En Antarctique, un monstrueux glacier fond à une vitesse inquiétante
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En Antarctique, un monstrueux glacier fond à une vitesse inquiétante
Par Hélaine Lefrançois ouest france
Aussi vaste que la Floride, le glacier Thwaites, en Antarctique, fond de plus en plus rapidement. Une nouvelle étude détaille l’évolution de ce monstre de glace qui contribue largement à la montée des eaux.
Le glacier de Thwaites est l’un des plus vastes en Antarctique. Les scientifiques le surveillent de près, car ce monstre de glace, un peu plus grand que la Floride (193 000 km² pour être précis), fond à une vitesse préoccupante. Il serait responsable de 4 % de la montée des eaux à l’échelle globale. Une étude publiée dans la revue scientifique Science Advances, et réalisée par une équipe de chercheurs américains, allemand et français, offre un bon aperçu de l’évolution inquiétante de ce glacier.
Comme tout glacier, Thwaites se compose d’une partie posée sur la terre et d’une partie flottante. Sous cette partie flottante, la glace fond à une vitesse impressionnante et une « cavité » s’est formée. Dans le communiqué qui présente l’étude, l’auteur principal, l’Américain Pietro Milillo, utilise ce terme de « cavité » par souci de clarté. En réalité, elle correspond simplement à la glace qui est en contact avec l’eau, précise Jérémie Mouginot, chercheur à l’Institut des Géosciences de l’environnement et à l’Université Grenoble Alpes, qui a participé à cette étude.
34 milliards de tonnes de glace en moins par an
Les scientifiques ne viennent pas de découvrir cette « cavité », ajoute-t-il. Cependant, ils ont pris conscience de sa progression, grâce à des données fournies par des satellites mis en place par la Nasa dans le cadre de l’opération IceBridge. « Dans les années 1980, le glacier déchargeait 87 gigatonnes (soit 87 milliards de tonnes) de glace par an. Il était presque à l’équilibre puisqu’il accumule environ 82 gigatonnes de précipitations neigeuses chaque année, détaille le chercheur français. Entre les années 2000 et 2010, il perdait 101,5 gigatonnes de glace par an, puis 117,3 entre 2010 et 2017. Il a donc perdu en moyenne 34 gigatonnes chaque année entre 2010 et 2017 », explique-t-il.
Thwaites vu de haut. (Photo : Nasa / Wikipedia)
D’après les scientifiques, l’agrandissement de la « cavité » joue un rôle dans la fonte du glacier. « Plus l’eau s’infiltre sous le glacier, plus la fonte s’accélère », peut-on lire dans le communiqué. Elle n’est pas homogène. Les parties les plus profondes du glacier fondent plus rapidement, tout comme celles qui sont grignotées par les courants chauds – « ils font 2 ou 3 °C » précise Jérémie Mouginot – qui remontent jusqu’en Antarctique. Dans cette zone du pôle Sud, les changements de la circulation océanique sont les principaux responsables de l’accélération de la fonte des glaces. La hausse des températures de l’air n’a pas un impact important, la glace fond peu en surface.
Thwaites, voué à disparaître ?
Thwaites est encore massif, mais sa ligne d’échouage – la limite entre la partie flottante et la partie posée – recule. La communauté scientifique s’accorde pour dire que le glacier va disparaître. La question est : quand ? « La vitesse du recul est difficile à estimer », admet Jérémie Mouginot.
Le rétrécissement du glacier est irréversible. Cependant, le rythme auquel il fond pourrait varier, souligne le chercheur. Ce serait le cas si, par exemple, certains courants chauds cessaient de remonter en Antarctique. Il donne l’exemple du Groenland : le territoire danois, recouvert aux trois quarts par une calotte glaciaire, ne perd plus autant de masse depuis 2013-2014. Dans ce cas précis, « c’est dû à un changement de l’atmosphère », explique-t-il, car contrairement à l’Antarctique, la fonte des glaces au Groenland est causée à la fois par l’augmentation des températures et les changements océaniques.
Pour essayer de découvrir ce que le glacier Thwaites nous réserve, les agences américaine, National Science Foundation (NSF), et britannique, British Antarctic Survey, viennent de se lancer dans une expédition de cinq ans. Les chercheurs souhaitent étudier le glacier afin de modéliser son évolution. Ce projet permettra notamment d’anticiper l’impact qu’il aura sur l’élévation du niveau de la mer
Aussi vaste que la Floride, le glacier Thwaites, en Antarctique, fond de plus en plus rapidement. Une nouvelle étude détaille l’évolution de ce monstre de glace qui contribue largement à la montée des eaux.
Le glacier de Thwaites est l’un des plus vastes en Antarctique. Les scientifiques le surveillent de près, car ce monstre de glace, un peu plus grand que la Floride (193 000 km² pour être précis), fond à une vitesse préoccupante. Il serait responsable de 4 % de la montée des eaux à l’échelle globale. Une étude publiée dans la revue scientifique Science Advances, et réalisée par une équipe de chercheurs américains, allemand et français, offre un bon aperçu de l’évolution inquiétante de ce glacier.
Comme tout glacier, Thwaites se compose d’une partie posée sur la terre et d’une partie flottante. Sous cette partie flottante, la glace fond à une vitesse impressionnante et une « cavité » s’est formée. Dans le communiqué qui présente l’étude, l’auteur principal, l’Américain Pietro Milillo, utilise ce terme de « cavité » par souci de clarté. En réalité, elle correspond simplement à la glace qui est en contact avec l’eau, précise Jérémie Mouginot, chercheur à l’Institut des Géosciences de l’environnement et à l’Université Grenoble Alpes, qui a participé à cette étude.
34 milliards de tonnes de glace en moins par an
Les scientifiques ne viennent pas de découvrir cette « cavité », ajoute-t-il. Cependant, ils ont pris conscience de sa progression, grâce à des données fournies par des satellites mis en place par la Nasa dans le cadre de l’opération IceBridge. « Dans les années 1980, le glacier déchargeait 87 gigatonnes (soit 87 milliards de tonnes) de glace par an. Il était presque à l’équilibre puisqu’il accumule environ 82 gigatonnes de précipitations neigeuses chaque année, détaille le chercheur français. Entre les années 2000 et 2010, il perdait 101,5 gigatonnes de glace par an, puis 117,3 entre 2010 et 2017. Il a donc perdu en moyenne 34 gigatonnes chaque année entre 2010 et 2017 », explique-t-il.
Thwaites vu de haut. (Photo : Nasa / Wikipedia)
D’après les scientifiques, l’agrandissement de la « cavité » joue un rôle dans la fonte du glacier. « Plus l’eau s’infiltre sous le glacier, plus la fonte s’accélère », peut-on lire dans le communiqué. Elle n’est pas homogène. Les parties les plus profondes du glacier fondent plus rapidement, tout comme celles qui sont grignotées par les courants chauds – « ils font 2 ou 3 °C » précise Jérémie Mouginot – qui remontent jusqu’en Antarctique. Dans cette zone du pôle Sud, les changements de la circulation océanique sont les principaux responsables de l’accélération de la fonte des glaces. La hausse des températures de l’air n’a pas un impact important, la glace fond peu en surface.
Thwaites, voué à disparaître ?
Thwaites est encore massif, mais sa ligne d’échouage – la limite entre la partie flottante et la partie posée – recule. La communauté scientifique s’accorde pour dire que le glacier va disparaître. La question est : quand ? « La vitesse du recul est difficile à estimer », admet Jérémie Mouginot.
Le rétrécissement du glacier est irréversible. Cependant, le rythme auquel il fond pourrait varier, souligne le chercheur. Ce serait le cas si, par exemple, certains courants chauds cessaient de remonter en Antarctique. Il donne l’exemple du Groenland : le territoire danois, recouvert aux trois quarts par une calotte glaciaire, ne perd plus autant de masse depuis 2013-2014. Dans ce cas précis, « c’est dû à un changement de l’atmosphère », explique-t-il, car contrairement à l’Antarctique, la fonte des glaces au Groenland est causée à la fois par l’augmentation des températures et les changements océaniques.
Pour essayer de découvrir ce que le glacier Thwaites nous réserve, les agences américaine, National Science Foundation (NSF), et britannique, British Antarctic Survey, viennent de se lancer dans une expédition de cinq ans. Les chercheurs souhaitent étudier le glacier afin de modéliser son évolution. Ce projet permettra notamment d’anticiper l’impact qu’il aura sur l’élévation du niveau de la mer
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