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Les forges des Salles, fleuron industriel

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Message par Admin Sam 20 Oct - 22:09

Publié le 14 octobre 2018 à 09h00
©️ Le Télégramme

Les forges des Salles, fleuron industriel Sans_581



YOU TUBE


https://youtu.be/rzMaL9KuPd4

https://youtu.be/oeT7FvzlXdQ


Situé à la frontière du Morbihan et des Côtes-d’Armor, le domaine des forges des Salles, à Perret, a été un important centre de production de fer et de fonte, une activité qui a fait la fortune du lieu du XVIIe à la fin du XIXe siècle.


Région agricole et maritime, la Bretagne est aussi, et depuis fort longtemps, une terre d’industrie. Elle conserve d’ailleurs un patrimoine minier et métallurgique non négligeable. Le sous-sol du massif armoricain a, en effet, été exploité dès l’Antiquité, lorsque la péninsule était au cœur des routes de l’étain, entre l’Europe du Nord et le bassin méditerranéen. Le massif des Montagnes Noires, en Centre-Bretagne, où le schiste domine, possède ainsi plusieurs gisements de fer dont l’exploitation remonte à la période celtique.

Niché au cœur des collines du centre Bretagne, le site des forges des Salles, à Perret, offre un témoignage remarquable de cette exploitation du fer. On y accède par une petite route serpentant à travers les bois avant que le domaine se dévoile subitement, avec ses nombreux bâtiments construits en schiste et en granit, organisé autour de l’imposant logis des maîtres des forges. Pour le visiteur, le temps semble d’ailleurs s’être figé, même si la forge reste désormais froide. Mais on y palpe encore les fantômes du passé, lorsque le lieu grouillait d’activité.


Fondation par les Rohan


L’histoire de ce site unique débute en 1622, lorsque Henri II de Rohan décide d’y fonder une forge. On trouve du fer de bonne qualité dans un rayon de 20 km à la ronde. Les forêts alentour peuvent fournir du combustible et la rivière qui traverse la vallée permet de faire tourner une roue à aubes qui actionnait les soufflets de la forge.

Les Rohan sont alors l’une des plus puissantes familles aristocratiques de Bretagne, et ils ont embrassé la religion protestante. C’est à eux que l’on doit la construction de la chapelle du domaine qui était, à l’origine, un temple calviniste, ce qui explique la sobriété de sa décoration et l’absence de vitraux ou de clocher. Lorsque les Rohan se sont convertis au catholicisme, on y a juste rajouté un chemin de croix.

Rapidement, le site se développe, grâce notamment aux commandes militaires des arsenaux de Brest et de Lorient. Le monde agricole, avec ses besoins en outillage, constituait cependant le principal marché des forges. En 1802, le domaine est acheté par le comte de Janzé qui réorganise le site tel que nous le connaissons aujourd’hui. Il a fonctionné jusqu’aux années 1870, lorsque la concurrence britannique ou lorraine est devenue trop forte.
L’activité métallurgique s’est arrêtée le 1er janvier 1877, mais le village n’a pas été abandonné tout de suite, les anciens employés trouvant des occupations à proximité.


Logements ouvriers

La « Rangée » est l’un des premiers bâtiments que l’on découvre. Il s’agit d’un ensemble d’une douzaine d’anciens logements d’ouvriers, tous identiques et accolés ; des corons à la bretonne, en quelque sorte, dont les façades en schiste gris et les toits en ardoises sont égayés, au printemps et en été, par les hortensias. Ces logements communiquent entre eux, certaines familles se voyant octroyer deux maisons. Une pièce unique occupe le rez-de-chaussée sur une surface de 25 m2. Construits au XVIIIe siècle, ils abritaient les forgerons et leurs familles. Cette petite cité ouvrière permettait d’attirer et de fidéliser une main-d’œuvre qualifiée.

En 1843, on sait ainsi que 73 personnes vivaient dans cette rangée, située à proximité du haut fourneau et des imposants bâtiments de stockage du minerai et du charbon de bois. Le domaine faisait aussi vivre une centaine de charbonniers dans les bois environnants. Au XVIIIe siècle, l’établissement consommait l’équivalent de 150 ha de forêt par an, ce qui a entraîné des problèmes de déforestation dans les environs.

Les forges des Salles ont conservé la passerelle destinée à acheminer le charbon vers le haut fourneau. Le combustible était disposé dans un wagonnet poussé sur des rails, avant d’être déversé dans le « gueulard », le sommet du haut fourneau qui mesurait 10 m de haut. Généralement, les coulées avaient lieu toutes les neuf heures, soit une moyenne de trois coulées par jour. La fonte en fusion s’écoulait ensuite par une rigole vers un lit de sable pour obtenir des gueuses de fonte ou vers des moules pour obtenir des objets finis : socs de charrue, boulets de canon, chaudrons… À leur apogée, les forges des Salles produisaient 1 000 tonnes de fonte par an.


Fermeture en 1877


Les forges des Salles ont été rentables jusque dans les années 1870, dans un contexte de forte demande de métal pour l’armée et avant la très rude concurrence des hauts fourneaux lorrains ou britanniques. Le 1er Juillet 1877, à minuit, elles cessent toute activité. Le haut fourneau est démonté et la famille de Janzé cherche à reclasser les ouvriers tout en développant d’autres activités qui n’auront guère de suite. C’est ce qui a sans doute permis de « fossiliser » ce site industriel étonnant, pour le plus grand bonheur des visiteurs d’aujourd’hui.


Les forges des SallesPerret


en complément


Un véritable village

Si les ouvriers se logeaient dans la rangée, les commis habitaient, quant à eux, de l’autre côté de la forge, dans des habitations plus spacieuses et orientées, comme le logis des maîtres, au sud. Petite curiosité administrative, à la Révolution, la limite entre les départements du Morbihan et des Côtes-d’Armor a été fixée sur la rivière qui traverse le domaine. Le village possédait donc deux bureaux de poste ! Il existait aussi un café-épicerie-cantine qui n’a fermé qu’en 1959. Au XIXe siècle, le comte de Janzé ouvre également une école mixte, où l’enseignement a été assuré par les Filles du Saint-Esprit jusqu’en 1968. La salle de classe a été reconstituée comme sous la IIIe République et conserve même… un authentique bonnet d’âne.

Elle se visite comme l’ancien café ou la régie, qui était l’un des centres névralgiques du site. C’est ici que les ouvriers recevaient leur solde ou que les régisseurs proposaient des distributions gratuites de nourriture ou de vêtements lors des périodes de crise. Si le grand logis, toujours occupé par la famille du Pontavice, ne se visite pas, on peut cependant découvrir, à côté, le quartier des artisans et les jardins. C’est ici que résidaient notamment les charpentiers, un métier stratégique lorsque l’on sait que l’ensemble du site possède plus de deux hectares de toitures. Grâce à l’argent des visites (le site accueille entre 10 et 15 000 visiteurs par an), ces dernières sont aujourd’hui presqu’en totalité restaurées.

On peut aussi admirer l’imposant chenil des comtes de Janzé qui appréciaient beaucoup la chasse. « Nous poursuivons cette tradition, note Emmanuelle du Pontavice, l’actuelle propriétaire. Nous accueillons des groupes de chasseurs dans nos gîtes et nous organisons aussi des chasses à courre ». Depuis les années 1990, le site des forges connaît en effet une véritable renaissance grâce au tourisme et en développant une offre d’hébergement originale. « Nous avons neuf cabanes dans la forêt, dont six sont construites dans des arbres », indique Emmanuelle de Pontavice.


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