre civile espagnole, a suscitée en lui. Le 26 avril 1937, la ville est sous le feu des bombes explosives et incendiaires de 44 avions de la légion Condor allemande nazie et 13 avions de l’aviation légionnaire italienne fasciste, soutiens des franquistes.
Un massacre
En une nuit, Guernica est réduite en cendres. Le bilan de cette frappe aérienne est controversé. Immédiatement après le massacre, on parle de 1 654 morts et plus de 800 blessés. Mais dans l’historiographie récente, le bilan a été revu à la baisse.
Il est admis que le tableau, ici une reproduction, est un manifeste contre la guerre. (Photo : Papamanila / CC-BY-SA-3.0)
Avec ces figures de femmes éplorées, piégées, son soldat agonisant à terre, l’imposant tableau est devenu un manifeste contre la guerre, expliqué ainsi par l’artiste lui-même. Pourtant, José Maria Juarranz de la Fuente, un universitaire espagnol à la retraite, assure que « la peinture n’a rien à voir dans sa conception avec ce qui s’est passé à Guernica » et qu’elle est l’œuvre d’un artiste ambitieux, apolitique, qui a agi par opportunisme. Imaginez un peu l’onde de choc en Espagne…
« Il n’avait aucun intérêt pour les affaires politiques »
Le professeur de géographie et d’histoire, diplômé en lettres et en philosophie, a détaillé ces affirmations à l’occasion d’une conférence de presse ce mardi, pour présenter son ouvrage sur le sujet, Guernica : le chef-d’œuvre inconnu, fruit de 14 années de recherche autour du tableau. Pour lui, Guernica n’est qu’un portrait de famille, une œuvre autobiographique, comme l’avait déjà suggéré Daniel-Henry Kanhweiler, marchand d’art allemand qui a beaucoup écrit sur les œuvres de Picasso.
« Picasso n’es jamais allé à Guernica. Le bombardement ne l’a pas affecté personnellement. Quand ça a eu lieu, il se trouvait avec sa maîtresse, Marie-Thérèse Walter, et leur fille, Maya. La guerre d’Espagne ne l’inquiétait pas, il n’avait aucun intérêt pour les affaires politiques », lit-on dans le journal El País, qui cite le professeur lors de sa conférence de presse.
Selon lui, la peinture résume la vie du peintre. Elle montre ses proches, sa mère, sa femme, sa maîtresse, sa fille. Et lui, Picasso, représenté par le taureau, figure habituellement associée au fascisme ou à l’Espagne. Le tableau représenterait trois moments clés de la vie du peintre : le tremblement de terre qu’il a vécu à Malaga quand il était enfant, ses problèmes de couple dans les années 1930 et le suicide de son ami Carlos Casagemas.
L’universitaire affirme encore que Picasso aurait voulu élever son tableau au même rang que deux grandes œuvres espagnoles, Les Ménines (ou La famille de Philippe IV) de Diego Vélasquez et La Famille de Charles IV de Francisco de Goya. Selon lui, Guernica est une autre peinture d’une famille royale, celle de Picasso, que sa dernière femme surnommait d’ailleurs « le roi d’Espagne ».
Un tableau autobiographique ?
Pour appuyer sa théorie, le professeur a analysé les figures les plus emblématiques du tableau et les a comparées avec des travaux antérieurs du peintre. Il prend l’exemple de la figure du cheval, récurrente dans le travail de Picasso, associée aux femmes.
Dans Guernica, il assure qu’il s’agit d’Olga Khokhlova, première femme de l’artiste, plusieurs fois représentée par cet animal dans les peintures de Picasso. Et au fur et à mesure du délitement de leur relation, le cheval change, il est agressif ou ridicule, devenant, à partir de 1933, dans des dessins, un cheval de corrida éventré sans relâche par un taureau symbolisant Picasso.
« Les Ménines », de Diego Vélasquez. Le professeur Juarranz assure qu’avec « Guernica », Picasso a voulu inscrire son œuvre au niveau des fameux Vélasquez et Goya. (Photo : Diego Vélasquez / Le Prado)
Autre exemple expliqué par le professeur Juarranz, et sans doute le plus controversé, le guerrier, allongé au premier plan, une épée abîmée dans la main. Selon lui, il s’agit du peintre Carlos Casagemas, ami de Picasso. L’homme se serait donné la mort, humilié par son impuissance sexuelle, représentée là encore dans le tableau affirme Juarranz, par la lame brisée.
Tout cela ne pouvait être compris avec uniquement le tableau, explique l’universitaire, qui a pu étudier en plus 62 croquis préparatoires de l’artiste. « En étudiant uniquement la peinture, nous ne pouvions pas avoir toutes les clés pour l’interpréter. »
Quant au nom de l’œuvre, le professeur retraité croit que des amis de Picasso, dont Paul Éluard, lui ayant rendu visite dans son atelier parisien rue des Grands-Augustins, s’exclamèrent « Guernica ! », en voyant le tableau inachevé. Le peintre aurait repris l’idée, y voyant là l’occasion d’accroître la visibilité de son travail dans toute l’Europe en en faisant un symbole contre la guerre d’Espagne.
Malgré les gros doutes soulevés par des journalistes critiques d’art présents à la conférence de presse, qui attendent des arguments scientifiques, Juarranz l’a martelé : « Pour moi, ce n’est pas un tableau qui dénonce l’horreur de la guerre. »
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