Starlink, le dernier projet de Space X, inquiète les astronomes
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Starlink, le dernier projet de Space X, inquiète les astronomes
Par Hélaine Lefrançois
Le 23 mai dernier, l’entreprise américaine Space X a lancé 60 satellites. Ce n’est que la première étape du projet Starlink, qui a pour ambition de fournir la planète entière en internet haut débit. En tout, 12 000 satellites doivent être mis en orbite autour de la Terre d’ici cinq ans. Des astronomes s’inquiètent.
La semaine dernière, un chapelet de points lumineux a été observé à l’œil nu dans le ciel dégagé de la nuit. Ce n’était pas un signal envoyé par des extraterrestres, mais les 60 satellites artificiels mis en orbite par Space X.
Le 23 mai, l’entreprise américaine dirigée par Elon Musk a lancé la première phase de son projet Starlink. En tout, le milliardaire compte placer d’ici les cinq prochaines années 12 000 petits satellites en orbite, afin de permettre à tous les habitants de la Terre d’avoir accès à l’internet haut débit.
Cependant, des astronomes s’inquiètent. Aux États-Unis et en Australie, tout particulièrement, les spécialistes de l’espace ont émis des réserves dès les premières annonces. Le « train » lumineux observé dans le ciel ravive leurs inquiétudes. « Ce phénomène est déconcertant », reconnaît Pascal Descamps, astronome à l’Observatoire de Paris.
Une voûte céleste tachée de points lumineux
La communauté scientifique alerte sur le problème de la pollution visuelle. Sur le réseau social Twitter, l’astronome américain Alex Parker prévient que le nombre de satellites artificiels envoyés par Space X va dépasser le nombre d’étoiles visibles à l’œil nu, soit 9 000. « Si les 12 000 satellites restent visibles, eh bien… J’attends de voir ce qui se passera lorsqu’ils attendront leur orbite finale, mais mon cœur a flanché quand j’ai vu ces premières images », écrit-il.
La voûte céleste va-t-elle réellement être encombrée de points scintillants mobiles ? Pas tout à fait, à en croire Pascal Descamps. Les 60 premiers satellites ont été mis en orbite à 450 kilomètres d’altitude. À terme, ils devraient atteindre « une altitude opérationnelle de 550 km », selon le site de Space X. « En s’éloignant de la Terre, leur luminosité va s’atténuer », rassure l’astronome français.
voilà à quoi ressemble un satellite du projet Starlink. (Photo : Jose Romero / AFP)
Ces satellites, alimentés par l’énergie solaire, brillent lorsque la lumière du soleil se reflète sur leurs panneaux solaires. Ce phénomène se produit donc uniquement juste après le coucher du soleil ou juste avant son lever, pas en plein milieu de la nuit. De plus, ils ne vont pas rester en rang d’oignons, ils vont se disperser. Ils ne seront pas tous exposés en même temps à la lumière du soleil. Elon Musk a tout de même rassuré les astronomes : pour les prochains lancements, il a promis de prendre des mesures afin que les satellites soient moins réfléchissants.
Des images télescopiques gâchées
Les astronomes craignent également que les satellites gâchent les images prises par les télescopes. « Il existe des logiciels qui permettent de connaître les trajectoires des satellites, ce qui permet aux astronomes d’arrêter les prises de vues au moment où un satellite passe dans leur champ de vision », nuance Bruno Mauguin, le coresponsable du planétarium de l’espace des sciences de Rennes.
« Ça ne changera pas grand-chose à la situation actuelle, renchérit Pascal Descamps. Il y a déjà 5 000 satellites en orbite autour de la Terre, dont 2 000 opérationnels. Nous avons l’habitude de voir les satellites laisser des traînées sur les images. Nous pouvons les retravailler », explique-t-il. Toutefois, l’abondance de satellites risque de gêner les astronomes amateurs qui ne possèdent pas forcément ce matériel.
Vers une surabondance de satellites ?
Les inquiétudes des astronomes soulèvent un problème de fond : il n’existe pas vraiment de régulation internationale concernant l’invasion de l’espace. Pascal Descamps et Bruno Mauguin sont catégoriques : le nombre de satellites envoyés en orbite va augmenter. « D’ici une centaine d’années, il y aura peut-être 50 000 satellites en orbite », spécule le Rennais.
Elon Musk. (Photo : Steve Jurvetson / Flickr)
De plus en plus de satellites sont envoyés dans des orbites basses, comme ceux de Space X, note Pascal Descamps. « C’est un autre souci : cela risque d’augmenter les risques de collision, de débris spatiaux… C’est un environnement pollué qu’il faut surveiller », dit-il. Là encore, le progrès technologique résout en partie ce problème. Les logiciels modernes permettent de calculer à quel moment une fusée peut être envoyée dans l’espace sans entrer en collision avec un satellite.
« Le progrès se traduit toujours par une augmentation de la pollution. Il faut trouver un compromis entre la pollution générée par ces satellites et l’utilité de cette constellation qui permet à un plus grand nombre d’accéder à internet », conclut Bruno Mauguin.
« Un marché juteux »
C’est ce que défend Elon Musk sur le réseau social Twitter. Ce projet peut « potentiellement aider des milliards de personnes désavantagées ». Cependant, le milliardaire américain ne s’est pas lancé dans cette course à internet dans l’espace par pure philanthropie. Il s’y retrouve financièrement. Les revenus générés par Starlink pourraient atteindre 30 milliards de dollars par an, selon lui.
« C’est un marché juteux, qui attise les convoitises », note Pascal Descamps. Outre Space X, d’autres entreprises privées – comme Boeing, Amazon via la société Kuiper Systems et Samsung pour n’en citer que quelques-unes – ont des projets sur le feu et s’apprêtent elles aussi à déployer des constellations de satellites dans le ciel.
« Il faut espérer une prise de conscience de la part de ces industriels. Cela pourrait avoir un impact considérable sur nos sociétés car nous sommes habitués à vivre avec un ciel noir, serein. Imaginez ce qui se passerait si le ciel était constamment constellé de petits points brillants qui bougent », dit le chercheur.
ouest france
Le 23 mai dernier, l’entreprise américaine Space X a lancé 60 satellites. Ce n’est que la première étape du projet Starlink, qui a pour ambition de fournir la planète entière en internet haut débit. En tout, 12 000 satellites doivent être mis en orbite autour de la Terre d’ici cinq ans. Des astronomes s’inquiètent.
La semaine dernière, un chapelet de points lumineux a été observé à l’œil nu dans le ciel dégagé de la nuit. Ce n’était pas un signal envoyé par des extraterrestres, mais les 60 satellites artificiels mis en orbite par Space X.
Le 23 mai, l’entreprise américaine dirigée par Elon Musk a lancé la première phase de son projet Starlink. En tout, le milliardaire compte placer d’ici les cinq prochaines années 12 000 petits satellites en orbite, afin de permettre à tous les habitants de la Terre d’avoir accès à l’internet haut débit.
Cependant, des astronomes s’inquiètent. Aux États-Unis et en Australie, tout particulièrement, les spécialistes de l’espace ont émis des réserves dès les premières annonces. Le « train » lumineux observé dans le ciel ravive leurs inquiétudes. « Ce phénomène est déconcertant », reconnaît Pascal Descamps, astronome à l’Observatoire de Paris.
Une voûte céleste tachée de points lumineux
La communauté scientifique alerte sur le problème de la pollution visuelle. Sur le réseau social Twitter, l’astronome américain Alex Parker prévient que le nombre de satellites artificiels envoyés par Space X va dépasser le nombre d’étoiles visibles à l’œil nu, soit 9 000. « Si les 12 000 satellites restent visibles, eh bien… J’attends de voir ce qui se passera lorsqu’ils attendront leur orbite finale, mais mon cœur a flanché quand j’ai vu ces premières images », écrit-il.
La voûte céleste va-t-elle réellement être encombrée de points scintillants mobiles ? Pas tout à fait, à en croire Pascal Descamps. Les 60 premiers satellites ont été mis en orbite à 450 kilomètres d’altitude. À terme, ils devraient atteindre « une altitude opérationnelle de 550 km », selon le site de Space X. « En s’éloignant de la Terre, leur luminosité va s’atténuer », rassure l’astronome français.
voilà à quoi ressemble un satellite du projet Starlink. (Photo : Jose Romero / AFP)
Ces satellites, alimentés par l’énergie solaire, brillent lorsque la lumière du soleil se reflète sur leurs panneaux solaires. Ce phénomène se produit donc uniquement juste après le coucher du soleil ou juste avant son lever, pas en plein milieu de la nuit. De plus, ils ne vont pas rester en rang d’oignons, ils vont se disperser. Ils ne seront pas tous exposés en même temps à la lumière du soleil. Elon Musk a tout de même rassuré les astronomes : pour les prochains lancements, il a promis de prendre des mesures afin que les satellites soient moins réfléchissants.
Des images télescopiques gâchées
Les astronomes craignent également que les satellites gâchent les images prises par les télescopes. « Il existe des logiciels qui permettent de connaître les trajectoires des satellites, ce qui permet aux astronomes d’arrêter les prises de vues au moment où un satellite passe dans leur champ de vision », nuance Bruno Mauguin, le coresponsable du planétarium de l’espace des sciences de Rennes.
« Ça ne changera pas grand-chose à la situation actuelle, renchérit Pascal Descamps. Il y a déjà 5 000 satellites en orbite autour de la Terre, dont 2 000 opérationnels. Nous avons l’habitude de voir les satellites laisser des traînées sur les images. Nous pouvons les retravailler », explique-t-il. Toutefois, l’abondance de satellites risque de gêner les astronomes amateurs qui ne possèdent pas forcément ce matériel.
Vers une surabondance de satellites ?
Les inquiétudes des astronomes soulèvent un problème de fond : il n’existe pas vraiment de régulation internationale concernant l’invasion de l’espace. Pascal Descamps et Bruno Mauguin sont catégoriques : le nombre de satellites envoyés en orbite va augmenter. « D’ici une centaine d’années, il y aura peut-être 50 000 satellites en orbite », spécule le Rennais.
Elon Musk. (Photo : Steve Jurvetson / Flickr)
De plus en plus de satellites sont envoyés dans des orbites basses, comme ceux de Space X, note Pascal Descamps. « C’est un autre souci : cela risque d’augmenter les risques de collision, de débris spatiaux… C’est un environnement pollué qu’il faut surveiller », dit-il. Là encore, le progrès technologique résout en partie ce problème. Les logiciels modernes permettent de calculer à quel moment une fusée peut être envoyée dans l’espace sans entrer en collision avec un satellite.
« Le progrès se traduit toujours par une augmentation de la pollution. Il faut trouver un compromis entre la pollution générée par ces satellites et l’utilité de cette constellation qui permet à un plus grand nombre d’accéder à internet », conclut Bruno Mauguin.
« Un marché juteux »
C’est ce que défend Elon Musk sur le réseau social Twitter. Ce projet peut « potentiellement aider des milliards de personnes désavantagées ». Cependant, le milliardaire américain ne s’est pas lancé dans cette course à internet dans l’espace par pure philanthropie. Il s’y retrouve financièrement. Les revenus générés par Starlink pourraient atteindre 30 milliards de dollars par an, selon lui.
« C’est un marché juteux, qui attise les convoitises », note Pascal Descamps. Outre Space X, d’autres entreprises privées – comme Boeing, Amazon via la société Kuiper Systems et Samsung pour n’en citer que quelques-unes – ont des projets sur le feu et s’apprêtent elles aussi à déployer des constellations de satellites dans le ciel.
« Il faut espérer une prise de conscience de la part de ces industriels. Cela pourrait avoir un impact considérable sur nos sociétés car nous sommes habitués à vivre avec un ciel noir, serein. Imaginez ce qui se passerait si le ciel était constamment constellé de petits points brillants qui bougent », dit le chercheur.
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