La sécurité du bourg en question BREHAT

La municipalité envisage l'installation de barrières afin d'améliorer la sécurité dans le bourg, en été. Mais beaucoup de questions se posent chez les professionnels.
30/05/2016 à 11:37 par Annick Guillemot



Une réunion de concertation avec les professionnels s’est tenue le 25 avril pour présenter le projet. La volonté de la municipalité est de mettre en place des mesures sécuritaires pour limiter l’accès au bourg une partie de la journée. Ces mesures concernent les tracteurs, les voitures électriques et les vélos qui devront être tenus à la main.
Cinq barrières autour du bourg

« Le projet a été mûrement réfléchi », selon Patrick Huet, maire de Bréhat. Il propose la mise en place de cinq barrières devant les voies d’accès au bourg situées sur les sites de Crech Briand, Allegoat, Kerano, à l’église et au patronage.

L’architecte des bâtiments de France a donné son accord pour les modèles en bois qui ont été sélectionnés. Elles seront fermées entre 10h et 18h, seront installées en quinconce permettant aux piétons de passer.

Et, ce, durant deux mois de l’année environ, à compter de la deuxième quinzaine de juin. Le maire explique :

On parle uniquement de sécurité ici. L‘idée n’est pas de vous causer des soucis. Il s’agit de trouver des solutions pour faire respecter des interdits qui existent depuis longtemps mais ne sont pas respectés.

En effet, des panneaux interdisent déjà la circulation des tracteurs et demandent aux cyclistes de descendre de leur vélo à l’entrée du bourg en été.
Problèmes pour les livraisons

Les restaurateurs sont inquiets par rapport aux livraisons de produits frais : « La municipalité verra avec les transporteurs comment organiser les passages avec une priorité pour le frais et les produits surgelés », répond le maire. Les livraisons devront donc être faites avant 10h au bourg sachant que cet horaire imposé sera parfois incompatible avec les horaires de marée dont elles sont tributaires.

Concernant la Poste, une nouvelle organisation sera également à prévoir puisque les sacs de courrier devront être relevés avant la fermeture des barrières, soit à 9h30 au lieu de 12h.

Ce qui posera un gros problème à certains acteurs de l’île, notamment aux Verreries de Bréhat, comme l’explique Yves Neumager, son gérant : « c’est déjà un challenge pour être à l’heure pour le départ des livraisons qui partent avant 12h par Chronopost, alors à 9h30, c’est impossible. Nous avons des demandes qu’il faut satisfaire très rapidement, retarder d’une journée le départ de nos colis est très contraignant commercialement. Nous avons un autre problème lié au poids. La Poste nous autorise des paquets de 30kg maximum. On a parfois plusieurs colis de 30 kg à envoyer. Sans l’accès au bureau de poste avec la voiture des Verreries, cela va être compliqué. »
Et les normes d’accessibilité ?

Une autre inquiétude concerne les personnes à mobilité réduite qui se font habituellement déposer au pied de leur hôtel. « On a respecté les normes pour personnes à mobilité réduite dans notre établissement et on ne pourra plus les accueillir avec le même service en été si elles doivent descendre la côte du bourg avec leurs bagages au lieu d’être déposées devant la porte de l’hôtel en Petit Train », explique Chrystelle Judic de la Vieille Auberge.

Alain Louail, des transports Louail et associé de la société du Petit Train, suggère que le projet soit laissé en suspens un an, comme pour les portiques éco-taxes, pour être réellement concertés et penser ensemble le projet. « On est tous d’accord pour dire que la sécurité est capitale au bourg », précise-t-il.
Parkings à vélos ?

Concernant les vélos, les loueurs informent déjà leur clientèle qu’il est interdit d’être à vélo au bourg et leur conseillent même des itinéraires pour l’éviter.

« Il faudrait la création d’au moins 4 parkings à vélos pour bien faire, un en haut de la côte du bourg, l’autre au patronage, un au Guerzido et un au phare du Paon », estime Rosine Dalibot, loueuse de vélos au Port Clos.

Même si les pompiers bénéficient d’une dérogation pour circuler au bourg, on peut s’inquiéter du temps que la manipulation prendra pour descendre du véhicule et ouvrir la barrière, car dans certaines interventions, chaque minute compte.

Le médecin aura l’autorisation de circuler à vélo pour assurer ses urgences. Selon sa suggestion, le maire propose alors d’envisager la possibilité d’installer un défibrillateur supplémentaire au bourg.
Un test avant validation

A la sortie de la réunion, certains acteurs présents ont l’impression que la décision a déjà été prise « On peut juste choisir la couleur des barrières en fait », ironisent-ils.

Liliane Leyrat présidente de la commission sécurité promet :

Nous allons faire un test et revoir tout le monde en septembre pour valider si cela peut fonctionner à terme.

Suite à cette réunion, la société du Petit Train de Bréhat a demandé à rencontrer le maire et la commission.


http://www.lapressedarmor.fr/dossiers/securite-du-bourg-en-ete-des-barrieres-pour-limiter-velos-et-vehicules_9258/

La société du Petit Train inquiète

La pose de barrières au bourg, durant l'été, empêchera le petit train de passer pour acheminer les clients jusqu'au bourg. L'entreprise craint pour son avenir...

30/05/2016 à 11:35 par Annick Guillemot


Le petit train de l’île assure le transport des personnes et de leurs bagages dans toute l’île depuis les cales du port clos.

Alain Louail estime que le système de barrières va mettre l’activité en péril. « Nous assurons le transport à la carte avec 10 points d’arrêt sur l’île. Le plus fréquent est de déposer des personnes à la croix de Kérano. S’il faut faire des détours par Saint-Michel, par exemple, cela fera des manoeuvres en plus. Ce sera encore plus délicat et on ne tiendra pas les délais. »

L’entreprise emploie deux salariés et avait prévu d’aménager un train pour les personnes à mobilité réduite. Aujourd’hui, elle s’interroge : « On nous a proposé une dérogation pour passer le bourg mais cela implique que nous ayons une personne pour descendre ouvrir puis refermer la barrière, c’est ingérable ! »

Le petit train qui fonctionne toute l’année, présente un budget de 100 000 €. Il assure l’équilibre de son activité grâce à la fréquentation touristique. « On peut faire une journée à 1 000 € en été et une autre à 30 € en hiver, la moyenne pour garder les salariés est de 220 € la journée, détaille Alain Louail. C’est comme ça qu’on peut lisser notre budget. » Et maintenir un tarif à 3 € la place pour les habitants. Le contournement du bourg risque de changer cette donne.

Quand aux personnes à mobilité réduite, « comment feront-elles pour aller jusqu’à leur hôtel ? » L’entreprise a demandé le report d’un an de la décision municipale. « Pour n’importe quelle décision de ce type, il devrait y avoir une consultation. Là, la décision a été prise en comité restreint et sans compétences extérieures. Le problème de sécurité existe mais il y a moyen de le régler autrement. »

22870 Île-de-Bréhat
Annick Guillemot
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