Chateaubriand : un homme de plume Saint-Malo
Page 1 sur 1
Chateaubriand : un homme de plume Saint-Malo
Le Grand-Bé. C’est là que François-René de Chateaubriand (1768 – 1848), le vicomte, a désiré être enterré, debout, face à la mer. Depuis, il a reçu des milliers de visiteurs, pas toujours très romantiques – Jean-Paul Sartre, par exemple…
Plaque non nominative
Le vicomte a vécu son enfance et son adolescence dans le lugubre château de Combourg, non loin de Rennes. Devenu sous-lieutenant, il a effectué un voyage en Amérique pour fuir la Révolution, avant de se rallier à l’armée du prince de Condé et d’être blessé au siège de Thionville. Il se rapproche du consulat et du consul Bonaparte avec qui il n’entretiendra jamais de bons rapports, celui-ci ne l’estimant guère, le considérant surtout vaniteux et opportuniste. Après un voyage en Orient, Chateaubriand se retire dans sa propriété de La Vallée-aux-Loups près de Sceaux. Toutes les gloires de l’Empire lui échappent et excitent en lui une jalousie qui éclate à la Restauration dans le pamphlet De Buonaparte et des Bourbons.
Nommé pair de France, il devient ministre des Affaires étrangères de Louis XVIII, après la réussite d’une expédition en Espagne où les libéraux sont vaincus grâce au duc d’Angoulême à la bataille du Trocadéro – la place qui commande l’accès à la baie de Cadix. Congédié comme un laquais – ce sont ses mots… –, il passe dans le parti libéral ! Après l’avènement de Louis-Philippe, il revient dans le camp royaliste. Accusé de complot et arrêté en 1833, il va connaître la gêne matérielle, vivant des avances de son éditeur pour lequel il écrit les Mémoires d’outre-tombe. On connaît le succès de cette oeuvre ! Elle montre assez que, si Chateaubriand ne fut pas forcément un homme de poids, il fut au moins un homme de plume…
Il débute sa carrière politique en tant que secrétaire de légation à Rome (1803-1804), avant d’être nommé dans le Valais, poste qu’il ne rejoint pas : il donne sa démission quand il apprend l’exécution du duc d’Enghien (mars 1804). À l’été 1806, il entreprend son voyage en Orient, qui le mène jusqu’à la Terre Sainte et d’où il rapporte l’Itinéraire de Paris à Jérusalem(publié en 1811).
À son retour, il publie dans le Mercure de France (juillet 1807) un virulent article où il stigmatise le despotisme de l’Empereur. Contraint de s’éloigner de Paris, il achète la Vallée-aux-Loups. En 1814, il publie deux brochures politiques qui lui ouvrent à nouveau – brièvement – la carrière politique. Il suit Louis XVIII à Gand puis est nommé ministre et pair de France (1815).
Après la publication de la Monarchie selon la Charte (1816), où il condamne la dissolution de la Chambre dite « introuvable », il est destitué et contraint de vendre la Vallée-aux-Loups. Cofondateur du journal Le Conservateur, il y collabore de 1818 à 1820 et se fait un ardent défenseur de la liberté de la presse (1824).
Ambassadeur à Berlin (1821) puis à Londres (1822), il est ministre des Affaires étrangères en 1823-1824. En 1826, il signe un contrat avec Ladvocat pour l’édition de ses Œuvres complètes. Ambassadeur à Rome (1828-1829), il refuse de se rallier au nouveau régime après la chute de Charles X et se retire de la vie politique.
Il donne la première lecture publique des Mémoires d’outre-tombe chez Juliette Récamier, en 1834. L’ouvrage est publié après sa mort (4 juillet 1848), d’abord en feuilleton dans la Presse, puis en librairie (1849-1850).
« Chateaubriand aurait pu être un grand ministre. Je l’explique non point seulement par son intelligence aiguë, mais par son sens et sa connaissance de l’histoire, et par son souci de la grandeur nationale. J’observe également combien il est rare qu’un grand artiste possède des dons politiques à ce degré ».
Charles de Gaulle cité par Philippe de Saint-Robert (op. cit., p. 28 et 29).
De plus en plus opposé aux partis conservateurs, désabusé sur l’avenir de la monarchie, il se retire des affaires, après la Révolution de 1830, quittant même la Chambre des Pairs. Il ne signale plus son existence politique que par des critiques acerbes contre le nouveau gouvernement (De la Restauration et de la Monarchie élective, 1831), par des voyages auprès de la famille déchue, et par la publication d’un Mémoire sur la captivité de la duchesse de Berry(1833), mémoire pour lequel il est poursuivi, mais acquitté. Il publie également en 1831 des Études historiques (4 vol. in-8º), résumé d’histoire universelle où il veut montrer le christianisme réformant la société. Cet ouvrage aurait dû être le frontispice d’une Histoire de France, méditée depuis longtemps mais abandonnée.
Ses dernières années se passent dans une profonde retraite, en compagnie de son épouse. Il ne quitte guère sa demeure, un appartement au rez-de-chaussée de l’Hôtel des Missions Étrangères, au 120 rue du Bac à Paris, que pour aller à l’Abbaye-aux-Bois toute proche, chez Juliette Récamier, dont il est l’ami constant et dont le salon réunit l’élite du monde littéraire.
Il reçoit de son côté de nombreuses visites, tant de la jeunesse romantique que de la jeunesse libérale, et se consacre à l’achèvement de ses mémoires commencées en 1811.
Ce vaste projet autobiographique, ces Mémoires d’outre-tombe, ne devra paraître, selon le vœu de l’auteur, que cinquante ans après sa mort.
Il en sera finalement autrement puisque, pressé par ses problèmes financiers, Chateaubriand cède les droits d’exploitation de l’ouvrage à une « Société propriétaire des Mémoires d’outre-tombe », constituée le 21 août 1836, qui exigera que l’œuvre soit publiée dès le décès de son auteur, et y pratiquera des coupes franches, afin de ne pas heurter le public, ce qui inspirera d’amers commentaires à Chateaubriand :
« La triste nécessité qui m’a toujours tenu le pied sur la gorge, m’a forcé de vendre mes Mémoires. Personne ne peut savoir ce que j’ai souffert d’avoir été obligé d’hypothéquer ma tombe [...] mon dessein était de les laisser à madame de Chateaubriand : elle les eût fait connaître à sa volonté, ou les aurait supprimés, ce que je désirerais plus que jamais aujourd’hui.
Ah ! si, avant de quitter la terre, j’avais pu trouver quelqu’un d’assez riche, d’assez confiant pour racheter les actions de la Société, et n’étant pas, comme cette Société, dans la nécessité de mettre l’ouvrage sous presse sitôt que tintera mon glas ! »
— Chateaubriand, Avant-Propos aux Mémoires d’outre-tombe, 1846
Son dernier ouvrage, une « commande » de son confesseur, sera la Vie de Rancé, une biographie de Dominique-Armand-Jean Le Boutillier de Rancé (1626-1700), abbé mondain, propriétaire du château de Véretz en Touraine, et réformateur rigoureux de la Trappe, qu’il publie en 1844. Dans cette biographie, Chateaubriand égratigne une autre personnalité de Véretz, son contemporain Paul-Louis Courier, le redoutable pamphlétaire qui avait critiqué mortellement le régime de la Restauration soutenu par le vicomte, et brocardé celui-ci dans plusieurs de ses écrits.
En 1847, Céleste meurt : « Je dois une tendre et éternelle reconnaissance à ma femme dont l’attachement a été aussi touchant que profond et sincère. Elle a rendu ma vie plus grave, plus noble, plus honorable, en m’inspirant toujours le respect, sinon toujours la force des devoirs. »
Chateaubriand meurt à Paris le 4 juillet 1848.
Ses restes sont transportés à Saint-Malo et déposés face à la mer, selon son vœu, sur le rocher du Grand Bé, un îlot dans la rade de sa ville natale, auquel on accède à pied depuis Saint-Malo lorsque la mer s’est retirée.
Tombe de Chateaubriand sur le grand Bé à Saint Malo
Une anecdote quant au Grand Bé veut que le terme Be signifie tombe en Breton, mais on ne sait pas si cela a pu jouer un rôle dans le choix de l'écrivain.
Plaque non nominative
Le vicomte a vécu son enfance et son adolescence dans le lugubre château de Combourg, non loin de Rennes. Devenu sous-lieutenant, il a effectué un voyage en Amérique pour fuir la Révolution, avant de se rallier à l’armée du prince de Condé et d’être blessé au siège de Thionville. Il se rapproche du consulat et du consul Bonaparte avec qui il n’entretiendra jamais de bons rapports, celui-ci ne l’estimant guère, le considérant surtout vaniteux et opportuniste. Après un voyage en Orient, Chateaubriand se retire dans sa propriété de La Vallée-aux-Loups près de Sceaux. Toutes les gloires de l’Empire lui échappent et excitent en lui une jalousie qui éclate à la Restauration dans le pamphlet De Buonaparte et des Bourbons.
Nommé pair de France, il devient ministre des Affaires étrangères de Louis XVIII, après la réussite d’une expédition en Espagne où les libéraux sont vaincus grâce au duc d’Angoulême à la bataille du Trocadéro – la place qui commande l’accès à la baie de Cadix. Congédié comme un laquais – ce sont ses mots… –, il passe dans le parti libéral ! Après l’avènement de Louis-Philippe, il revient dans le camp royaliste. Accusé de complot et arrêté en 1833, il va connaître la gêne matérielle, vivant des avances de son éditeur pour lequel il écrit les Mémoires d’outre-tombe. On connaît le succès de cette oeuvre ! Elle montre assez que, si Chateaubriand ne fut pas forcément un homme de poids, il fut au moins un homme de plume…
Il débute sa carrière politique en tant que secrétaire de légation à Rome (1803-1804), avant d’être nommé dans le Valais, poste qu’il ne rejoint pas : il donne sa démission quand il apprend l’exécution du duc d’Enghien (mars 1804). À l’été 1806, il entreprend son voyage en Orient, qui le mène jusqu’à la Terre Sainte et d’où il rapporte l’Itinéraire de Paris à Jérusalem(publié en 1811).
À son retour, il publie dans le Mercure de France (juillet 1807) un virulent article où il stigmatise le despotisme de l’Empereur. Contraint de s’éloigner de Paris, il achète la Vallée-aux-Loups. En 1814, il publie deux brochures politiques qui lui ouvrent à nouveau – brièvement – la carrière politique. Il suit Louis XVIII à Gand puis est nommé ministre et pair de France (1815).
Après la publication de la Monarchie selon la Charte (1816), où il condamne la dissolution de la Chambre dite « introuvable », il est destitué et contraint de vendre la Vallée-aux-Loups. Cofondateur du journal Le Conservateur, il y collabore de 1818 à 1820 et se fait un ardent défenseur de la liberté de la presse (1824).
Ambassadeur à Berlin (1821) puis à Londres (1822), il est ministre des Affaires étrangères en 1823-1824. En 1826, il signe un contrat avec Ladvocat pour l’édition de ses Œuvres complètes. Ambassadeur à Rome (1828-1829), il refuse de se rallier au nouveau régime après la chute de Charles X et se retire de la vie politique.
Il donne la première lecture publique des Mémoires d’outre-tombe chez Juliette Récamier, en 1834. L’ouvrage est publié après sa mort (4 juillet 1848), d’abord en feuilleton dans la Presse, puis en librairie (1849-1850).
« Chateaubriand aurait pu être un grand ministre. Je l’explique non point seulement par son intelligence aiguë, mais par son sens et sa connaissance de l’histoire, et par son souci de la grandeur nationale. J’observe également combien il est rare qu’un grand artiste possède des dons politiques à ce degré ».
Charles de Gaulle cité par Philippe de Saint-Robert (op. cit., p. 28 et 29).
De plus en plus opposé aux partis conservateurs, désabusé sur l’avenir de la monarchie, il se retire des affaires, après la Révolution de 1830, quittant même la Chambre des Pairs. Il ne signale plus son existence politique que par des critiques acerbes contre le nouveau gouvernement (De la Restauration et de la Monarchie élective, 1831), par des voyages auprès de la famille déchue, et par la publication d’un Mémoire sur la captivité de la duchesse de Berry(1833), mémoire pour lequel il est poursuivi, mais acquitté. Il publie également en 1831 des Études historiques (4 vol. in-8º), résumé d’histoire universelle où il veut montrer le christianisme réformant la société. Cet ouvrage aurait dû être le frontispice d’une Histoire de France, méditée depuis longtemps mais abandonnée.
Ses dernières années se passent dans une profonde retraite, en compagnie de son épouse. Il ne quitte guère sa demeure, un appartement au rez-de-chaussée de l’Hôtel des Missions Étrangères, au 120 rue du Bac à Paris, que pour aller à l’Abbaye-aux-Bois toute proche, chez Juliette Récamier, dont il est l’ami constant et dont le salon réunit l’élite du monde littéraire.
Il reçoit de son côté de nombreuses visites, tant de la jeunesse romantique que de la jeunesse libérale, et se consacre à l’achèvement de ses mémoires commencées en 1811.
Ce vaste projet autobiographique, ces Mémoires d’outre-tombe, ne devra paraître, selon le vœu de l’auteur, que cinquante ans après sa mort.
Il en sera finalement autrement puisque, pressé par ses problèmes financiers, Chateaubriand cède les droits d’exploitation de l’ouvrage à une « Société propriétaire des Mémoires d’outre-tombe », constituée le 21 août 1836, qui exigera que l’œuvre soit publiée dès le décès de son auteur, et y pratiquera des coupes franches, afin de ne pas heurter le public, ce qui inspirera d’amers commentaires à Chateaubriand :
« La triste nécessité qui m’a toujours tenu le pied sur la gorge, m’a forcé de vendre mes Mémoires. Personne ne peut savoir ce que j’ai souffert d’avoir été obligé d’hypothéquer ma tombe [...] mon dessein était de les laisser à madame de Chateaubriand : elle les eût fait connaître à sa volonté, ou les aurait supprimés, ce que je désirerais plus que jamais aujourd’hui.
Ah ! si, avant de quitter la terre, j’avais pu trouver quelqu’un d’assez riche, d’assez confiant pour racheter les actions de la Société, et n’étant pas, comme cette Société, dans la nécessité de mettre l’ouvrage sous presse sitôt que tintera mon glas ! »
— Chateaubriand, Avant-Propos aux Mémoires d’outre-tombe, 1846
Son dernier ouvrage, une « commande » de son confesseur, sera la Vie de Rancé, une biographie de Dominique-Armand-Jean Le Boutillier de Rancé (1626-1700), abbé mondain, propriétaire du château de Véretz en Touraine, et réformateur rigoureux de la Trappe, qu’il publie en 1844. Dans cette biographie, Chateaubriand égratigne une autre personnalité de Véretz, son contemporain Paul-Louis Courier, le redoutable pamphlétaire qui avait critiqué mortellement le régime de la Restauration soutenu par le vicomte, et brocardé celui-ci dans plusieurs de ses écrits.
En 1847, Céleste meurt : « Je dois une tendre et éternelle reconnaissance à ma femme dont l’attachement a été aussi touchant que profond et sincère. Elle a rendu ma vie plus grave, plus noble, plus honorable, en m’inspirant toujours le respect, sinon toujours la force des devoirs. »
Chateaubriand meurt à Paris le 4 juillet 1848.
Ses restes sont transportés à Saint-Malo et déposés face à la mer, selon son vœu, sur le rocher du Grand Bé, un îlot dans la rade de sa ville natale, auquel on accède à pied depuis Saint-Malo lorsque la mer s’est retirée.
Tombe de Chateaubriand sur le grand Bé à Saint Malo
Une anecdote quant au Grand Bé veut que le terme Be signifie tombe en Breton, mais on ne sait pas si cela a pu jouer un rôle dans le choix de l'écrivain.
Dernière édition par Admin le Ven 11 Déc - 22:26, édité 1 fois
Re: Chateaubriand : un homme de plume Saint-Malo
http://www.terresdecrivains.com/chateaubriand-a-saint-malo
....................................................................................................................................
la liste de ses oeuvres .
http://romantis.free.fr/chateaubriand/html/chaindex.html
....................................................................................................................................
la liste de ses oeuvres .
http://romantis.free.fr/chateaubriand/html/chaindex.html
Sujets similaires
» BREIZH INNOV' / NOUVELLE BOISSON À BASE DE CIDRE : le CID'RUM / CIDRERIE SORRE & MALO'RHUM / PLEGUER & SAINT-MALO / ILLE-ET-VILAINE (35)
» Chateaubriand. Breton, royaliste et précurseur du romantisme
» 1693. Une bombe flottante vise Saint-Malo
» Des plongeurs amateurs découvrent un bombardier au large de Saint-Malo
» le nouveau radar laser poids plume TruSpeed SE
» Chateaubriand. Breton, royaliste et précurseur du romantisme
» 1693. Une bombe flottante vise Saint-Malo
» Des plongeurs amateurs découvrent un bombardier au large de Saint-Malo
» le nouveau radar laser poids plume TruSpeed SE
Page 1 sur 1
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum