Trégor-Goëlo. Clichés, armoires et costumes
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Trégor-Goëlo. Clichés, armoires et costumes
7 mai 2015 / Éric Rannou
Yvette L'Hostis et Bertrand Thollas (assis) ont reçu le renfort photographique de Pascal Le Coz (debout, à gauche) pour leur livre édité par la Coop Breizh représenté par Erwan Chartier Le Floch (debout, à droite).
C'est la première synthèse sur le costume traditionnel du Trégor et du Goëlo. Dans cet ouvrage publié chez Coop Breizh, Bertrand Thollas et Yvette L'Hostis veulent remettre les coiffes à l'heure. Dans le Trégor-Goëlo, le costume n'est pas terne et triste. Pour ouvrir ces armoires, il faut en boire du café. Bertrand Thollas, chorégraphe du cercle celtique de Guingamp, en sait quelque chose. Il en a bu quelques litres avant de voir s'étaler sur la table le linge de famille : « Le premier rendez-vous, la conversation se fait en breton. Vous leur faites comprendre que vous comprenez le breton. Après, on repasse en français. Vous passez la journée à boire du café et à parler du beau temps. Le soir est arrivé, on s'en va. Vous n'avez rien vu. Vous n'avez eu aucune info ». Découragé Bertrand Thollas ? Pas du tout... « Vous rentrez dans leur intimité » « Vous retournez à la charge. Au bout de la troisième fois, on a quelque chose à vous montrer. On vous sort la petite photo, le petit truc... On commence à s'intéresser. C'était qui ? La Grand-mère. On sort des nouvelles photos. Et au bout d'un moment, ils ouvrent l'armoire et ils vous sortent la coiffe, le châle, le tablier... Vous rentrez dans leur intimité ». Sur la table, Bertrand Thollas trouve des nouvelles pièces d'un puzzle bien plus grand : le costume du Trégor et du Goëlo. L'homme n'est pas seul à pratiquer ce porte-à-porte. Depuis le début des années 80, Yvette L'Hostis, du cercle celtique de Paimpol, va « voir les anciens toutes les semaines. On a travaillé chacun de notre côté. On a tout mis en commun ». Elle tient dans ses mains leur bébé publié chez Coop Breizh : un ouvrage intitulé « Le costume du Trégor et du Goëlo ». « C'est le quatrième que l'on a sur les costumes bretons. C'est une collection qui marche très bien sur les différents terroirs », explique Erwan Chartier Le Floch, de la Coop Breizh.
« Il y a un costume dans le Trégor ? »
Après les costumes de mariage, ceux des Glaziks et des Bigoudens, la Coop Breizh s'offre une plongée au coeur des traditions du Trégor Goëlo. Vaste sujet pour un vaste territoire ! Regroupant 166 communes, il s'étend de Morlaix à Paimpol et de Lannion à Saint-Gilles-Pligeaux. À l'aide de cet ouvrage, Bertrand Thollas peut enfin rétablir quelques vérités écornées par des clichés ayant l'étoffe solide : « On va mettre à mal certaines choses ! Pendant de nombreuses années, les gens disaient : « Il y a un costume dans le Trégor ? On a dansé dans le Trégor ? C'est noir et terne. Le Trégor, c'est une région pauvre. Les costumes sont pauvres ». C'est faux. La richesse des costumes ne se voit pas dans le Trégor. Tout est dans la confection et les matières utilisées : beaucoup up de soierie. Ça ne se voit pas. Une jupe tout en soie, c'est très beau ». Le noir n'évoque pas le deuil. C'était tout simplement la couleur à la mode. C'est chic à la fin du second empire ! Pour les broderies, c'est un peu le même scénario. Elles ne sont pas tape-à-l'œil : « C'est ton sur ton ». Pour suivre la liturgie En feuilletant cet ouvrage, le béotien pourra voir l'évolution de ce costume depuis 1840. « On a fait beaucoup de collectage. On s'est basé sur des fonds anciens. Les témoignages que l'on a collectés ne sont que ceux des personnes ayant porté ou ayant vu porter le costume ». Ne cherchez pas ce que Monsieur portait à l'époque ! « Le costume d'homme n'a pas évolué depuis 1840. Le costume de ville s'est tout de suite imposé ». Pour les femmes, c'est une autre paire de manches. Elles pouvaient jouer de la coiffe et du châle. Et ce dernier pouvait, parfois, prendre des couleurs : « C'était pour suivre la liturgie. Il fallait beaucoup d'argent. C'était chez les gens très aisés. Ils avaient toutes les couleurs ». Richement illustrée, cette synthèse ne doit pas être perçue comme une bible : « Aujourd'hui, c'est ce que l'on sait », précise Bertrand Thollas. Il reste encore bien des voiles à lever : « Certaines choses sont encore floues. Pour XIX e siècle, c'est toute l'architecture du montage des coiffes. On a les coiffes anciennes. On a des photos. Maintenant, c'est un grand jeu d'origami pour essayer de remettre comme c'était. On n'a pas complètement élucidé le système de pliage. On est sur de l'hypothèse ».
Un an d'écriture
Les armoires n'ont pas livré tous leurs secrets : « Où étaient brodés les châles ? On n'a pas retrouvé, sur toute la côte nord, d'ateliers de broderie. Quand on voit l'ampleur des pièces, on sait que c'était fait sur des métiers à broder par des personnes qui avaient une certaine dextérité. Il y avait des boutiques . On achetait les châles sur catalogue. Trois ou quatre mois après, le châle était fait ». Après « quatre ans de remise à plat » de ce qu'ils avaient collecté et un an d'écriture, Bertrand et Yvette savent très bien que la dernière page de leur livre est loin d'être écrite.
http://www.letelegramme.fr/cotes-darmor/guingamp/tregor-goelo-cliches-armoires-et-costumes-07-05-2015-10619783.php
Yvette L'Hostis et Bertrand Thollas (assis) ont reçu le renfort photographique de Pascal Le Coz (debout, à gauche) pour leur livre édité par la Coop Breizh représenté par Erwan Chartier Le Floch (debout, à droite).
C'est la première synthèse sur le costume traditionnel du Trégor et du Goëlo. Dans cet ouvrage publié chez Coop Breizh, Bertrand Thollas et Yvette L'Hostis veulent remettre les coiffes à l'heure. Dans le Trégor-Goëlo, le costume n'est pas terne et triste. Pour ouvrir ces armoires, il faut en boire du café. Bertrand Thollas, chorégraphe du cercle celtique de Guingamp, en sait quelque chose. Il en a bu quelques litres avant de voir s'étaler sur la table le linge de famille : « Le premier rendez-vous, la conversation se fait en breton. Vous leur faites comprendre que vous comprenez le breton. Après, on repasse en français. Vous passez la journée à boire du café et à parler du beau temps. Le soir est arrivé, on s'en va. Vous n'avez rien vu. Vous n'avez eu aucune info ». Découragé Bertrand Thollas ? Pas du tout... « Vous rentrez dans leur intimité » « Vous retournez à la charge. Au bout de la troisième fois, on a quelque chose à vous montrer. On vous sort la petite photo, le petit truc... On commence à s'intéresser. C'était qui ? La Grand-mère. On sort des nouvelles photos. Et au bout d'un moment, ils ouvrent l'armoire et ils vous sortent la coiffe, le châle, le tablier... Vous rentrez dans leur intimité ». Sur la table, Bertrand Thollas trouve des nouvelles pièces d'un puzzle bien plus grand : le costume du Trégor et du Goëlo. L'homme n'est pas seul à pratiquer ce porte-à-porte. Depuis le début des années 80, Yvette L'Hostis, du cercle celtique de Paimpol, va « voir les anciens toutes les semaines. On a travaillé chacun de notre côté. On a tout mis en commun ». Elle tient dans ses mains leur bébé publié chez Coop Breizh : un ouvrage intitulé « Le costume du Trégor et du Goëlo ». « C'est le quatrième que l'on a sur les costumes bretons. C'est une collection qui marche très bien sur les différents terroirs », explique Erwan Chartier Le Floch, de la Coop Breizh.
« Il y a un costume dans le Trégor ? »
Après les costumes de mariage, ceux des Glaziks et des Bigoudens, la Coop Breizh s'offre une plongée au coeur des traditions du Trégor Goëlo. Vaste sujet pour un vaste territoire ! Regroupant 166 communes, il s'étend de Morlaix à Paimpol et de Lannion à Saint-Gilles-Pligeaux. À l'aide de cet ouvrage, Bertrand Thollas peut enfin rétablir quelques vérités écornées par des clichés ayant l'étoffe solide : « On va mettre à mal certaines choses ! Pendant de nombreuses années, les gens disaient : « Il y a un costume dans le Trégor ? On a dansé dans le Trégor ? C'est noir et terne. Le Trégor, c'est une région pauvre. Les costumes sont pauvres ». C'est faux. La richesse des costumes ne se voit pas dans le Trégor. Tout est dans la confection et les matières utilisées : beaucoup up de soierie. Ça ne se voit pas. Une jupe tout en soie, c'est très beau ». Le noir n'évoque pas le deuil. C'était tout simplement la couleur à la mode. C'est chic à la fin du second empire ! Pour les broderies, c'est un peu le même scénario. Elles ne sont pas tape-à-l'œil : « C'est ton sur ton ». Pour suivre la liturgie En feuilletant cet ouvrage, le béotien pourra voir l'évolution de ce costume depuis 1840. « On a fait beaucoup de collectage. On s'est basé sur des fonds anciens. Les témoignages que l'on a collectés ne sont que ceux des personnes ayant porté ou ayant vu porter le costume ». Ne cherchez pas ce que Monsieur portait à l'époque ! « Le costume d'homme n'a pas évolué depuis 1840. Le costume de ville s'est tout de suite imposé ». Pour les femmes, c'est une autre paire de manches. Elles pouvaient jouer de la coiffe et du châle. Et ce dernier pouvait, parfois, prendre des couleurs : « C'était pour suivre la liturgie. Il fallait beaucoup d'argent. C'était chez les gens très aisés. Ils avaient toutes les couleurs ». Richement illustrée, cette synthèse ne doit pas être perçue comme une bible : « Aujourd'hui, c'est ce que l'on sait », précise Bertrand Thollas. Il reste encore bien des voiles à lever : « Certaines choses sont encore floues. Pour XIX e siècle, c'est toute l'architecture du montage des coiffes. On a les coiffes anciennes. On a des photos. Maintenant, c'est un grand jeu d'origami pour essayer de remettre comme c'était. On n'a pas complètement élucidé le système de pliage. On est sur de l'hypothèse ».
Un an d'écriture
Les armoires n'ont pas livré tous leurs secrets : « Où étaient brodés les châles ? On n'a pas retrouvé, sur toute la côte nord, d'ateliers de broderie. Quand on voit l'ampleur des pièces, on sait que c'était fait sur des métiers à broder par des personnes qui avaient une certaine dextérité. Il y avait des boutiques . On achetait les châles sur catalogue. Trois ou quatre mois après, le châle était fait ». Après « quatre ans de remise à plat » de ce qu'ils avaient collecté et un an d'écriture, Bertrand et Yvette savent très bien que la dernière page de leur livre est loin d'être écrite.
http://www.letelegramme.fr/cotes-darmor/guingamp/tregor-goelo-cliches-armoires-et-costumes-07-05-2015-10619783.php
Re: Trégor-Goëlo. Clichés, armoires et costumes
Les costumes du Trégor et du Goëlo seraient tristes… Une idée reçue que Bertrand Thollas et Yvette L’Hostis mettent à mal dans leur récent ouvrage.
Bertrand Thollas, responsable de la commission costume et chorégraphe du cercle guingampais Kroaz Hent, et Yvette L’Hostis, fondatrice du musée du costume de Goëlo et du Trégor à Paimpol, ont entrepris de collecter photos et pièces de costumes auprès de femmes ayant porté elle-même le costume, ou dont l’une des proches portait le costume…
Un travail de fourmi que les deux férus de culture bretonne ont mis en commun. « Il nous a fallu quatre ans pour mettre à plat les multiples données que nous avions recueillies, avant de nous attaquer à l’écriture qui nous a pris une bonne année », sourient-ils. Leur livre retrace l’évolution du costume, de 1840 à la fin de la Seconde Guerre mondiale, aux quatre coins d’un territoire breton très étendu. « Il traite des costumes portés dans 166 communes, de Morlaix à Paimpol, et de Lannion à Carnoët, voire au-delà », précise Yvette L’Hostis.
« On a trop souvent l’image d’un costume pauvre ou triste lorsque l’on parle des costumes trégorrois, regrettent les deux spécialistes. Sans compter qu’on associe le noir au deuil. Ce qui est totalement erroné. Le noir, dans ces années-là, symbolisait le chic. Comme c’est encore le cas aujourd’hui ! »
Le Costume du Trégor et du Goëlo, édition Coop-Breizh, 127 pages, 22 €.
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Richement illustré et coécrit par deux spécialistes (Yvette L’Hostis et Bertrand Thollas), membres des cercles celtiques de Guingamp et Paimpol, ce livre propose la première synthèse sur le costume traditionnel du Trégor et du Goëlo. Cette région se caractérise par la sobriété du costume masculin et par le port, chez les femmes, de la toukenn, cette coiffe si reconnaissable portée de Guerlesquin jusqu’à Paimpol. Si elle ne possède pas l’exubérance des terroirs de Cornouaille ou du Vannetais, la mode du Trégor et du Goëlo se distingue par la richesse et l’élégance de certains de ses atours comme les grands châles de cachemire colorés.
Au-delà du costume, cet ouvrage nous plonge dans l’âme et l’histoire du Trégor-Goëlo, l’un des pays les plus attachants de Bretagne.
https://coopbreizh.wordpress.com/2015/04/22/vient-de-paraitre-le-costume-du-tregor-goelo/
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