Bennu, l'astéroïde qui pourrait frapper la Terre
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Bennu, l'astéroïde qui pourrait frapper la Terre
Le 30 juin est l'Asteroid Day, journée mondiale de sensibilisation au danger des astéroïdes. L'occasion de faire connaissance avec l'un de ces fameux objets menaçant notre planète, un "caillou" de 500 mètres de diamètre.
Le météore de Tchéliabinsk, qui a causé quelque 1.500 blessés en explosant en altitude au-dessus de la ville russe du même nom en février 2013, ne faisait que 18 mètres de diamètre. Celui qui a probablement provoqué l'extinction des dinosaures, voici 66 millions d'années, était long d'une dizaine de kilomètres. Entre les deux, Bennu. Ce "petit" astéroïde large de 500 mètres est le plus important risque actuel pour la planète que l'on ait identifié jusqu'ici.
Taille de Bennu comparé à l'Empire State Building et à la tour Eiffel (NASA/University of Arizona)
Une chance sur 2.500
Bennu fait partie du club des objets géocroiseurs, ces astéroïdes et comètes qui passent près de la Terre. Son orbite l'amène près de notre planète tous les six ans environ, et il représente un danger potentiel.
Dans la liste des risques d'impact établie par la Nasa, Bennu est en seconde position. Devant lui, un astéroïde de 1,3 km de diamètre, 29075 (1950 DA), mais celui-ci ne vas pas s'approcher de la Terre d'assez près pour la menacer avant 2880. Bennu, lui, a des "créneaux" de collision beaucoup plus proches de nous, à la fin du 22e siècle, avec les plus fortes probabilités en 2175 et 2196.
Une probabilité faible, cependant : une chance sur 2.500 environ, selon les évaluations de la Nasa. Mais des incertitudes demeurent sur sa trajectoire, qui pourrait même être modifiée au fil du temps. De quoi nous inciter à surveiller Bennu de très près.
Scénario catastrophe
Si Bennu s'écrasait sur notre planète, les dégâts pourraient être énormes. Bien sûr, il ne s'agirait pas d'un "tueur de civilisation" qui plongerait la Terre dans le chaos, les extinctions massives et l'hiver nucléaire, mais s'il venait à frapper une zone habitée, les conséquences en seraient dramatiques. L'outil de modélisation Impact Earth, développé par l'université de Purdue (Etats-Unis), peut nous donner une idée générale de ce qui se passerait dans un tel cas.
Bennu se fragmenterait partiellement en traversant l'atmosphère terrestre, mais ses différents morceaux toucheraient le sol dans un rayon d'à peine plus d'un kilomètre. Si le choc se produisait sur la terre ferme, le résultat serait une boule de feu de près de 6 km de rayon, et un cratère final de 7 km de diamètre et plus de 500 mètres de profondeur. Le choc détruirait les immeubles dans un rayon de 70 kilomètres, et toute personne se trouvant à cette distance sans être à l'abri du souffle souffrirait de brûlures du troisième degré du fait des radiations thermiques dégagées par l'impact.
Bien sûr, l'astéroïde aurait beaucoup plus de chances de s'abîmer dans un océan. Dans ce cas, s'il tombait à quelques centaines de kilomètres d'une côte, il pourrait y avoir un tsunami avec des vagues entre 3 m et 55 m de haut.
Heureusement, ce n'est qu'un scénario du pire, mais cela amène à réfléchir au danger général que les astéroïdes font peser sur notre planète.
Né dans une collision
Découvert seulement en 1999, Bennu était à l'origine connu sous la désignation banale de 1999 RQ36. Mais grâce à un enfant de 9 ans et à un concours co-organisé en 2013 par l'université de l'Arizona et la Planetary Society, il a pris le nom d'un oiseau mythique de l'ancienne Egypte, un héron cendré dont la légende serait l'ancêtre de celle du phénix.
Bennu, donc, a depuis fait l'objet d'observations détaillées. La Nasa a même reconstitué en partie son histoire. Voici un milliard d'années, une collision cataclysmique se serait produite entre un gros astéroïde, ou peut-être une planète naine, formée dès l'origine de notre système solaire, et un autre corps céleste. Quelques-uns des débris se seraient alors agglomérés en un corps beaucoup plus petit, Bennu.
Son orbite se serait modifiée au fil du temps. Se rapprochant un peu trop de Saturne, cette dernière l'aurait alors redirigée vers l'intérieur du système solaire, où il aurait adopté la trajectoire qui est la sienne aujourd'hui. Une orbite qui l'amène à proximité de Vénus et de Mars, et qui traverse celle de la Terre, rendant Bennu dangereux, à terme, d'autant qu'elle n'est pas encore connue avec toute la précision que l'on pourrait souhaiter dans un pareil cas.
Des incertitudes de trajectoire
S'il peut y avoir quelques incertitudes minimes sur les trajectoires de certains astéroïdes, c'est entre autres parce qu'elles peuvent se modifier au fil du temps, par l'interaction avec d'autres corps célestes, ou par un effet particulier qui nécessite des mesures précises pour en mesurer les conséquences : l'effet Yarkovsky.
Comme les planètes, les astéroïdes sont en rotation sur eux-mêmes. Bennu, par exemple, effectue un "tour" complet sur lui-même en 4h 18mn. Lorsqu'une face de l'astéroïde est exposée aux rayons du soleil, elle se réchauffe. Lorsque la face en question se retrouver dans l'obscurité, elle va dégager cette chaleur dans l'espace, ce qui va agir comme une sorte de mini-propulseur, capable éventuellement d'affecter, même de manière minime, la trajectoire du bolide.
En fonction de la forme de l'astéroïde, ces forces peuvent se compenser mutuellement, ou pas. Il est donc important de connaître l'ampleur de l'effet Yarkovsky sur Bennu afin d'être sûrs qu'il ne va pas le dévier sur une trajectoire encore plus dangereuse pour nous.
Des échantillons de Bennu en 2023
Bennu serait composé en grande partie de chondres, la matière de base des origines du système solaire (tout au moins pour les premiers corps rocheux), ce qui le rend intéressant pour les scientifiques. "Sur les planètes comme la Terre, les matériaux d'origine ont été profondément altérés par l'activité géologique et les réactions chimiques avec notre atmosphère et avec l'eau", expliquait Edward Beshore, de l'université de l'Arizona, qui travaille sur la mission Osiris-REx de la Nasa.
Une mission dont le but est d'aller sur Bennu et d'en rapporter des échantillons. "Nous pensons que Bennu est relativement inchangé, donc que cet astéroïde est une sorte de capsule temporelle que nous pouvons examiner", précise Edward Beshore. Bennu pourrait même comporter des molécules "organiques", composées de carbone et d'hydrogène, qui sont à la base des "briques" de la vie terrestre.
La sonde Osiris-REx va également étudier en détails la trajectoire de Bennu (en évaluant l'effet Yarkovsky), et cartographier sa surface en détails. Elle sera lancée le 8 septembre de cette année, et atteindra Bennu en 2018. Le retour des échantillons sur Terre est prévu pour 2023.
Asteroid Day : le rendez-vous de la sensibilisation
On connaît aujourd'hui dans les 7.000 astéroïdes géocroiseurs de plus de 140 mètres de diamètre, mais il ne s'agirait là que d'une partie de cette population d'objets potentiellement dangereux. Le congrès américain a demandé récemment à la Nasa de repérer 90% des géocroiseurs, alors que selon certaines estimations, on n'en connaîtrait que 25%.
Il y a donc encore du travail, et l'association Asteroid Day, qui milite pour une meilleure prise en compte de ce risque, a fait du 30 juin une journée mondiale de sensibilisation sur le sujet.
Le blog de Jean-Paul Fritz sur le site de "l'Obs" : Chroniques de l'Espace-Temps
Le météore de Tchéliabinsk, qui a causé quelque 1.500 blessés en explosant en altitude au-dessus de la ville russe du même nom en février 2013, ne faisait que 18 mètres de diamètre. Celui qui a probablement provoqué l'extinction des dinosaures, voici 66 millions d'années, était long d'une dizaine de kilomètres. Entre les deux, Bennu. Ce "petit" astéroïde large de 500 mètres est le plus important risque actuel pour la planète que l'on ait identifié jusqu'ici.
Taille de Bennu comparé à l'Empire State Building et à la tour Eiffel (NASA/University of Arizona)
Une chance sur 2.500
Bennu fait partie du club des objets géocroiseurs, ces astéroïdes et comètes qui passent près de la Terre. Son orbite l'amène près de notre planète tous les six ans environ, et il représente un danger potentiel.
Dans la liste des risques d'impact établie par la Nasa, Bennu est en seconde position. Devant lui, un astéroïde de 1,3 km de diamètre, 29075 (1950 DA), mais celui-ci ne vas pas s'approcher de la Terre d'assez près pour la menacer avant 2880. Bennu, lui, a des "créneaux" de collision beaucoup plus proches de nous, à la fin du 22e siècle, avec les plus fortes probabilités en 2175 et 2196.
Une probabilité faible, cependant : une chance sur 2.500 environ, selon les évaluations de la Nasa. Mais des incertitudes demeurent sur sa trajectoire, qui pourrait même être modifiée au fil du temps. De quoi nous inciter à surveiller Bennu de très près.
Scénario catastrophe
Si Bennu s'écrasait sur notre planète, les dégâts pourraient être énormes. Bien sûr, il ne s'agirait pas d'un "tueur de civilisation" qui plongerait la Terre dans le chaos, les extinctions massives et l'hiver nucléaire, mais s'il venait à frapper une zone habitée, les conséquences en seraient dramatiques. L'outil de modélisation Impact Earth, développé par l'université de Purdue (Etats-Unis), peut nous donner une idée générale de ce qui se passerait dans un tel cas.
Bennu se fragmenterait partiellement en traversant l'atmosphère terrestre, mais ses différents morceaux toucheraient le sol dans un rayon d'à peine plus d'un kilomètre. Si le choc se produisait sur la terre ferme, le résultat serait une boule de feu de près de 6 km de rayon, et un cratère final de 7 km de diamètre et plus de 500 mètres de profondeur. Le choc détruirait les immeubles dans un rayon de 70 kilomètres, et toute personne se trouvant à cette distance sans être à l'abri du souffle souffrirait de brûlures du troisième degré du fait des radiations thermiques dégagées par l'impact.
Bien sûr, l'astéroïde aurait beaucoup plus de chances de s'abîmer dans un océan. Dans ce cas, s'il tombait à quelques centaines de kilomètres d'une côte, il pourrait y avoir un tsunami avec des vagues entre 3 m et 55 m de haut.
Heureusement, ce n'est qu'un scénario du pire, mais cela amène à réfléchir au danger général que les astéroïdes font peser sur notre planète.
Né dans une collision
Découvert seulement en 1999, Bennu était à l'origine connu sous la désignation banale de 1999 RQ36. Mais grâce à un enfant de 9 ans et à un concours co-organisé en 2013 par l'université de l'Arizona et la Planetary Society, il a pris le nom d'un oiseau mythique de l'ancienne Egypte, un héron cendré dont la légende serait l'ancêtre de celle du phénix.
Bennu, donc, a depuis fait l'objet d'observations détaillées. La Nasa a même reconstitué en partie son histoire. Voici un milliard d'années, une collision cataclysmique se serait produite entre un gros astéroïde, ou peut-être une planète naine, formée dès l'origine de notre système solaire, et un autre corps céleste. Quelques-uns des débris se seraient alors agglomérés en un corps beaucoup plus petit, Bennu.
Son orbite se serait modifiée au fil du temps. Se rapprochant un peu trop de Saturne, cette dernière l'aurait alors redirigée vers l'intérieur du système solaire, où il aurait adopté la trajectoire qui est la sienne aujourd'hui. Une orbite qui l'amène à proximité de Vénus et de Mars, et qui traverse celle de la Terre, rendant Bennu dangereux, à terme, d'autant qu'elle n'est pas encore connue avec toute la précision que l'on pourrait souhaiter dans un pareil cas.
Des incertitudes de trajectoire
S'il peut y avoir quelques incertitudes minimes sur les trajectoires de certains astéroïdes, c'est entre autres parce qu'elles peuvent se modifier au fil du temps, par l'interaction avec d'autres corps célestes, ou par un effet particulier qui nécessite des mesures précises pour en mesurer les conséquences : l'effet Yarkovsky.
Comme les planètes, les astéroïdes sont en rotation sur eux-mêmes. Bennu, par exemple, effectue un "tour" complet sur lui-même en 4h 18mn. Lorsqu'une face de l'astéroïde est exposée aux rayons du soleil, elle se réchauffe. Lorsque la face en question se retrouver dans l'obscurité, elle va dégager cette chaleur dans l'espace, ce qui va agir comme une sorte de mini-propulseur, capable éventuellement d'affecter, même de manière minime, la trajectoire du bolide.
En fonction de la forme de l'astéroïde, ces forces peuvent se compenser mutuellement, ou pas. Il est donc important de connaître l'ampleur de l'effet Yarkovsky sur Bennu afin d'être sûrs qu'il ne va pas le dévier sur une trajectoire encore plus dangereuse pour nous.
Des échantillons de Bennu en 2023
Bennu serait composé en grande partie de chondres, la matière de base des origines du système solaire (tout au moins pour les premiers corps rocheux), ce qui le rend intéressant pour les scientifiques. "Sur les planètes comme la Terre, les matériaux d'origine ont été profondément altérés par l'activité géologique et les réactions chimiques avec notre atmosphère et avec l'eau", expliquait Edward Beshore, de l'université de l'Arizona, qui travaille sur la mission Osiris-REx de la Nasa.
Une mission dont le but est d'aller sur Bennu et d'en rapporter des échantillons. "Nous pensons que Bennu est relativement inchangé, donc que cet astéroïde est une sorte de capsule temporelle que nous pouvons examiner", précise Edward Beshore. Bennu pourrait même comporter des molécules "organiques", composées de carbone et d'hydrogène, qui sont à la base des "briques" de la vie terrestre.
La sonde Osiris-REx va également étudier en détails la trajectoire de Bennu (en évaluant l'effet Yarkovsky), et cartographier sa surface en détails. Elle sera lancée le 8 septembre de cette année, et atteindra Bennu en 2018. Le retour des échantillons sur Terre est prévu pour 2023.
Asteroid Day : le rendez-vous de la sensibilisation
On connaît aujourd'hui dans les 7.000 astéroïdes géocroiseurs de plus de 140 mètres de diamètre, mais il ne s'agirait là que d'une partie de cette population d'objets potentiellement dangereux. Le congrès américain a demandé récemment à la Nasa de repérer 90% des géocroiseurs, alors que selon certaines estimations, on n'en connaîtrait que 25%.
Il y a donc encore du travail, et l'association Asteroid Day, qui milite pour une meilleure prise en compte de ce risque, a fait du 30 juin une journée mondiale de sensibilisation sur le sujet.
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