« J'ai failli perdre 175 € de perte par mois, minimum ! » Étables-sur-Mer

A Etables-sur-Mer, Jean-Yves Lefeuvre a déjoué de justesse une arnaque aux panneaux solaires.


La mésaventure du Tagarin Jean-Yves Lefeuvre commence par un coup de téléphone début février 2016.

D’une voix limpide et conviviale, un commercial annonce que « nous avons été sélectionnés pour un dispositif d’économie d’énergie, en lien très étroit avec EDF. Il s’agit de l’installation de panneaux photovoltaïques sur le toit de notre maison ».

Quelques brèves questions sur l’éligibilité de la demeure au programme, sans donner de chiffres.

« La démarche semblait très sérieuse. On se dit pourquoi pas ? ».

Rendez-vous est pris avec un technicien, huit jours plus tard.
« Très carré, très sérieux »

Se présente alors à son domicile un homme « sympathique », « très carré », et « pas rentre-dedans ».

Sous le bras, des dossiers impeccables, en papier glacé, au nom de son entreprise et marqués du logo EDF.

Des photos de la maison, avec et sans panneaux, des vues aériennes. Tout semble très sérieux.

Le “technicien” examine les lieux. Son diagnostic est formel : «Votre toiture est apte à recevoir 12 panneaux photovoltaïques (environ 20 m2 de surface totale), elle est très bien exposée, la rentabilité est assurée ».

Faut-il encore que le dossier soit accepté par une commission paritaire.

Le principe ? Le couple finance, avec un crédit contracté via l’entreprise, l’installation des panneaux (travaux et matériel).

En contrepartie, elle vend sa production électrique à EDF.

L’investissement s’élève à 37 000 euros mais « le technicien nous assure que le montant de la production mensuelle vendue à EDF sera supérieur au coût mensuel du crédit (275 € par mois pendant dix ans) ».

Et qu’« au bout de 10 ans, une fois le crédit remboursé, ce sera tout bénef. »

Cerise sur le gâteau, « les premières mensualités ne seront prélevées que 12 mois après l’engagement pour laisser notre installation accumuler des kilowatts ».

Et en plus, « on nous fait miroiter un crédit d’impôt si on ajoute une seconde opération : changement du ballon d’eau chaude ou programme d’isolation. Option que l’on ne choisit pas ».

« Stoppez tout ! »

Séduit par la rentabilité de l’opération et convaincu d’engager, à sa petite échelle, un geste pour la planète, Jean-Yves Lefeuvre signe le contrat. Il a 14 jours pour se rétracter… « On attendait les résultats de cette soi-disant commission, pensant que rien ne serait engagé si le dossier était refusé ».

Le délai passe et dès le lendemain, la société le rappelle. « On me dit : bonne nouvelle, votre dossier est accepté. On vient lundi prochain (dans six jours) pour les travaux ».

Surpris par cette précipitation et le temps estimé du chantier à seulement une journée, Jean-Yves Lefeuvre commence à sérieusement douter.

D’autant « qu’entre-temps, on avait été démarchés par une entreprise locale, avec laquelle nous avions déjà travaillé, et qui prenait deux fois moins cher ! »

Le Tagarin raccroche. Il se renseigne sur le net et téléphone à l’Agence Locale de l’Energie à Saint-Brieuc.

On l’interroge : « Avez-vous fait installer le matériel ? » Il répond « non ». « Stoppez tout, c’est une arnaque. J’envoie un mail à l’UFC Que Choisir de Saint-Brieuc pour vous aider ».

Le ton devient menaçant

En parallèle, la société le rappelle.

Le ton se durcit, devient agressif.

« L’homme de la société nous menace : « le délai de 14 jours est passé, quoi qu’il arrive j’aurai mon argent. Allez en procès si vous voulez mais j’aurais mon argent ! »

Harcelé de coups de téléphone, sur le fixe comme sur le portable, Jean-Yves Lefeuvre se laisse un temps gagner par la peur.

Le coup de fil de M. Clément, bénévole de l’UFC Que Choisir le rassure.

« Il nous dit, en rigolant : « ne vous inquiétez pas, c’est une arnaque, on va s’occuper d’eux. On a plein de cas comme vous !’ Il m’explique que c’est une double arnaque. »

“Non seulement le prix de l’installation est largement surévaluée, mais en plus la vente d’énergie ne compenserait pas du tout le coût du crédit ».

Selon lui, les 12 panneaux ne pouvaient produire au grand maximum, en cas d’ensoleillement régulier et optimal, que 100 € par mois.

Or, la mensualité prélevée était de 275 € par mois.

« En fait, on perdait, au minimum, 175 € par mois ! »

Un mal pour un bien

L’UFC Que choisir envoie une lettre recommandée, signée par la juriste de l’association, à cette société basée en Seine-Saint-Denis, « probablement une société fantôme ».

De son côté, Jean-Yves Lefeuvre récupère à la mairie, « très compréhensive », la déclaration préalable de travaux déposée par l’entreprise.

Les appels ont cessé. Jean-Yves Lefeuvre a reçu un courrier de l’entreprise certifiant que le contrat était rompu.

Un mois après, Jean-Yves Lefeuvre prend cette histoire avec le sourire.

Mais, « j’ai été un peu vexé tout de même de me faire ainsi arnaquer. » Lui, ancien adjoint à la mairie de Laval, qui a pourtant traité plus d’un dossier complexe !

Installé définitivement, depuis juillet 2015, à Etables-sur-Mer, il cherchait un biais pour s’investir localement.

Sa mésaventure lui a tracé la voie : il va devenir bénévole à l’UFC Que Choisir.

N. B-J

http://www.lapressedarmor.fr/2016/04/20/175-eur-de-perte-par-mois-minimum/

Panneaux solaires. Le retour des arnaques

Face à la hausse des démarchages abusifs, les Espaces Info-Energie appellent les particuliers à la vigilance. Les arnaques visent notamment l'installation de panneaux solaires.

20/04/2016 à 11:54 par Magali Lelchat



La COP 21, la loi de transition énergique et les premiers rayons de soleil du printemps signent le grand retour des démarchages abusifs sur l’installation de panneaux solaires.

« Ils s’étaient calmés depuis plus d’un an, mais cela redémarre », confirme Thomas Bobe, conseiller à l’Espace Info énergie briochin.

Au point qu’en mars, les 18 Espaces Info Energie bretons ont mené une campagne de communication pour inciter les particuliers à être vigilants face aux démarches frauduleuses.
Toujours le même mode opératoire

« C’est toujours le même mode opératoire avec la présentation d’un projet soi-disant autofinancé, des aides financières possibles avec l’Etat – mais il n’y a aucun crédit d’impôt sur le photovoltaïque – et une promesse de gains financiers avec le rachat par EDF de l’électricité produite. »

Pour une installation de panneaux d’une puissance de 3 Kwc, les démarcheurs promettent un gain annuel d’au moins 2 500 € : « C’est faux. En Bretagne, au tarif de rachat par EDF, il sera en moyenne de 750 € au prix ».

En plus,

« les gens s’engagent pour une installation au coût surestimé et un prêt pour la financer à un taux très élevé. Dans un cas récent, sur notre secteur, la personne allait mettre 30 ans à rembourser son investissement ! »

Pour plus de crédibilité, certains avancent être missionnés par EDF ou GDF Suez.

Arguments mensongers là encore. « Ils peuvent être peut-être partenaires… Il faut se rendre sur le site Internet des deux fournisseurs et voir si la société qui démarche est citée et comment elle est notée. »

Face à ces entreprises frauduleuses, souvent basées en région parisienne, « il existe des entreprises locales spécialisées qui font du bon et sérieux travail, certifie le spécialiste. Il faut chercher, entre autres, des entreprises certifiées Qualibat ».

En parallèle, sévissent aussi des démarchages concernant le diagnostic de performance énergétique.

Avec à la clé, des travaux d’isolation ou de ventilation, au coût toujours aussi exorbitant.

N. Bot-Jaffray

http://www.lapressedarmor.fr/dossiers/panneaux-solaires-le-retour-des-arnaques_8955/