Ainsi mourut Georges Mandel, le 7 juillet 1944.

Mandel dans les années 1930.
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Nous sommes au coeur de la forêt de Fontainebleau à quelques dizaines de kilomètres de Paris. C'est un après midi de juillet, il fait chaud et une voiture est arrêtée sur le sentier, le capot est levé. Les occupants de la voiture vont et viennent sur la route dans un silence que seul les légers bruits de la nature qui les entourent vient briser. Soudain, neuf coups de feu brisent le silence. Un homme, alors âgé de 59 ans s'affaisse sur la route. Ainsi mourut Georges Mandel, le 7 juillet 1944.

Né en Juin 1885 sous le nom de Louis George Rotschild, Georges Mandel -dont une des avenues les plus vastes du 16ème arrondissement de Paris porte le nom- a su laissé dans la mémoire un souvenir de légende de la politique française. Alors que certains ont su s'imposer dans ce milieu du fait de leur nominations successives à des postes à hautes responsabilités, Mandel, qui ne siègera finalement pas beaucoup au gouvernement reste dans les souvenirs pour son patriotisme et sa remarquable aptitude à aller contre le sens du vent.

Maurice Solnlen, alias Mansuy, milicien et assassin de Mandel

Issu d'une famille de commerçants, Louis Rotschild choisit la voie du journalisme à 17 ans. Désireux de s'éloigner de ses homonymes que sont la famille de fortunés banquiers du même nom, il adopte le nom de sa mère et devient Georges Mandel.

Il entre alors à "l'Aurore", journal tenu par la plus grande figure politique de l'époque Georges Clémenceau, dont il deviendra un assidu collaborateur, autant en journalisme que plus tard en politique. Fervent patriote et idéaliste, il évoque dès ses 13 ans la volonté de retourner l'Alsace opprimée à la France.

Et alors que Clémenceau est rappelé comme président du Conseil en 1917, c'est Mandel qui devient son principal collaborateur en tant que chef de cabinet. Il s'occupe alors de nombreuses affaires tandis que "Le Tigre" est lui occupé par la gestion du premier conflit mondial. En 1919, après 9 ans d'échecs électoraux, Mandel se présente en Girondes et voit sa carrière politique décollé jusqu'à être nommé ministre en 1934, puis par la suite ministre des colonies en 1938 dans le gouvernement Daladier.

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Farouchement opposé à l'Allemagne, Georges Mandel est scandalisé par les accords de Munich signés en 1938 entre Hitler et Daladier, il s'emploie à préparer l'empire colonial français à la guerre qui s'annonce. Il ira même jusqu'à proposer une alliance avec l'Union soviétique bien que ça soit à l'opposé de ses valeurs. Il n'aura ainsi pas manqué de lucidité puisque quelque mois plus tard, la guerre est déclarée. Alors que la France est envahie par les allemands en mai 1940 et que le ministère Daladier tombe, Reynaud a besoin de lucidité dans son nouveau gouvernement. Il nomme ainsi Mandel au Ministère de l'Intérieur et un certain Charles De Gaulle au Secrétariat d'Etat à la Guerre.

Face à ce qu'il considère être le "défaitisme" de Pétain et Weygand, ainsi que d'une bonne partie du reste du gouvernement, il est l'un des seuls , avec De Gaulle,  à vouloir continuer le combat jusque dans les colonies. Et quand De Gaulle pense la poursuite de la guerre " jusqu'au bout " inefficace auprès d'un gouvernement qui souhaite la paix et qu'il envisage de démissionner, c'est Mandel qui le retient " Ne pensez qu’à ce qui doit être fait pour la France et songez que, le cas échéant, votre fonction actuelle pourra vous faciliter les choses. ". Selon De Gaulle lui même, l'histoire aurait été bien différente sans ce conseil.

Et alors que le général s'envole vers Londres pour continuer la résistance face à l'Allemagne, Mandel décide de rester pour jouer un contrepoids après la prise de pouvoir de Pétain. Il est arrêté le 17 juin sur ordre de Pétain. Suite aux pressions du président de la république Albert Lebrun et d'autres personnalités importantes, il finit par être relâché. Pétain rédigera alors, suite aux pressions une lettre d'excuses à un Mandel qui " plaint la France de l'avoir choisi. "


Au premier plan, Weygand et Pétain tels qu'ils sont interprétés dans le récent film De Gaulle. À l'arrière, De Gaulle ( Lambert Wilson ) et Mandel ( Gilles Cohen ) sont en pleine discussion.



Il embarque alors, comme d'autres parlementaires, vers l'Afrique du Nord à bord du Massilia, où le gouvernement devait potentiellement poursuivre la lutte, puis est arrêté pour désertion avec ses collègues. Condamné à la prison à perpétuité, il est emprisonné aux côtés de Léon Blum, et sera jugé notamment lord du procès de Riom, avant d'être livré aux allemands et déporté près de Buchenwald dans un camp spécial. Alors qu'il est rapatrié à la Prison de la Santé à Paris en 1944, il est livré à la Milice le 4 juillet, et ne se doute pas du funeste sort qui l'attend.
En effet, le 7 juillet 1944, prétextant une promenade dans la forêt de Fontainebleau, le milicien Mansuy l'abat d'une dizaines de coups de feu en représailles de la mort de Philippe Henriot comme l'avançaient alors les miliciens. Georges Mandel décédait ainsi à 59 ans, après une longue vie à avoir servi la France.


Sources :

https://www.herodote.net/A_l_ombre_du_Tigre_-synthese-1826.php

https://www.lemonde.fr/archives/article/1964/07/06/il-y-a-vingt-ans-georges-mandel-etait-assassine-par-la-milice_2141899_1819218.html?fbclid=IwAR2pkyQTDmCIoyzf2DIpijfq5cD_Y_Lfta58PWH8xRm8OhbOry7gBgDruiY


https://www.cairn.info/revue-d-histoire-moderne-et-contemporaine-2007-3-page-63.htm?fbclid=IwAR32V0AGs7SObMg6gnnzcoITfckuQipummbMApeqL-vxCKE0edOmgzdFjkY