Ces cinq idées-chocs pour combattre le chômage en France
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Ces cinq idées-chocs pour combattre le chômage en France
Le record du nombre de demandeurs d’emploi après le rebond surprise d’octobre appelle à des mesures d’exception. Analyse de cinq d’entre elles, proposées par des politiques, des économistes ou des chefs d’entreprise.
Une douche froide. Le taux de chômage a bondi au troisième trimestre 2015, à 10,2% de la population active en France métropolitaine (+0,2 point sur un an), son plus haut niveau depuis 1997, a annoncé jeudi l'Insee. Certes, la job machine française s’est remise en marche (87.000 créations d’emplois attendues en 2015), ce qui devrait permettre d’inverser la courbe du chômage l’an prochain. Mais la dégradation de la situation – 750.000 chômeurs de plus sous le mandat de Nicolas Sarkozy, 700.000 sous François Hollande – pousse experts et politiques à proposer des mesures urgentes. Décryptage de cinq d’entre elles.
Utiliser les milliards de l’indemnisation chômage pour remettre au travail les chômeurs de longue durée, qui sont 2,4 millions. C’est l’idée du député PS Laurent Grandguillaume, 37 ans, dont la proposition de loi "zéro chômage de longue durée" devrait être votée le 9 décembre. Il s’agit de "permettre aux entreprises de l’économie sociale et solidaire de recruter des chômeurs de longue durée en CDI et payés au smic". L’expérimentation, lancée avec ATD Quart Monde, promeut des activités – comme les services à la personne – pas assez rentables pour le privé. Et qui seront financées par la réallocation des dépenses sociales, comme l’allocation de solidarité spécifique (ASS) ou le revenu de solidarité active (RSA). A la clé, Laurent Grandguillaume espère même des économies pour l’Etat, de 15.000 euros par an et par personne. Seul bémol : aucun volet formation n’est prévu pour des personnes éloignées de l’emploi, et donc difficiles à réinsérer.
"Les salariés sont libres de partir ou non à la retraite jusqu’à 70 ans. Il faudrait autoriser les entreprises à mettre à la retraite les salariés qui disposent de leurs pleins droits, à la condition d’engager des jeunes à cette occasion", explique le PDG de Total. Alors que le taux de chômage des jeunes atteint 24%, "leurs difficultés à entrer sur le marché du travail déstabilisent la société", poursuit Patrick Pouyanné. Certes, sa mesure n’est pas très positive pour les caisses de retraite, qui essaient d’inciter les salariés à travailler plus longtemps. Mais elle s’applique à ceux qui ont déjà suffisamment cotisé, à l’inverse des plans de préretraite utilisés dans les années 2000 – parfois en échange d’embauches de jeunes – qui ont poussé prématurément les seniors vers la sortie.
Chaque année, 140.000 jeunes sortent du système éducatif sans aucun diplôme, ni qualification, et un sur deux se retrouve au chômage. Mathilde Lemoine propose de frapper fort en interdisant toute sortie du système éducatif sans formation : "Les Pays-Bas ou le Royaume-Uni ont réussi à réduire le chômage des jeunes en obligeant leurs institutions à assurer une formation alternative à tous les élèves en échec." Les décrocheurs seraient pris en charge par des "écoles de la deuxième chance", par exemple celle lancée par le chef étoilé Thierry Marx, qui forme aux métiers de la cuisine. Mathilde Lemoine propose de taxer l’Education nationale d’un malus, calculé en fonction du nombre d’élèves sortis sans aucune qualification, qui alimenterait un fonds pour ces établissements.
Le conseiller régional d’Ile-de-France Pierre Larrouturou propose d’aligner le système du chômage partiel français sur celui de l’Allemagne. "Le chômage n’a quasiment pas augmenté dans ce pays en 2009, alors que le choc conjoncturel a été de grande ampleur (-5,7%). En France, cela a été l’inverse : la baisse du PIB a été moindre (-2,7%), mais le chômage a progressé d’1,6 point." Si la logique du chômage partiel est la même des deux côtés du Rhin – baisse du temps de travail et du salaire en contrepartie du maintien dans l’emploi –, sa mise en œuvre est très différente. "Les entreprises allemandes doivent simplement remplir une feuille recto verso. Ensuite, l’Etat prend le relais et complète la perte de revenu en indemnisant les salariés à hauteur de 95% de leur rémunération initiale. Résultat : 1,5 million de salariés allemands ont été concernés." Côté français, "les entreprises doivent avancer la trésorerie avant de se faire rembourser par l’Etat". Conséquence : beaucoup de sociétés en difficulté renoncent à l’utiliser.
Créer des centaines de milliers d’emplois en quelques mois, c’est possible ! La mesure a été appliquée, en partie, par Nicolas Sarkozy en 2009, en pleine récession, mais abandonnée au bout d’un an, en raison de son coût. Ce dispositif "zéro charges" patronales permettait à toute entreprise de moins de dix salariés d’engager un salarié en étant totalement exonérée de cotisations sociales, jusqu’à 1,6 smic. Les économistes Pierre Cahuc et Stéphane Carcillo ont mesuré l’impact de cette mesure. Le résultat est édifiant : une baisse de 1% du coût du travail entraînera une hausse de 2% de l’emploi. "Si l’on généralise la mesure pour tous les salaires jusqu’à 1,6 smic, cela pourrait créer 800.000 emplois, avance Pierre Cahuc. Même si elle ne règle pas les problèmes structurels de notre marché du travail, cette mesure est la plus efficace pour réduire le chômage rapidement." Avec un coût élevé mais pas démesuré : 10 milliards d’euros, soit le quart des allégements de prélèvements pour les entreprises prévus jusqu’en 2017.
Thierry Fabre et Florian Fayolle
http://www.msn.com/fr-fr/finance/actualite/ces-cinq-id%c3%a9es-chocs-pour-combattre-le-ch%c3%b4mage-en-france/ar-AAg10v6?li=AA4WUr&ocid=ASUDHP
Une douche froide. Le taux de chômage a bondi au troisième trimestre 2015, à 10,2% de la population active en France métropolitaine (+0,2 point sur un an), son plus haut niveau depuis 1997, a annoncé jeudi l'Insee. Certes, la job machine française s’est remise en marche (87.000 créations d’emplois attendues en 2015), ce qui devrait permettre d’inverser la courbe du chômage l’an prochain. Mais la dégradation de la situation – 750.000 chômeurs de plus sous le mandat de Nicolas Sarkozy, 700.000 sous François Hollande – pousse experts et politiques à proposer des mesures urgentes. Décryptage de cinq d’entre elles.
Utiliser les milliards de l’indemnisation chômage pour remettre au travail les chômeurs de longue durée, qui sont 2,4 millions. C’est l’idée du député PS Laurent Grandguillaume, 37 ans, dont la proposition de loi "zéro chômage de longue durée" devrait être votée le 9 décembre. Il s’agit de "permettre aux entreprises de l’économie sociale et solidaire de recruter des chômeurs de longue durée en CDI et payés au smic". L’expérimentation, lancée avec ATD Quart Monde, promeut des activités – comme les services à la personne – pas assez rentables pour le privé. Et qui seront financées par la réallocation des dépenses sociales, comme l’allocation de solidarité spécifique (ASS) ou le revenu de solidarité active (RSA). A la clé, Laurent Grandguillaume espère même des économies pour l’Etat, de 15.000 euros par an et par personne. Seul bémol : aucun volet formation n’est prévu pour des personnes éloignées de l’emploi, et donc difficiles à réinsérer.
"Les salariés sont libres de partir ou non à la retraite jusqu’à 70 ans. Il faudrait autoriser les entreprises à mettre à la retraite les salariés qui disposent de leurs pleins droits, à la condition d’engager des jeunes à cette occasion", explique le PDG de Total. Alors que le taux de chômage des jeunes atteint 24%, "leurs difficultés à entrer sur le marché du travail déstabilisent la société", poursuit Patrick Pouyanné. Certes, sa mesure n’est pas très positive pour les caisses de retraite, qui essaient d’inciter les salariés à travailler plus longtemps. Mais elle s’applique à ceux qui ont déjà suffisamment cotisé, à l’inverse des plans de préretraite utilisés dans les années 2000 – parfois en échange d’embauches de jeunes – qui ont poussé prématurément les seniors vers la sortie.
Chaque année, 140.000 jeunes sortent du système éducatif sans aucun diplôme, ni qualification, et un sur deux se retrouve au chômage. Mathilde Lemoine propose de frapper fort en interdisant toute sortie du système éducatif sans formation : "Les Pays-Bas ou le Royaume-Uni ont réussi à réduire le chômage des jeunes en obligeant leurs institutions à assurer une formation alternative à tous les élèves en échec." Les décrocheurs seraient pris en charge par des "écoles de la deuxième chance", par exemple celle lancée par le chef étoilé Thierry Marx, qui forme aux métiers de la cuisine. Mathilde Lemoine propose de taxer l’Education nationale d’un malus, calculé en fonction du nombre d’élèves sortis sans aucune qualification, qui alimenterait un fonds pour ces établissements.
Le conseiller régional d’Ile-de-France Pierre Larrouturou propose d’aligner le système du chômage partiel français sur celui de l’Allemagne. "Le chômage n’a quasiment pas augmenté dans ce pays en 2009, alors que le choc conjoncturel a été de grande ampleur (-5,7%). En France, cela a été l’inverse : la baisse du PIB a été moindre (-2,7%), mais le chômage a progressé d’1,6 point." Si la logique du chômage partiel est la même des deux côtés du Rhin – baisse du temps de travail et du salaire en contrepartie du maintien dans l’emploi –, sa mise en œuvre est très différente. "Les entreprises allemandes doivent simplement remplir une feuille recto verso. Ensuite, l’Etat prend le relais et complète la perte de revenu en indemnisant les salariés à hauteur de 95% de leur rémunération initiale. Résultat : 1,5 million de salariés allemands ont été concernés." Côté français, "les entreprises doivent avancer la trésorerie avant de se faire rembourser par l’Etat". Conséquence : beaucoup de sociétés en difficulté renoncent à l’utiliser.
Créer des centaines de milliers d’emplois en quelques mois, c’est possible ! La mesure a été appliquée, en partie, par Nicolas Sarkozy en 2009, en pleine récession, mais abandonnée au bout d’un an, en raison de son coût. Ce dispositif "zéro charges" patronales permettait à toute entreprise de moins de dix salariés d’engager un salarié en étant totalement exonérée de cotisations sociales, jusqu’à 1,6 smic. Les économistes Pierre Cahuc et Stéphane Carcillo ont mesuré l’impact de cette mesure. Le résultat est édifiant : une baisse de 1% du coût du travail entraînera une hausse de 2% de l’emploi. "Si l’on généralise la mesure pour tous les salaires jusqu’à 1,6 smic, cela pourrait créer 800.000 emplois, avance Pierre Cahuc. Même si elle ne règle pas les problèmes structurels de notre marché du travail, cette mesure est la plus efficace pour réduire le chômage rapidement." Avec un coût élevé mais pas démesuré : 10 milliards d’euros, soit le quart des allégements de prélèvements pour les entreprises prévus jusqu’en 2017.
Thierry Fabre et Florian Fayolle
http://www.msn.com/fr-fr/finance/actualite/ces-cinq-id%c3%a9es-chocs-pour-combattre-le-ch%c3%b4mage-en-france/ar-AAg10v6?li=AA4WUr&ocid=ASUDHP
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