Harriet Tubman sera-t-elle la première femme noire sur les billets de 20 $ ?
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Harriet Tubman sera-t-elle la première femme noire sur les billets de 20 $ ?
Correspondance, Nicolas Montard ouest france
Un musée dans quelques mois dans le New Jersey, un biopic en tournage, avant peut-être son visage sur les billets de 20 dollars, un siècle après son décès, Harriet Tubman reste une figure de l’histoire américaine. Portrait.
Harriet Tubman sera-t-elle la première femme noire à orner les billets de 20 dollars aux États-Unis ? Cette volonté de Barack Obama a été remise en cause par l’arrivée de Donald Trump au pouvoir. L’administration estime qu’il y a d’autres priorités, confiait l’un de ses représentants dans le New York Times il y a quelques mois… Une polémique qui n’enlève rien au destin hors norme de cette Américaine du XIXe siècle.
La mort ou la liberté
Née aux alentours de 1820 sur la côte Est du Maryland, dans le comté de Dorchester, Araminta « Minty » Ross de son nom de naissance grandit en tant qu’esclave. Tantôt nourrice fouettée dès que le bébé pleurait, tantôt obligée d’installer des pièges à rats musqués dans l’eau glacée, tantôt assignée à des travaux forestiers ou dans les plantations, elle connaît une première vie de servitude. Elle reçoit même un coup violent à la tête par un surveillant, qui provoque chez elle des évanouissements réguliers tout au long de son existence.
Une gravure sur bois représentant Harriet Tubman pendant la guerre de Sécession. (Illustration : WJ Moses, imprimeur ; stéréotypé de Dennis Bro’s & Co.)
En 1849, alors qu’elle s’apprête à être vendue, celle qui a pris le prénom de sa mère Harriet, décide de faire basculer son destin. Une première tentative de fuite avec deux de ses frères n’aboutit pas : le trio rebrousse chemin. Elle repart seule. « Il y avait deux choses auxquelles j’avais droit, la liberté ou la mort. Si je ne pouvais pas en avoir un, j’aurais l’autre ; car personne ne devait me prendre en vie », dira-t-elle plus tard.
Elle gagne le droit à la liberté après une cavale de plusieurs jours, en suivant l’étoile polaire, pour passer la ligne Mason-Dixon qui séparait les États du Sud esclavagistes et les États du Nord abolitionnistes. Une fois de l’autre côté, elle raconte avoir regardé ses mains « pour voir si j’étais la même personne ».
La liberté et surtout celle des autres
Mais elle ne peut se satisfaire du sort de ceux qui sont restés là-bas. Libre et à l’abri, Harriet Tubman, qui travaille alors à Philadelphie, rejoint les mouvements abolitionnistes. Mieux, elle décide de revenir à plusieurs reprises dans le Maryland pour libérer des esclaves, dont des membres de sa famille ! Évidemment, en toute clandestinité, à ses risques et périls.
En 19 voyages, on estime qu’elle aurait fait libérer entre 70 et 300 esclaves par le chemin de fer clandestin ! L’Underground Railroad était un réseau de maisons et refuges sûrs, soit « des stations », de routes clandestines, de tunnels et de contacts disséminés dans les États du Sud. Les fuyards pouvaient compter sur cette organisation clandestine pour atteindre la frontière avec les États du Nord, puis le Canada
Une plaque commémorative à Auburn, où a vécu Harriet Tubman. (Illustration : Wikimedia Commons)
L’activité, évidemment dangereuse, n’effrayait pas ce petit bout de femme courageuse qui raconte-t-on, n’hésitait pas à menacer ceux qui souhaitaient faire demi-tour. « Vous continuez ou vous mourrez », intimait cette analphabète qui organisait les évasions plutôt en hiver le samedi soir, parce que les propriétaires d’esclaves devaient alors attendre les journaux du lundi pour diffuser les avis de recherche.
Sa légende personnelle dit qu’elle n’aurait jamais perdu un esclave, une opiniâtreté qui lui vaudra le surnom de « Moïse noire ». L’abolitionniste Frederick Douglas déclare même à son propos : « Je sais que personne n’a volontairement rencontré plus de périls et de difficultés pour rendre service à tous nos esclaves qu’elle. »
Encore des faits d’armes durant la guerre de Sécession
une statue sculptée par Jane DeDecker, représentant Harriet Tubman dans le Michigan. (Photo : Dwight Burdette / Wikimedia Commons)
Quand la guerre de Sécession éclate en 1861, Harriet Tubman s’engage cette fois avec les forces de l’Union (du Nord) en Caroline du Sud. Tantôt cuisinière, tantôt infirmière, tantôt éclaireuse, elle prend notamment une part active dans un raid sur la rivière Combahee où 750 esclaves sont de nouveau libérés. De quoi continuer à écrire sa légende.
Par la suite, cette femme très religieuse, continue son combat de militante pour les droits des femmes et l’antiracisme, mais est obligée de reprendre un travail de domestique pour subvenir à ses besoins. Altruiste jusqu’au bout, elle crée encore un foyer pour personnes indigentes, avant de s’éteindre en 1913 à environ 90 ans dans l’État de New York.
Depuis, elle fait à juste titre partie de l’Histoire des États-Unis qui ont donné son nom à un navire de la Marine en 1944 ou édité un timbre son effigie en 1978, etc. Prochaines étapes : un musée à Cape May dans le New Jersey en 2020 et un biopic. En attendant les billets de 20 dollars ?
Un musée dans quelques mois dans le New Jersey, un biopic en tournage, avant peut-être son visage sur les billets de 20 dollars, un siècle après son décès, Harriet Tubman reste une figure de l’histoire américaine. Portrait.
Harriet Tubman sera-t-elle la première femme noire à orner les billets de 20 dollars aux États-Unis ? Cette volonté de Barack Obama a été remise en cause par l’arrivée de Donald Trump au pouvoir. L’administration estime qu’il y a d’autres priorités, confiait l’un de ses représentants dans le New York Times il y a quelques mois… Une polémique qui n’enlève rien au destin hors norme de cette Américaine du XIXe siècle.
La mort ou la liberté
Née aux alentours de 1820 sur la côte Est du Maryland, dans le comté de Dorchester, Araminta « Minty » Ross de son nom de naissance grandit en tant qu’esclave. Tantôt nourrice fouettée dès que le bébé pleurait, tantôt obligée d’installer des pièges à rats musqués dans l’eau glacée, tantôt assignée à des travaux forestiers ou dans les plantations, elle connaît une première vie de servitude. Elle reçoit même un coup violent à la tête par un surveillant, qui provoque chez elle des évanouissements réguliers tout au long de son existence.
Une gravure sur bois représentant Harriet Tubman pendant la guerre de Sécession. (Illustration : WJ Moses, imprimeur ; stéréotypé de Dennis Bro’s & Co.)
En 1849, alors qu’elle s’apprête à être vendue, celle qui a pris le prénom de sa mère Harriet, décide de faire basculer son destin. Une première tentative de fuite avec deux de ses frères n’aboutit pas : le trio rebrousse chemin. Elle repart seule. « Il y avait deux choses auxquelles j’avais droit, la liberté ou la mort. Si je ne pouvais pas en avoir un, j’aurais l’autre ; car personne ne devait me prendre en vie », dira-t-elle plus tard.
Elle gagne le droit à la liberté après une cavale de plusieurs jours, en suivant l’étoile polaire, pour passer la ligne Mason-Dixon qui séparait les États du Sud esclavagistes et les États du Nord abolitionnistes. Une fois de l’autre côté, elle raconte avoir regardé ses mains « pour voir si j’étais la même personne ».
La liberté et surtout celle des autres
Mais elle ne peut se satisfaire du sort de ceux qui sont restés là-bas. Libre et à l’abri, Harriet Tubman, qui travaille alors à Philadelphie, rejoint les mouvements abolitionnistes. Mieux, elle décide de revenir à plusieurs reprises dans le Maryland pour libérer des esclaves, dont des membres de sa famille ! Évidemment, en toute clandestinité, à ses risques et périls.
En 19 voyages, on estime qu’elle aurait fait libérer entre 70 et 300 esclaves par le chemin de fer clandestin ! L’Underground Railroad était un réseau de maisons et refuges sûrs, soit « des stations », de routes clandestines, de tunnels et de contacts disséminés dans les États du Sud. Les fuyards pouvaient compter sur cette organisation clandestine pour atteindre la frontière avec les États du Nord, puis le Canada
Une plaque commémorative à Auburn, où a vécu Harriet Tubman. (Illustration : Wikimedia Commons)
L’activité, évidemment dangereuse, n’effrayait pas ce petit bout de femme courageuse qui raconte-t-on, n’hésitait pas à menacer ceux qui souhaitaient faire demi-tour. « Vous continuez ou vous mourrez », intimait cette analphabète qui organisait les évasions plutôt en hiver le samedi soir, parce que les propriétaires d’esclaves devaient alors attendre les journaux du lundi pour diffuser les avis de recherche.
Sa légende personnelle dit qu’elle n’aurait jamais perdu un esclave, une opiniâtreté qui lui vaudra le surnom de « Moïse noire ». L’abolitionniste Frederick Douglas déclare même à son propos : « Je sais que personne n’a volontairement rencontré plus de périls et de difficultés pour rendre service à tous nos esclaves qu’elle. »
Encore des faits d’armes durant la guerre de Sécession
une statue sculptée par Jane DeDecker, représentant Harriet Tubman dans le Michigan. (Photo : Dwight Burdette / Wikimedia Commons)
Quand la guerre de Sécession éclate en 1861, Harriet Tubman s’engage cette fois avec les forces de l’Union (du Nord) en Caroline du Sud. Tantôt cuisinière, tantôt infirmière, tantôt éclaireuse, elle prend notamment une part active dans un raid sur la rivière Combahee où 750 esclaves sont de nouveau libérés. De quoi continuer à écrire sa légende.
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