Assurance chômage : le faux suspense
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Assurance chômage : le faux suspense
ARTICLE LA TRIBUNE Publié le 18/10/2016 à 19:59
Pierre Gattaz, président du Medef estime qu'il est encore possible de conclure une négociation sur l'assurance chômage d'ici mai 2017... Un scénario qui paraît pourtant peu probable. (Crédits : © Robert Pratta / Reuters) Le président du Medef, Pierre Gattaz, propose qu'après une phase de diagnostic, la négociation sur l'assurance chômage reprenne à Noël. En vérité, on a plutôt l'impression qu'il est urgent d'attendre...
Alors, reprise ou pas de la négociation sur l'assurance chômage ? Cela paraît extrêmement douteux même si les différents acteurs de ce psychodrame affichent tous une volonté de reprendre des discussions interrompues en juin 2016 entre les syndicats et le patronat, gestionnaires de l'Unedic, faute d'entente possible sur les nouvelles règles d'indemnisation des demandeurs d'emploi.
Ce qui fait capoter les négociations ?http://www.latribune.fr/economie/france/assurance-chomage-le-gouvernement-proroge-les-regles-actuelles-et-charge-le-medef-579950.html
Savoir s'il faut "taxer" davantage les entreprises qui abusent des CDD courts. Le patronat ne veut absolument pas en entendre parler. Résultat : afin que les chômeurs ne soient pas lésés par cet échec de la négociation, le gouvernement a dû intervenir et proroger par décret les règles sur les cotisations et l'indemnisation en vigueur depuis 2014. Et, depuis six mois, le Premier ministre, la ministre du Travail ou encore le ministre de l'Economie et des Finances - soucieux de voir le déficit de l'Unedic se réduire - appellent le patronat et les syndicats à reprendre langue.
La vraie-fausse menace gouvernementale de "taxer" les CDD
Un temps, en septembre, Myriam El Khomri http://www.latribune.fr/economie/france/le-gouvernement-reflechit-a-une-taxation-des-cdd-courts-et-une-hausse-des-cotisations-chomage-603501.html a même mis un petit coup de pression supplémentaire en laissant entendre, après des rencontres bilatérales avec chacune des organisations patronales et syndicales, qu'éventuellement, le gouvernement pourrait décider, d'ici la fin de l'année, de prendre seul l'initiative de taxer les CDD courts si le patronat ne reprenait pas le dialogue. Mais on a très vite compris que la menace n'était pas vraiment réelle... Les jeux de rôle et les postures continuent.
Le président du Medef, Pierre Gattaz, en a d'ailleurs remis une louche ce mardi 18 octobre en jugeant possible de trouver un accord sur l'assurance chômage "en six mois, avant mai 2017". Et ce en pleine campagne électorale pour la présidentielle. Pour Pierre Gattaz en effet, l'échéance politique d'avril 2017 est une chose, et la négociation entre partenaires sociaux en est une autre. Certes, mais on n'a jamais vu une négociation de cette importance se dérouler sur fond de campagne présidentielle. Car les frontières entre ces deux temps forts sont en réalité extrêmement poreuses. Et l'on voit mal le patronat entrer dans une phase de dialogue immédiatement, alors qu'il pourrait recevoir un renfort significatif du prochain pouvoir exécutif si l'alternance se produisait...
Pierre Gattaz pour une reprise de la négociation à Noël après une phase de diagnostic
Pierre Gattaz l'a tellement bien compris que si l'on décortique de près sa proposition, on se rend immédiatement compte qu'il joue la montre. En fait, il propose aux syndicats une négociation en deux temps. D'ici Noël, "un diagnostic commun" sur l'assurance chômage et ses évolutions à "l'horizon 2025" serait dressé. Pour le président du Medef, il s'agirait d'étudier à quel point la révolution numérique va venir bouleverser les règles de la protection sociale en général et de l'assurance chômage en particulier, via, notamment, l'irréversible essor du travail indépendant. C'est une fois cet état des lieux dressé que les partenaires sociaux entreraient alors dans le vif du sujet à compter de janvier 2017, toujours selon Pierre Gattaz.
Mais, même en se projetant dans l'avenir et en tenant compte de l'évolution des formes de travail, on ne voit pas les syndicats renoncer à la taxation des contrats courts. Une sorte d'union sacrée s'est même créée : FO, CFDT, CFTC et CGT sont toutes sur la même longueur d'onde, même si chacune des organisations avance des recettes différentes pour moduler les cotisations d'assurance chômage. D'autant plus que l'heure est aux mesures immédiates de redressement des comptes, la dette de l'Unedic se creusant de quatre milliards d'euros par an.
D'ailleurs, ça démarre plutôt mal au niveau de l'esprit qui devrait animer cette négociation, si l'on en croit les déclarations de Pierre Gattaz :
"Je préfère mille fois qu'on règle ce problème d'assurance chômage avec les partenaires sociaux plutôt que de laisser l'Etat le faire", a-t-il assuré, mais si "le but de certains autour de la table est de continuer leur mauvais numéro de cirque, c'est très clair, ce sera sans nous". Et de dénoncer à nouveau le "diktat des syndicats à vouloir imposer la taxation des contrats courts comme préalable".
Des avancées du Medef sur la "permittence" et la dégressivité
En revanche, petit progrès, la patron des patrons s'est dit "ouvert à regarder ces problèmes de permittence", c'est-à-dire l'alternance rapide entre CDD et périodes de chômage, "un outil qui est utilisé dans certaines branches, certaines filières, certaines entreprises et qui arrange tout le monde".... Un bel aveu, car c'est en effet ce point qui est le principal responsable des problèmes financiers de l'assurance chômage.
De même, Pierre Gattaz ne se pose plus en farouche partisan de la dégressivité des allocations. Maintenant, il modère ses propos, plaidant pour une "dégressivité intelligente" des allocations chômage. "Cela veut dire qu'on chasse les abus et pas qu'on tape sur la tête des gens qui ont vraiment des problèmes".
Pour autant, il y a fort à parier que les débats n'avanceront réellement qu'au lendemain des échéances électorales du printemps 2017...
Pierre Gattaz, président du Medef estime qu'il est encore possible de conclure une négociation sur l'assurance chômage d'ici mai 2017... Un scénario qui paraît pourtant peu probable. (Crédits : © Robert Pratta / Reuters) Le président du Medef, Pierre Gattaz, propose qu'après une phase de diagnostic, la négociation sur l'assurance chômage reprenne à Noël. En vérité, on a plutôt l'impression qu'il est urgent d'attendre...
Alors, reprise ou pas de la négociation sur l'assurance chômage ? Cela paraît extrêmement douteux même si les différents acteurs de ce psychodrame affichent tous une volonté de reprendre des discussions interrompues en juin 2016 entre les syndicats et le patronat, gestionnaires de l'Unedic, faute d'entente possible sur les nouvelles règles d'indemnisation des demandeurs d'emploi.
Ce qui fait capoter les négociations ?http://www.latribune.fr/economie/france/assurance-chomage-le-gouvernement-proroge-les-regles-actuelles-et-charge-le-medef-579950.html
Savoir s'il faut "taxer" davantage les entreprises qui abusent des CDD courts. Le patronat ne veut absolument pas en entendre parler. Résultat : afin que les chômeurs ne soient pas lésés par cet échec de la négociation, le gouvernement a dû intervenir et proroger par décret les règles sur les cotisations et l'indemnisation en vigueur depuis 2014. Et, depuis six mois, le Premier ministre, la ministre du Travail ou encore le ministre de l'Economie et des Finances - soucieux de voir le déficit de l'Unedic se réduire - appellent le patronat et les syndicats à reprendre langue.
La vraie-fausse menace gouvernementale de "taxer" les CDD
Un temps, en septembre, Myriam El Khomri http://www.latribune.fr/economie/france/le-gouvernement-reflechit-a-une-taxation-des-cdd-courts-et-une-hausse-des-cotisations-chomage-603501.html a même mis un petit coup de pression supplémentaire en laissant entendre, après des rencontres bilatérales avec chacune des organisations patronales et syndicales, qu'éventuellement, le gouvernement pourrait décider, d'ici la fin de l'année, de prendre seul l'initiative de taxer les CDD courts si le patronat ne reprenait pas le dialogue. Mais on a très vite compris que la menace n'était pas vraiment réelle... Les jeux de rôle et les postures continuent.
Le président du Medef, Pierre Gattaz, en a d'ailleurs remis une louche ce mardi 18 octobre en jugeant possible de trouver un accord sur l'assurance chômage "en six mois, avant mai 2017". Et ce en pleine campagne électorale pour la présidentielle. Pour Pierre Gattaz en effet, l'échéance politique d'avril 2017 est une chose, et la négociation entre partenaires sociaux en est une autre. Certes, mais on n'a jamais vu une négociation de cette importance se dérouler sur fond de campagne présidentielle. Car les frontières entre ces deux temps forts sont en réalité extrêmement poreuses. Et l'on voit mal le patronat entrer dans une phase de dialogue immédiatement, alors qu'il pourrait recevoir un renfort significatif du prochain pouvoir exécutif si l'alternance se produisait...
Pierre Gattaz pour une reprise de la négociation à Noël après une phase de diagnostic
Pierre Gattaz l'a tellement bien compris que si l'on décortique de près sa proposition, on se rend immédiatement compte qu'il joue la montre. En fait, il propose aux syndicats une négociation en deux temps. D'ici Noël, "un diagnostic commun" sur l'assurance chômage et ses évolutions à "l'horizon 2025" serait dressé. Pour le président du Medef, il s'agirait d'étudier à quel point la révolution numérique va venir bouleverser les règles de la protection sociale en général et de l'assurance chômage en particulier, via, notamment, l'irréversible essor du travail indépendant. C'est une fois cet état des lieux dressé que les partenaires sociaux entreraient alors dans le vif du sujet à compter de janvier 2017, toujours selon Pierre Gattaz.
Mais, même en se projetant dans l'avenir et en tenant compte de l'évolution des formes de travail, on ne voit pas les syndicats renoncer à la taxation des contrats courts. Une sorte d'union sacrée s'est même créée : FO, CFDT, CFTC et CGT sont toutes sur la même longueur d'onde, même si chacune des organisations avance des recettes différentes pour moduler les cotisations d'assurance chômage. D'autant plus que l'heure est aux mesures immédiates de redressement des comptes, la dette de l'Unedic se creusant de quatre milliards d'euros par an.
D'ailleurs, ça démarre plutôt mal au niveau de l'esprit qui devrait animer cette négociation, si l'on en croit les déclarations de Pierre Gattaz :
"Je préfère mille fois qu'on règle ce problème d'assurance chômage avec les partenaires sociaux plutôt que de laisser l'Etat le faire", a-t-il assuré, mais si "le but de certains autour de la table est de continuer leur mauvais numéro de cirque, c'est très clair, ce sera sans nous". Et de dénoncer à nouveau le "diktat des syndicats à vouloir imposer la taxation des contrats courts comme préalable".
Des avancées du Medef sur la "permittence" et la dégressivité
En revanche, petit progrès, la patron des patrons s'est dit "ouvert à regarder ces problèmes de permittence", c'est-à-dire l'alternance rapide entre CDD et périodes de chômage, "un outil qui est utilisé dans certaines branches, certaines filières, certaines entreprises et qui arrange tout le monde".... Un bel aveu, car c'est en effet ce point qui est le principal responsable des problèmes financiers de l'assurance chômage.
De même, Pierre Gattaz ne se pose plus en farouche partisan de la dégressivité des allocations. Maintenant, il modère ses propos, plaidant pour une "dégressivité intelligente" des allocations chômage. "Cela veut dire qu'on chasse les abus et pas qu'on tape sur la tête des gens qui ont vraiment des problèmes".
Pour autant, il y a fort à parier que les débats n'avanceront réellement qu'au lendemain des échéances électorales du printemps 2017...
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