Pour ne pas oublier l'audace, la bravoure, la solidarité et la détermination de certains de nos aînés ...
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Pour ne pas oublier l'audace, la bravoure, la solidarité et la détermination de certains de nos aînés ...
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Il y a 77 ans, le 22 mars 1944, 12 résistants internés parvenaient à s'évader de la prison Chave de Marseille.
C'est Rudy qui, le premier, conçoit le projet d'évasion. Les chances de succès paraissent maigres car la prison est bien gardée, les murs d'enceinte sont très hauts, les cellules des détenus solidement verrouillées. Une douzaine de policiers tiennent le poste de garde, situé à l’entrée de la prison donnant sur le 193 du Boulevard Chave. Tout au long de la nuit de nombreux policiers font la ronde autour de la prison, il leur faut environ un quart d’heure pour en faire le tour complet.
Rudy, dont le beau-frère est incarcéré à Chave, contacte un des gardiens : Raffaëlli. Peu décidé au début, Raffaëlli après maintes hésitations, accepte enfin d'aider Rudy et participera lui-même à l'évasion. Rudy présente le gardien à Lévis et l'opération est mise au point. Les armes manquent, il y a un revolver pour deux assaillants, mais on attaquera quand même
Le 21 mars 1944, Raffaëli prévient Lévis qu'il y aura une «bonne garde» le lendemain, il faut en profiter car des gardiens de prison pas trop zélés seront moins gênants. Il sera plus facile de les berner et de les maîtriser le cas échéant.
Dans l'après-midi du 22 mars, les Groupes-Francs arrêtent les derniers préparatifs, ils vont passer à l'action.
À 23 heures 00, Rudy, muni de deux échelles de corde qu'il avait préparées, et accompagné de Lévis, Templier et Marcel, longent le Jarret. Ils franchissent le mur le bordant et se dissimulent dans un pré juste derrière la prison. C'est le couvre-feu, il ne faut pas circuler. Un moment après, Bayard rejoint les quatre hommes bien tapis. Le temps est long, l'opération est prévue pour 03 heures 30.
À 03 heures 15, Jacques Méker et cinq hommes de son groupe, Daniel, Raoul, Georges le Grec, A. F. et Marc, se dissimulent à l'autre angle de la prison, rue Georges et rue de Verdun. À 3 heures 30, Bayard et ses quatre camarades franchissent le mur du pré. Ils sont à 5 mètres du mur d'enceinte de la prison, rue de Verdun. Bayard, à l'aide de sa lampe électrique voilée d'un mouchoir, signale à Méker et son équipe qu'il va passer à l'action. Il faut que Méker soit particulièrement vigilant et signale à Bayard tout ce qui peut être suspect pendant le coup de main. Méker fait immédiatement poster deux de ses hommes à l'angle du boulevard Chaire pour surveiller l'entrée de la prison.
Mais les pas d'une patrouille se font entendre. Les G.F. se terrent de nouveau derrière le mur du pré, le doigt sur la détente des revolvers. La patrouille se dirige droit vers eux, puis s'éloigne et continue la ronde imperturbablement.
Les G.F. escaladent à nouveau le mur du pré. Il faut faire vite. La patrouille repassera peut-être dans quelques instants. S'il y a lutte, l'équipe de Méker constituera le renfort. Derrière le mur d'enceinte de la prison quelques pas qui se veulent étouffés. Ce sont les détenus...
Raffaëli a bien mis à profit l'assoupissement de ses camarades gardiens occupant le kiosque au centre de la prison, et auxquels il avait offert du café mélangé à une drogue. Raffaëli s'empare du revolver de l'un d'eux et le remet à René Serré, puis il ouvre les cellules. Les détenus traversent la cellule des condamnés à mort et la cour des condamnés à mort. Puis, grâce à une échelle qu'il a trouvée miraculeusement dans la prison, Raffaëli fait franchir aux douze détenus le premier mur intérieur bordant le chemin de ronde.
Les G.F. lancent les deux échelles de corde aux quelles les détenus s'accrochent. Malheureusement les barreaux de la première échelle cèdent. Celle-ci devient inutilisable, mais les barreaux de l'autre tiennent bon. Brutalement les détenus saisissent les premiers échelons de cette unique échelle. Le choc est si violent que Marcel, l'ex-gendarme, qui retient l'échelle, se voit arraché du sol et entraîné vers la prison. Ses camarades rétablissent l'équilibre. Puis une tête apparaît sur le mur...
Les douze détenus et le gardien Raffaëli escaladent rapidement le mur d'enceinte : 9 mètres de montée, 7 mètres de descente. Il n'y a pas d'accident.
Les douze détenus libérés sont : Camille Cresta, âgé de 17 ans, le Polonais Laurent Kiska, communiste, membre de la MOI, qui se tirera une balle dans la tête en juin plutôt que de tomber dans les mains des Allemands, René Serre, des G. F., qui est le seul détenu armé, Kiska et Serre étaient condamnés à mort. Puis les communistes : Charles Poli, Robert Michel, Édouard Lambert , Henri Faurite ; Serge Vivaldi qui a été « interrogé » si brutalement par les policiers de la 9ème brigade qu'il en est resté sourd, Henri Teissier, G.F., Constant Drouet, qui sera fusillé en mai par la Gestapo, Guy Arnaud, G.F., Roger Cabras. Ces trois derniers avaient été arrêtés le 10 janvier 1944 après avoir tenté d'abattre le chef de la Milice de Marseille.
Deux des évadés avaient été incarcérés à Chave la veille à 17 heures. Ils furent stupéfaits lorsqu'en pleine nuit Serre, revolver à la main, leur proposa « la belle ». Un troisième détenu, destiné à être interné à Chave, s'était évadé la veille, en sautant du troisième étage de la 9ème brigade mobile.
Évadés et « évadeurs » sont tous là. On saute le petit mur du pré, on ressaute le mur qui sépare le pré du Jarret. Lévis en tête dirige la colonne vers les « planques » qu'il a préparées dans la banlieue, à Bois-Luzy. À 5 heures 00, tous les évadés sont logés chez Lévis, ou chez Jacques Cheminaud ou encore dans la famille d'Edmond Fabre.
(Récit d'après celui de Madeleine Baudoin)
N'oublions pas, et inspirons notre quotidien de cette solidarité et de cette détermination sans faille ...
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