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En 1917, en Savoie, le pire accident de train jamais survenu en France

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Message par Admin Lun 9 Mar - 22:28

Le 12 décembre, des voitures bourrées de permissionnaires déraillent dans la descente vers Saint-Michel-de-Maurienne, faisant au moins 425 morts. La catastrophe, en pleine Première Guerre mondiale, sera étouffée par la censure militaire.

En 1917, en Savoie, le pire accident de train jamais survenu en France Sans3872
Saint-Michel-de-Maurienne, le 12 décembre 1917. Deux jours plus tard, Le Figaro est l’un des rares titres à mentionner « le déraillement d’un train en Savoie ». Aurélie Bidaut

Par Charles de Saint Sauveur
Le 8 mars 2020 à 11h55

Un blessé très grave (le conducteur), une vingtaine plus légèrement : le bilan du déraillement du TGV Colmar-Paris, jeudi 5 mars dans la matinée, au nord de Strasbourg, aurait pu être bien pire. En cause : un glissement de terrain. Le conducteur a activé le freinage d'urgence et le TGV, qui roulait à 270 km/h, ne s'est pas couché. « On est passés à côté d'une catastrophe », a déclaré le président de la région Grand-Est, Jean Rottner.

La plus grande catastrophe de l'histoire du train en France s'est produite il y a plus d'un siècle, durant la Première Guerre mondiale. Les trains fantômes, qui feront plus tard les beaux jours des parcs d'attractions, n'existaient pas encore. Pas plus que les terrifiantes et jubilatoires montagnes russes. Le train qui s'ébranle le 12 décembre 1917 au soir, en gare de Modane (Savoie), annonce pourtant tout cela à la fois. Un cauchemar de plusieurs minutes avant le choc fatal, qui va coûter la vie à des centaines de passagers.

Mais pour l'heure, les soldats entassés par centaines à bord du ML 3874 ne se doutent de rien. Ils sont juste heureux de regagner leurs pénates pour une permission. Un corps expéditionnaire franco-britannique de 120 000 hommes avait été déployé en octobre dans le nord-est de la Botte pour donner un coup de main aux alliés italiens, à la peine face aux troupes austro-hongroises. Un mois plus tard, leur mission est accomplie. Ils peuvent aller souffler quelques jours au pays.
Dans les voitures, c'est l'effroi, puis le silence

Environ 1200 permissionnaires ont embarqué la veille en gare de Bassano. Ce train composé de deux fourgons et dix-sept voitures s'étire sur 350m ! Turin, le tunnel du Mont-Cenis, Modane… L'immense convoi bondé de pioupious repart à 22h47 vers Chambéry. Après avoir passé Freney, le ML 3874, désormais en France, entame sa descente dans la Maurienne. Le train prend de la vitesse. Beaucoup trop. Il file à 150 km/h, sur une pente parfois à 30 %. Le mécanicien actionne le sifflet de la locomotive pour alerter les cheminots chargés des serre-freins manuels, mais ils sont incapables de stopper le « Transperceneige » qui glisse, emporté dans son élan.

La catastrophe, inévitable, se produit 15 km après Modane, juste avant l'arrivée à Saint-Michel-de-Maurienne. Dans les voitures, c'est l'effroi, puis le silence. Finir ainsi, c'est trop bête après avoir bravé les pluies d'obus et la mitraille. Certains préfèrent sauter sur le ballast, sans plus de chances de survivre. A 22h55, la première voiture déraille. Comme un torrent déchaîné, les suivantes débordent de leur « lit » et s'écrasent contre un mur de soutènement de la tranchée Saint-Anne. La guerre joue parfois de bien cruels tours.

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A minuit, le tocsin sonne dans la vallée. Des voitures, il ne reste qu'un amas de ferraille et de bois qui se consume dans un immense brasier. Les secours parviendront à extraire 425 cadavres, dont 277, cisaillés puis fondus, ne seront jamais identifiés. Un chiffre sous-estimé, mais l'armée semble plus préoccupée d'étouffer l'accident que de compter les troufions morts des suites de ses négligences.

Ne pas démoraliser les troupes

« Le Figaro » du 14 décembre est l'un des rares titres de la presse nationale à mentionner « le déraillement d'un train en Savoie ». « On compterait, malheureusement, des morts », poursuit le quotidien. Encore une fois, Anastasie, le petit nom de la censure militaire contre la presse, a sorti ses ciseaux. Mais les journaux ne se brident-ils pas eux-mêmes, conscients que ce drame démoraliserait les troupes, au terme d'une année 1917 marquée par les mutineries ?

Julie Cayol, la mère de François, un dentiste militaire du 311e, écrira le 9 juillet 1918 au « président du Conseil de guerre » une lettre déchirante pour crier vengeance : « Soyez sans pitié pour tous ces criminels qui ont eu le courage de laisser partir le train chargé de permissionnaires », supplie la mère, désespérée par la perte de son seul enfant.

Il faudra attendre 1919 pour que le secret militaire soit levé. Entre-temps, la France a gagné la guerre, et les poilus du train sont passés par pertes et profits. Malgré le monument inauguré en 1923, malgré les cérémonies, l'accident a pris le train-train de l'oubli, aussi vertigineux que les pentes de la Maurienne. Un drame peut en cacher un autre.

Des accidents de train qui ont marqué l’histoire


Meudon, 1842 : la première catastrophe ferroviaire. Le 8 mai, 800 passagers grimpent à bord du Versailles-Paris après avoir assisté à une fête au château en l’honneur du roi Louis-Philippe. Le train (qui a quinze ans d’existence en France) file trop vite, déraille… Les voitures en bois s’encastrent et prennent feu. Bilan : 55 morts.

Paris, 1895
: le train fou de Montparnasse. Le 22 octobre 1895, vers 16 heures, l’express 56 s’approche en gare de l’Ouest. Victime d’une panne du système de freinage, il pulvérise le butoir et défonce tout sur son passage avant de basculer dans le vide. La tenancière d’un kiosque, écrasée par la locomotive, est la seule victime.

Pomponne, 1933
: le conducteur était daltonien. Dans la nuit du 23 au 24 décembre 1933, l’express Strasbourg-Paris déboule en gare de Pomponne (Seine-et-Marne) et percute un train à l’arrêt rempli de passagers. Bilan : 204 morts et 120 blessés. Le mécanicien du train, daltonien, aurait mal interprété les feux de signalisation !


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