Avec la chaleur, les motards se mettent en danger ( HANDITRIKE )

Prévention PréventionCinq associations se mobilisent pour rappeler aux usagers de deux-roues les risques de rouler en tongs, short ou t-shirt.


Un scootériste en tongs et en débardeur, une passagère de moto en minijupe mais portant des gants. Les grandes chaleurs qui font transpirer Genève poussent les usagers de deux-roues motorisés, toujours plus nombreux dans le canton, à circuler peu habillés, laissant au placard jeans et vestes renforcées.

Alarmées par ces comportements à risque, cinq associations de motards se mobilisent afin de sensibiliser les conducteurs.


Les clubs se mobilisent

«Si l’équipement existe, c’est bien pour une raison. Ce n’est pas pour le laisser au magasin.» Melinda Steinberg, présidente de Toutes à moto!, fulmine en constatant qu’avec la chaleur, nombre de conducteurs font l’impasse sur l’équipement de sécurité. «Le pire, c’est quand des parents prennent leurs enfants avec eux et ne leur mettent aucune protection.»

Avec quatre autres associations de passionnés (Acidmoto.ch, Swissmotocoaching, Norton Sport Club Genève, Handi Trike), Toutes à moto! prépare la réalisation d’un deuxième vidéoclip de présentation et de prévention. «Après un début de saison terrible, nous voulons nous mobiliser pour éviter les accidents à répétition», indique Melinda Steinberg. La section genevoise du Touring Club Suisse, que nous ne sommes pas parvenus à joindre, travaillerait elle aussi à un projet de prévention.

Le constat de ces amateurs de gros cubes est partagé par les ambulanciers. «Nous voyons énormément de personnes pas assez habillées pour conduire des deux-roues, confirme Marion Debono, ambulancière responsable de service à Secours Ambulances Genève. L’autre après-midi encore, mon collègue et moi avons aperçu une conductrice de scooter portant des gants, un casque et… une minijupe.» Même constat chez Ambulances Services Odier: «La grande majorité des motards que nous prenons en charge après un accident est sous-équipée, relève Fausto Capponi, ambulancier. Avec la chaleur, certains portent même un casque non intégral, ce qui peut causer des traumatismes au niveau du menton et du visage.»

L’eczéma du béton

Si le phénomène n’est pas neuf, «cette année, les températures sont particulièrement élevées, ce qui semble encourager ce comportement», note Daniel Menna, porte-parole du Bureau de prévention des accidents (BPA). Pour lui, si les températures extrêmes dissuadent de s’équiper, autant renoncer à prendre son deux-roues «jusqu’à ce que les températures soient plus agréables. On a l’impression que certains motards ne se rendent pas compte des blessures que peut provoquer une chute à moto.»

En effet, celles-ci peuvent être particulièrement violentes, même à faible vitesse. Parmi elles, l’eczéma du goudron. «C’est comme si une râpe à fromage frottait la peau, détaille Marion Debono. Ces lésions peuvent nécessiter une greffe de peau et le risque d’infection qu’elles génèrent est énorme. Elles s’étalent sur de grandes parties du corps, généralement exposées au grand jour.»

Lors d’une chute sans équipement, les mains, les bras, les jambes et les épaules passent un sale quart d’heure. Melinda Steinberg renchérit: «C’est horrible. On doit enlever les gravillons dans la plaie avec une pince à épiler.»

L’absence de protections, notamment dorsales, peut aussi entraîner des blessures relevant de l’urgence vitale. «Récemment, plusieurs blessures graves auraient pu être évitées si un équipement adapté avait été porté», poursuit l’ambulancière.

«Si on roule, on assume!»

La seule pièce de protection obligatoire pour un motard reste le casque, précise la police genevoise. Celle-ci, tout comme le BPA, suggère fortement aux utilisateurs de porter des gants, une veste renforcée, une ceinture dorsale, un pantalon ainsi que des bottes.

«Souvent, les gens nous répondent que c’est leur sécurité, que cela les regarde. Mais ils doivent aussi s’équiper pour leur entourage, puisque les conséquences d’un accident retombent sur les proches de la victime, note la présidente de Toutes à moto! Personne ne veut voir sa mère ou sa sœur à l’hôpital. Quand on choisit de rouler à moto, on assume!»

(TDG)
(Créé: 07.08.2015, 19h05)

http://www.tdg.ch/geneve/actu-genevoise/chaleur-motards-mettent-danger/story/14002300