Entretien des rivières. Quand les demandeurs d'asile aident les pêcheurs

Entretien des rivières. Quand les demandeurs d'asile aident les pêcheurs


Depuis le mois de septembre et jusqu’à fin novembre, une dizaine de demandeurs d’asiles originaires d’Afrique et quelques membres de la Gaule lamballaise effectuent un travail d’entretien des berges de cours d’eau sur le bassin du Gouessant. Un beau chantier de solidarité.

Il est midi ce samedi d'automne, quand Guillaume Moser remonte le talus avec toute son équipe après un travail de nettoyage des berges du ruisseau du moulin de Saint-Rieul, un affluent du Gast qui se jette lui-même dans le Gouessant, près de Lamballe (22). Le responsable de La Gaule lamballaise, l'association de pêche locale, est recouvert de petits copeaux de bois, et tout le monde a bien transpiré ce matin. C’est maintenant l’heure du casse-croûte pour Ibrahim, qui vient de Guinée Conakry, pour Abdallah, originaire du Tchad, et pour leurs copains demandeurs d’asile qui, depuis septembre à raison deux fois par semaine, donnent un sacré coup de main aux pêcheurs.



Ce sont des moments sympas qui nous ouvrent l'esprit

Toute la matinée, sous un beau soleil d’automne, la petite équipe a éclairci les berges à coups de tronçonneuse ou de débroussailleuses. « Ce matin, rappelle le président de la Gaule lamballaise, la mission était de supprimer les bouchons sur le cours d’eau qui bloquent l’accès aux ruisseaux pépinières, où se déroule la reproduction des gros poissons. Le colmatage et l’envasement expliquent qu’il y a moins de poissons aujourd’hui dans les rivières. » Et manifestement, ça ne rechigne pas à la tâche : on fait les choses avec le sourire. « Ça m’apporte beaucoup, confie Ibrahim, 21 ans, qui était vendeur dans son pays d’origine. Déjà, c’est mieux que de rester à ne rien faire, et puis ça me donne beaucoup de courage ». « Ce sont des moments sympas qui nous ouvrent l’esprit », ajoute quant à lui Abdallah, 25 ans, menuisier de profession.


Une rencontre née au forum des associations

Cette rencontre est née lors d’une discussion au forum des associations de Lamballe, entre Guillaume Moser et Mariam Brûlon, une bénévole qui donne des cours de français aux demandeurs d’asile accueillis dans la ville. « Elle m’a expliqué la situation des demandeurs qui, n’ayant pas de papiers, ne peuvent pas travailler, raconte Guillaume. Comme ils avaient déjà des missions de bénévolat, elle m’a proposé de venir avec quelques-uns d’entre eux sur un chantier de rénovation de berges.

C’est regrettable que des demandeurs d’asile soient plus engagés dans la préservation de la ressource que les pêcheurs du coin.

Au fil d'une dizaine de demi-journées de travail, le contact s’est fait très vite. « Le contact est très bon et ils ont toujours le sourire, confie Guillaume Moser. Et s’il y a bien une chose que l’on doit apprendre d’eux, c’est la solidarité. Nous, nous sommes plus individualistes. D'ailleurs, on n'était que cinq pêcheurs ce matin. C’est regrettable que des demandeurs d’asile soient plus engagés dans la préservation de la ressource que les pêcheurs du coin. »


Appel aux bénévoles

Guillaume Moser, qui lance un appel aux bénévoles, rappelle la problématique actuelle de l’entretien des cours d’eau et de leurs berges. « Le constat que l’on fait est que les fonds de vallée ont été abandonnés. Du coup, les rivières sont moins bien entretenues.» Grâce au coup de main des demandeurs d'asile, plusieurs kilomètres de berges ont pu être nettoyés cet automne.

Lionel Samson

telegramme