Hiroo Onoda, le dernier soldat japonais

Le destin de Hiroo Onoda est extraordinaire. Enrôlé dans l'armée impériale japonaise à 20 ans, il va combattre jusqu'à la réédition du Japon, en 1945. Mais ne croyant pas à la défaite, il va continuer à se battre, pendant près de 30 ans, sur une petite île des Philippines. Il ne se rendra qu'en 1974, en présence de son ancien chef, qui lui confirma que la guerre est bien terminée

Le 28 février 1945, sur la petite île stratégique de Lubang, à 150 km au sud-ouest de la baie de Manille, un officier, le major Yoshimi Taniguchi, s'adresse au jeune lieutenant Hiroo Onoda : « Cela peut prendre trois ans, cela peut prendre cinq, mais quoi qu'il arrive, nous reviendrons pour vous ». C'est une promesse. Mais il faudra à l'officier 29 ans avant de pouvoir la remplir. C'est le début d'une histoire extraordinaire, celle de Hiroo Onoda.

Né le 19 mars 1922 à Kainan, au Japon, Onoda rejoint l'armée à ses 20 ans, en 1942. À l'issue de son service militaire (d'abord au 61e régiment d'infanterie puis au 218e régiment d'infanterie), il est retenu pour suivre une formation spécialisée à l'école Nakano à l'été 1944, principal centre de formation pour les opérations de renseignement militaire. Il y étudie la guérilla, l'histoire, les arts martiaux, la propagande ainsi que les opérations secrètes, clé de sa survie future. Il est, dès la fin de l'année 1944, envoyé sur Lubang, une petite île stratégique à 150 km au sud-ouest de la baie de Manille.

Le major Yoshimi Taniguchi, chef de l'unité, fait promettre à ses soldats de se battre jusqu'au bout : Onoda est prêt pour une guerre qui va durer ... 30 ans ! Mais alors que les Américains débarquent sur l'île et ne rencontrent qu'une faible résistance, les Japonais privilégiant la guérilla depuis la jungle, la défaite japonaise est actée à l'été 1945. Et lorsque le Japon se rend officiellement en septembre de cette année-là, Onoda, comme d'autres soldats impériaux, refuse de le croire. Il se retrouve rapidement avec trois camarades : Yuichi Akatsu, Siochi Shimada et Kinshichi Kozuka.

Les quatre hommes, qui se nourrissent de bananes, noix de coco et du riz volé dans les villages voisins, continuent leur guerre, combattant aussi bien les villageois que les soldats qu'ils considérent comme des guérilleros ennemis. Ils vont faire près de 30 victimes. Et ils refusent toujours de se rendre, malgré les tracts, les appels, les attaques. Akatsu se rend finalement aux forces philippines en 1950. Shimada est tué en 1954 lors d'un affrontement avec la police locale, Kozuka dans des conditions identiques en 1972. Mais Onoda continue sa guerre. Il a alors 50 ans.

En 1974, l'histoire prend une direction inédite : alors même qu'il était déclaré mort depuis 1959 et qu'aucune attaque n'avait eu lieu depuis la mort de Kozuka deux ans auparavant, un jeune étudiant japonais, Norio Suzuki, se rend en février 1974 sur l'île. Il parvient à rencontrer Onoda et lui explique que la guerre est terminée depuis 1945. Ce dernier refuse d'y croire et affirme que seul un ordre officiel de son supérieur peut mettre un terme à son combat. De retour au Japon, Suzuki contacte l'armée japonaise et au printemps, retourne sur place avec une délégation, le frère du lieutenant et l'ancien chef de Onoda, l'ex-major Yoshimi Taniguchi. En entendant son ancien chef, Onoda comprend, enfin.

Le 9 mars 1974, Onoda sort de la jungle philippine, son uniforme impérial japonais en lambeaux, qu'il porte quotidiennement depuis 1944, mais remarquablement en forme malgré les 29 années de privation. C'est la fin de 29 années de guérilla.

Le 11 mars 1974, il se rend au Président philippin Ferdinand E. Marcos, lui remettant son sabre. Ce dernier le gracie pour ses crimes. C'est la fin officielle de son combat. Onoda rentre au Japon, comme un héros national. Mais il décide de quitter l'archipel japonais, ne reconnaissant plus son pays d'autrefois. Après 10 ans d'exil au Brésil, il revient finalement au Japon, où il décède, début 2014, à 91 ans
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Le 11 mars 1974, il se rend au Président philippin Ferdinand E. Marcos, lui remettant son sabre

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