Intercommunalités. Les coûts s'envolent

23 mars 2016 à 06h59 / Alain Le Bloas



Jean-Louis Heuga, président de la Chambre régionale des comptes n'a pas constaté la baisse des coûts annoncée suite à la montée en puissance des intercommunalités.

Chaque année, la Chambre régionale des comptes (CRC) analyse les résultats de ses contrôles des établissements publics bretons. Dans sa livraison 2016, elle pointe la mutualisation intercommunale, génératrice de surcoûts et non d'économies, et la situation des hôpitaux.

Collectivités : plus 400 M€ malgré la mutualisation


Nos élus l'avaient claironné : avec la montée en puissance des intercommunalités, la mutualisation des moyens va permettre une diminution des coûts de fonctionnement. « On peut espérer que ce sera le cas un jour », commente, optimiste, le président de la CRC, Jean-Louis Heuga. « Mais l'analyse des comptes établit, au contraire, que ces dépenses se sont envolées », résume-t-il.


Ainsi, les charges de personnel des communes et intercommunalités de Bretagne sont-elles passées de 1,48 milliard d'euros en 2010 à 1,84 milliard en 2014, soit une augmentation annuelle de 5,6 %... malgré le gel du point d'indice. Les groupements ont le pompon avec + 12 % par an, mais ils ont élargi leurs compétences. Quant aux communes, elles sont à + 3,9 % au lieu de la réduction promise. La CRC n'a pas d'explication précise à l'ampleur du désastre.

Hôpitaux : absentéisme record


La situation financière des petits centres hospitaliers est préoccupante. Deux d'entre eux, Lannion et Guingamp, ont été contrôlés. Ils sont révélateurs des difficultés que connaissent d'autres établissements comme Vitré, Fougères ou Ploërmel, commente le magistrat Fabien Fillatre. Leurs problèmes : un endettement élevé du fait de lourds investissements (souvent plus coûteux que prévu) entraînant des surcoûts de fonctionnement non budgétés, une concurrence due au maillage serré des hôpitaux, des maternités qui plafonnent à 800 naissances, « loin du seuil de rentabilité de 1.200 » et, enfin, une forte augmentation des charges de personnel plombées par un absentéisme record : 28 jours d'arrêt annuels pour « maladie ordinaire » (hors maladies professionnelles, de longue durée et maternité). À cela s'ajoute une présentation des comptes assez « approximative », comme dans cet établissement dont le déficit affiché de 4,2 % dépassait les 6 % après retraitement par la juridiction financière.

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