Dans le Goëlo, tout le monde attend tout le monde

Philippe PÉRON.


Samedi à Plouha, face à un découpage territorial presque unanimement rejeté, les élus du Sud Goëlo n'ont pas réussi à s'offrir la visibilité attendue et nécessaire.

Leur attachement partagé au Goëlo n'a pas suffi. Il n'a pas résisté au retour en force des approches plus politiques. La 2e réunion des assises du Sud Goëlo n'a pas permis de dégager une position unitaire et d'accoucher d'une contre proposition officielle à soumettre aux conseils municipaux respectifs et, a fortiori, au préfet.

Samedi à Plouha, chacun a tiré sur une couverture finalement trop petite pour que tout le monde y trouve son bonheur. Les uns (Saint-Quay-Portrieux par exemple) lient leurs décisions à des éléments d'informations que doit fournir Saint-Brieuc Agglo. D'autres se sentent déjà totalement prisonniers et dépendants de l'orientation que prendront leurs communes voisines.

Les « petits » pour une vraie place

« Allons y ensemble sinon le préfet profitera de nos divisions. Décidez et donnez-nous la ligne à suivre et on vous suivra », a même promis le conseiller régional Thierry Burlot en s'adressant directement aux élus de Saint-Quay-Portrieux, Étables-sur-Mer, Binic et Plouha.

Loin d'être insensibles aux sirènes briochines, Thierry Sommelière (Saint-Quay-Portrieux), Éric Duval (Plouha) et Jacques Mangold (Plouézec), à l'initiative des « assises » ont reçu le message... Ils penchent vers le Goëlo mais, eux aussi, restent en quête de visibilité. Bref, tout le monde attend tout le monde dans un calendrier qui, lui, n'attendra pas.

Au milieu d'enjeux qui les dépassent, les élus des communautés de communes de Lanvollon-Plouha, Leff communauté et Sud Goëlo se refusent à jouer les simples faire-valoir. Plusieurs d'entre eux ont réitéré leur amertume, après le rejet par le préfet de leur projet de création d'un territoire avec les trois communautés, par préfet a rejeté (voir dimanche Ouest-France). Malgré la signature de 28 maires sur 34. « Cette motion signée reflétait l'esprit général des communautés de communes et des maires », insiste Arsène Nicolazic, le maire de Lanvollon.


« Il y avait la possibilité de faire à trois communautés de communes avec en plus, Paimpol - Goëlo éventuellement. On est passé à côté, regrette Jean-Michel Geffroy, maire de Lannebert. (...) Si Saint-Brieuc a besoin de nous c'est uniquement pour faire fonctionner ses services coûteux. Il est hors de question pour nous d'intégrer Saint-Brieuc agglo... »


Plusieurs maires ont aussi pointé du doigt une caractéristique du découpage costarmoricain. « Dans le département, on est passé de 38 à 9 territoires mais je remarque qu'en Ille-et-Vilaine, sur 19 territoires 14 restent autour des 45 000 habitants », rapporte Loïc Raoult. Comme beaucoup d'élus, samedi, le maire de Plourhan s'accroche à l'idée « viable » d'un territoire avec les trois communautés de communes (voire deux). « Quand on regarde cette carte préfectorale, on a l'impression que l'on a créé un certain nombre de califats. Plus les territoires grandiront, plus les techniciens y auront la main-mise, reprend René Guillou (Plouvara, Leff communauté). À trois communautés de communes et 45 000 habitants, on trouvait déjà cela énorme. Cela dit, si nous sommes 30 000 on peut y arriver aussi. »


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