Bayer-Monsanto. L'ogre qui pourrait tout engloutir
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Bayer-Monsanto. L'ogre qui pourrait tout engloutir
Publié le 16/10/2016 à 19:36 Humanité Dimanche
Noces funèbres. D'un côté, Monsanto, leader des semences OGM, une firme haïe qui réunit contre elle une « marche mondiale ». De l'autre, Bayer, géant des pesticides, connu pour l'aspirine, moins comme l'héritier du conglomérat pro-nazis IG Farben. Ensemble, ils absorberaient la chaîne agricole : des semences aux pesticides qui se retrouvent dans nos assiettes, et même les médicaments.
Bayer va lâcher 59 milliards d'euros pour racheter la firme du Missouri. À eux deux, c'est 23 milliards d'euros de chiffre d'affaires et 140 000 salariés. Mais c'est pour relever le « défi de l'alimentation de 9 milliards de personnes en 2050 », promet Bayer. Avant que les autorités se penchent sur la fusion, citoyens et ONG se réuniront du 14 au 16 octobre à La Haye pour juger Monsanto, absent des débats. Que cache la fusion ? Un ogre prêt à enfermer les paysans, à nous empoisonner tous et même à nous soigner...
Croquer ou se faire croquer !
Chez les vendeurs de pesticides, c'est le grand Monopoly. Le marché est dominé par les « big six » : le suisse Syngenta, l'allemand Bayer, les américains Monsanto, Dow Chemical et Dupont et le chinois ChemChina. Après avoir racheté leurs petits concurrents, ils se bouffent entre eux. En décembre 2015, Dow et Dupont ont fusionné pour 130 millions de dollars ! Syngenta a fini par être croqué par ChemChina pour 43 milliards, après que Monsanto a tenté de l'avaler. Et le prédateur est devenu une proie. Car Monsanto n'est pas au top. Son bénéfice a reculé de 15 % en 2015. Il se prend la baisse du prix des matières premières agricoles et donc la chute du revenu des agriculteurs. Qui à son tour touche la demande pour les engrais, semences et pesticides. Du coup, il prévoit... de licencier 3 600 salariés, 16 % de ses effectifs d'ici à 2018. Bayer, deuxième producteur de pesticides, a sauté sur l'occasion.« C'est une étape de plus dans la concentration. Mais on arrive à un tel niveau qu'une fusion comme celle-ci est spectaculaire », explique Emmanuel Aze, secrétaire national à la Confédération paysanne. C'est un feu d'artifice : 24 % des pesticides vont être produits par le groupe, 30 % des semences. Les trois ogres (Dupont-Dow, Syngenta-ChemChina, Bayer-Monsanto) contrôleront 60 % des graines et 75 % des produits phytosanitaires vendus sur la planète.
cette « fusion signe la fin de la biodiversité », alerte une centaine de chefs étoilés, dans une pétition. Changer de nom pour enterrer les cadavres
La journaliste Marie-Monique Robin traque depuis 15 ans les dégâts environnementaux et sanitaires causés par Monsanto : PCB, glyphosate... « C'est dans l'intérêt de Monsanto, qui traîne une image détestable, de voir ce nom disparaître. » En effet, on peut imaginer que Bayer va l'abandonner. Mais le chimiste allemand a lui aussi son lot de scandales. « Je me souviens d'un agriculteur qui avait un Parkinson reconnu comme maladie professionnelle. L'insecticide de Bayer l'avait rendu malade,. Il a retrouvé Bayer à l'hôpital... dans ses médicaments », raconte-t-elle. Les alertes se multiplient sur les liens possibles entre pesticides et hémopathies, cancers, maladies de Parkinson et d'Alzheimer, troubles de la reproduction et du développement de l'enfant... Mais Bayer est là pour nous soigner. Il s'attend à « une croissance particulièrement élevée du chiffre d'affaires et des marges dans la division des médicaments », selon son PDG, Werner Baumann : + 6 % d'ici à 2018. Parmi ses produits phares : les anticancéreux Stivarga et Xofigo.
Le but : se poser en incontournable pour le paysan, qui deviendra simple ouvrier appliquant les consignes. Haro sur les semences !
Monsanto, avec cinq autres firmes, détient les clés du garde-manger de la planète : du moins en Europe et aux États-Unis, où plus de 95 % des semences (de maïs, soja, blé...) sont industrielles. Dans les OGM, conventionnelles et bio, Monsanto est partout, Bayer un peu moins. « Il y a une évolution très grande des techniques et de la propriété intellectuelle », explique Guy Kastler, chargé des semences à la Confédération paysanne. « Ces firmes ne sélectionnent plus des semences avec des graines physiques. Elles ont dématérialisé les informations génétiques, c'est-à-dire séquencé les génomes des plantes. Elles constituent d'immenses bases de données génétiques qui sont croisées, via des moteurs de recherche puissants, à d'autres qui contiennent les caractères intéressants d'une plante pour la culture (résistance, stérilité...). À partir de là, des brevets sur les gènes peuvent être déposés. » Le but de la fusion : c'est bien de faire main basse sur les semences via ces bases de données. Aujourd'hui, elles essayent de faire breveter des gènes natifs, c'est-à-dire des gènes existant à l'état naturel. Au coeur de cette exploitation, il y a le brevet : « La mise sous tutelle de toutes les paysanneries mondiales », dénonce Emmanuel Aze. En France, la loi reconnaît la possibilité pour les paysans de faire leur semence à partir de semences industrielles. Mais aux ÉtatsUnis, au Chili ou en Colombie Monsanto poursuit les agriculteurs qui ne lui ont pas payé les royalties. « Le but : ce n'est pas de mettre sur la paille chaque paysan, mais de le dissuader de faire ses semences. »
Enfermer les paysans dans un « système clés en main »
Ce géant va ainsi se poser comme incontournable pour les producteurs : en leur fournissant donc semences, engrais et pesticides. Mais aussi conseil et services. Bayer achète aussi l'avance qu'a prise la compagnie de Saint-Louis dans l'accompagnement digital des agriculteurs. En 2013, Monsanto a lâché 1 milliard de dollars pour la start-up The Climate Corporation, spécialisée dans l'analyse météo à très petite échelle. Avec ce « pack complet », l'agriculteur sera sous la dépendance d'une seule entreprise. « On dira au paysan : tel jour, il va pleuvoir, il faut utiliser tel laser, à telle profondeur, avec telle dose de pesticides. Le paysan deviendra un simple ouvrier qui applique les consignes. Il n'y aura plus que du savoir technique maîtrisé par quelques firmes », analyse Guy Kastler
Cheval de Troie pour changer les législations
Pour les deux géants, c'est aussi l'occasion de renforcer leur lobbying déjà intense auprès des institutions. Pour preuve : en juin dernier, la Commission européenne a prolongé encore de 18 mois l'autorisation de vente du glyphosate, suivant ainsi l'avis de l'Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA), qui s'en remettait... aux études fournies par Monsanto.
Selon l'observatoire européen CEO, le lobby des pesticides, piloté par Bayer, serait déjà le plus influent à Bruxelles. En France aussi, via le syndicat majoritaire agricole, la FNSEA, il sait se faire entendre. La loi biodiversité interdit les néonicotinoïdes à partir de 2018. « Des dérogations pourraient être accordées entre 2018 et 2020 dans le cas où ils n'auraient pas d'alternatives probantes en termes d'efficacité. Dans une réunion à l'ANSES (agence de l'alimentation), le 29 septembre, on a découvert que l'évaluation économique ne porterait que sur les rendements et n'intégrerait pas la dangerosité pour les écosystèmes », explique Em manuel Aze. Enclair : jusqu'en 2020, les néonicotinoïdes seront toujours utilisés. Bayer vient d'ailleurs de demander l'autorisation pour deux autres néonicotinoïdes. Mais surtout il faut bien comprendre que ces « firmes vont tout savoir de la production alimentaire de tous les pays, aucun service de renseignements ne peut en dire autant. Et avec la possibilité de manipuler des gouvernements », continue Guy Kastler.... Voilà comment pourraient passer des lois favorables à leurs intérêts sur les semences, comme sur les nouveaux OGM qu'elles veulent vendre sans étiquetage.
Selon l'observatoire européen CEO, le lobby des pesticides, piloté par Bayer, serait déjà le plus influent à Bruxelles. Contrôler la chaîne alimentaire : le syndrome des dieux
Les chefs étoilés français Yannick Alléno et Olivier Roellinger ne s'y sont pas trompés en lançant une pétition fin septembre, signée par une centaine de chefs et pâtissiers français. « La nature vivante ne sera plus qu'un produit marketé, transformé, muté au service d'un Léviathan », dénoncent-ils. Car, pour eux, la fusion signe la fin de la biodiversité. L'agence de l'alimentation de l'ONU estime que 75 % de la diversité des cultures ont déjà été perdus. Des 876 variétés inscrites en 1954, il n'en restait plus que 182 au catalogue français en 2002. Car les deux firmes ont la même vision de ce que doit être l'agriculture : le profit avant le goût, la santé et l'environnement.
LES EURODÉPUTÉS VEULENT FAIRE EXPLOSER LA FUSION
À peine la fusion annoncée le 14 septembre, 55 députés européens ont interpellé la commissaire à la Concurrence, Margrethe Vestager, pour lui demander d'interdire l'acquisition de Monsanto par Bayer. Parmi ceux-là, les eurodéputés de la GUE, Patrick Le Hyaric, directeur de « l'Humanité », Marie-Christine Vergiat ou Jean-Luc Mélenchon. La commission leur a répondu le 3 octobre, elle « examinera attentivement le cas Bayer-Monsanto et prendra en compte les préoccupations soulevées par les parlementaires ». Bayer et Monsanto n'ont pas encore notifié leur projet de fusion auprès de ses services. Une fois faite, la commission aura 25 jours pour s'y opposer.
UN COCKTAIL EXPLOSIF DE SCANDALES
Le scandale du sang contaminé dans les années 1970, de l'huile frelatée (600 morts en Espagne) dans les années 1980 ou celui des pilules de 4e génération provoquant des thromboses... C'est le palmarès, non exhaustif, de Bayer. On doit aussi au géant allemand les insecticides Gaucho et Regent, accusés d'exterminer les abeilles. Les méfaits du fabricant remontent à loin. Fin XIXe, deux chimistes de Bayer développent un procédé de production en masse pour l'usage militaire du gaz moutarde utilisé à grande échelle pendant la Première Guerre mondiale, les conflits coloniaux et la guerre Irak-Iran. Au top de ce sinistre palmarès, rappelons l'affaire IG Farben, dont Bayer est une filiale. Ce complexe chimique jugé au procès de Nuremberg a fourni le Zyklon B, gaz exterminateur des camps nazis, mais aussi acheté des déportés du camp d'Auschwitz pour qu'ils servent de cobayes. Monsanto collectionne lui aussi les scandales comme celui de l'hormone de croissance, des PCB (polychlorobiphényles) ou du glyphosate (Roundup). On lui doit l'agent orange, herbicide de sinistre mémoire utilisé par l'US Army au Vietnam. 80 millions de litres y ont été déversés, décimant 20 % des forêts, 400 000 ha de terres agricoles. 4,8 millions d'habitants y ont été directement exposés entre 1961 et 1971.
Noces funèbres. D'un côté, Monsanto, leader des semences OGM, une firme haïe qui réunit contre elle une « marche mondiale ». De l'autre, Bayer, géant des pesticides, connu pour l'aspirine, moins comme l'héritier du conglomérat pro-nazis IG Farben. Ensemble, ils absorberaient la chaîne agricole : des semences aux pesticides qui se retrouvent dans nos assiettes, et même les médicaments.
Bayer va lâcher 59 milliards d'euros pour racheter la firme du Missouri. À eux deux, c'est 23 milliards d'euros de chiffre d'affaires et 140 000 salariés. Mais c'est pour relever le « défi de l'alimentation de 9 milliards de personnes en 2050 », promet Bayer. Avant que les autorités se penchent sur la fusion, citoyens et ONG se réuniront du 14 au 16 octobre à La Haye pour juger Monsanto, absent des débats. Que cache la fusion ? Un ogre prêt à enfermer les paysans, à nous empoisonner tous et même à nous soigner...
Croquer ou se faire croquer !
Chez les vendeurs de pesticides, c'est le grand Monopoly. Le marché est dominé par les « big six » : le suisse Syngenta, l'allemand Bayer, les américains Monsanto, Dow Chemical et Dupont et le chinois ChemChina. Après avoir racheté leurs petits concurrents, ils se bouffent entre eux. En décembre 2015, Dow et Dupont ont fusionné pour 130 millions de dollars ! Syngenta a fini par être croqué par ChemChina pour 43 milliards, après que Monsanto a tenté de l'avaler. Et le prédateur est devenu une proie. Car Monsanto n'est pas au top. Son bénéfice a reculé de 15 % en 2015. Il se prend la baisse du prix des matières premières agricoles et donc la chute du revenu des agriculteurs. Qui à son tour touche la demande pour les engrais, semences et pesticides. Du coup, il prévoit... de licencier 3 600 salariés, 16 % de ses effectifs d'ici à 2018. Bayer, deuxième producteur de pesticides, a sauté sur l'occasion.« C'est une étape de plus dans la concentration. Mais on arrive à un tel niveau qu'une fusion comme celle-ci est spectaculaire », explique Emmanuel Aze, secrétaire national à la Confédération paysanne. C'est un feu d'artifice : 24 % des pesticides vont être produits par le groupe, 30 % des semences. Les trois ogres (Dupont-Dow, Syngenta-ChemChina, Bayer-Monsanto) contrôleront 60 % des graines et 75 % des produits phytosanitaires vendus sur la planète.
cette « fusion signe la fin de la biodiversité », alerte une centaine de chefs étoilés, dans une pétition. Changer de nom pour enterrer les cadavres
La journaliste Marie-Monique Robin traque depuis 15 ans les dégâts environnementaux et sanitaires causés par Monsanto : PCB, glyphosate... « C'est dans l'intérêt de Monsanto, qui traîne une image détestable, de voir ce nom disparaître. » En effet, on peut imaginer que Bayer va l'abandonner. Mais le chimiste allemand a lui aussi son lot de scandales. « Je me souviens d'un agriculteur qui avait un Parkinson reconnu comme maladie professionnelle. L'insecticide de Bayer l'avait rendu malade,. Il a retrouvé Bayer à l'hôpital... dans ses médicaments », raconte-t-elle. Les alertes se multiplient sur les liens possibles entre pesticides et hémopathies, cancers, maladies de Parkinson et d'Alzheimer, troubles de la reproduction et du développement de l'enfant... Mais Bayer est là pour nous soigner. Il s'attend à « une croissance particulièrement élevée du chiffre d'affaires et des marges dans la division des médicaments », selon son PDG, Werner Baumann : + 6 % d'ici à 2018. Parmi ses produits phares : les anticancéreux Stivarga et Xofigo.
Le but : se poser en incontournable pour le paysan, qui deviendra simple ouvrier appliquant les consignes. Haro sur les semences !
Monsanto, avec cinq autres firmes, détient les clés du garde-manger de la planète : du moins en Europe et aux États-Unis, où plus de 95 % des semences (de maïs, soja, blé...) sont industrielles. Dans les OGM, conventionnelles et bio, Monsanto est partout, Bayer un peu moins. « Il y a une évolution très grande des techniques et de la propriété intellectuelle », explique Guy Kastler, chargé des semences à la Confédération paysanne. « Ces firmes ne sélectionnent plus des semences avec des graines physiques. Elles ont dématérialisé les informations génétiques, c'est-à-dire séquencé les génomes des plantes. Elles constituent d'immenses bases de données génétiques qui sont croisées, via des moteurs de recherche puissants, à d'autres qui contiennent les caractères intéressants d'une plante pour la culture (résistance, stérilité...). À partir de là, des brevets sur les gènes peuvent être déposés. » Le but de la fusion : c'est bien de faire main basse sur les semences via ces bases de données. Aujourd'hui, elles essayent de faire breveter des gènes natifs, c'est-à-dire des gènes existant à l'état naturel. Au coeur de cette exploitation, il y a le brevet : « La mise sous tutelle de toutes les paysanneries mondiales », dénonce Emmanuel Aze. En France, la loi reconnaît la possibilité pour les paysans de faire leur semence à partir de semences industrielles. Mais aux ÉtatsUnis, au Chili ou en Colombie Monsanto poursuit les agriculteurs qui ne lui ont pas payé les royalties. « Le but : ce n'est pas de mettre sur la paille chaque paysan, mais de le dissuader de faire ses semences. »
Enfermer les paysans dans un « système clés en main »
Ce géant va ainsi se poser comme incontournable pour les producteurs : en leur fournissant donc semences, engrais et pesticides. Mais aussi conseil et services. Bayer achète aussi l'avance qu'a prise la compagnie de Saint-Louis dans l'accompagnement digital des agriculteurs. En 2013, Monsanto a lâché 1 milliard de dollars pour la start-up The Climate Corporation, spécialisée dans l'analyse météo à très petite échelle. Avec ce « pack complet », l'agriculteur sera sous la dépendance d'une seule entreprise. « On dira au paysan : tel jour, il va pleuvoir, il faut utiliser tel laser, à telle profondeur, avec telle dose de pesticides. Le paysan deviendra un simple ouvrier qui applique les consignes. Il n'y aura plus que du savoir technique maîtrisé par quelques firmes », analyse Guy Kastler
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Pour les deux géants, c'est aussi l'occasion de renforcer leur lobbying déjà intense auprès des institutions. Pour preuve : en juin dernier, la Commission européenne a prolongé encore de 18 mois l'autorisation de vente du glyphosate, suivant ainsi l'avis de l'Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA), qui s'en remettait... aux études fournies par Monsanto.
Selon l'observatoire européen CEO, le lobby des pesticides, piloté par Bayer, serait déjà le plus influent à Bruxelles. En France aussi, via le syndicat majoritaire agricole, la FNSEA, il sait se faire entendre. La loi biodiversité interdit les néonicotinoïdes à partir de 2018. « Des dérogations pourraient être accordées entre 2018 et 2020 dans le cas où ils n'auraient pas d'alternatives probantes en termes d'efficacité. Dans une réunion à l'ANSES (agence de l'alimentation), le 29 septembre, on a découvert que l'évaluation économique ne porterait que sur les rendements et n'intégrerait pas la dangerosité pour les écosystèmes », explique Em manuel Aze. Enclair : jusqu'en 2020, les néonicotinoïdes seront toujours utilisés. Bayer vient d'ailleurs de demander l'autorisation pour deux autres néonicotinoïdes. Mais surtout il faut bien comprendre que ces « firmes vont tout savoir de la production alimentaire de tous les pays, aucun service de renseignements ne peut en dire autant. Et avec la possibilité de manipuler des gouvernements », continue Guy Kastler.... Voilà comment pourraient passer des lois favorables à leurs intérêts sur les semences, comme sur les nouveaux OGM qu'elles veulent vendre sans étiquetage.
Selon l'observatoire européen CEO, le lobby des pesticides, piloté par Bayer, serait déjà le plus influent à Bruxelles. Contrôler la chaîne alimentaire : le syndrome des dieux
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