Trois fameuses histoires de faux en archéologie
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Trois fameuses histoires de faux en archéologie
Correspondance, Nicolas MONTARD
Il y a quelques semaines, un archéologue espagnol a été condamné pour avoir bidonné des découvertes… Il n’est pas le premier. Les tablettes de Glozel, les statuettes grotesques d’Amiens, le crâne de Piltdown : retour sur trois exemples célèbres.
Eliseo Gil proclamait que ses découvertes « réécriraient les livres d’histoire », mais cet archéologue espagnol a été condamné en juin 2020 pour avoir bidonné ses prétendues trouvailles, qu’il présentait comme des tessons de poteries portant les premières traces écrites de langue basque…https://www.ouest-france.fr/leditiondusoir/data/94525/reader/reader.html#!preferred/1/package/94525/pub/136926/page/10
En archéologie, le faux fait parfois la une de l’actualité. Voici trois exemples célèbres.
La folle histoire des tablettes de Glozel
L’histoire a près d’un siècle. En 1924, le monde de l’archéologie est en émoi. Dans l’Allier, à Glozel plus précisément, un paysan a découvert des tablettes d’argile avec des écritures inconnues qui auraient au moins 10 000 ans.
Une découverte a priori révolutionnaire, puisqu’elles seraient antérieures à l’invention de l’écriture au Proche-Orient. Autour de ces tablettes, retrouvées dans un champ (photo en tête d’article), il y a également des têtes de hache, des pointes de flèches, des galets gravés.
Sauf que c’est trop beau. Une polémique éclate rapidement dans le monde scientifique. Ce sont des faux, établit un colloque international en 1927. Des centaines d’articles de presse sont publiés, certains confirmant l’authenticité de la découverte, d’autres émettant des doutes.
L’Ouest-Éclair consacre une partie de sa une à Glozel, en 1927. (Photo : DR)
Des perquisitions sont menées pour trouver le possible atelier de fabrication des 3 000 objets extraits, mais sans succès. Dans les années 1980, une nouvelle analyse prouvera que nombre de pièces présentées comme préhistoriques dataient en fait du… Moyen-Âge.
Qui a créé ces présumés faux ? Comment sont-ils arrivés là ? Mystère. Cette affaire controversée, qui a toujours ses défenseurs, est l’objet d’un petit musée à Glozel.
Une partie des objets retrouvés à Glozel, dans le musée local. (Photo : agence de presse Meurisse / BNF / Wikimédia / domaine public)
L’affaire des grotesques d’Amiens
En 1987, c’est à Amiens qu’une drôle d’histoire se joue. Une équipe d’archéologues fouille près du forum antique. 2 000 mètres carrés sont ratissés. Les archéologues manquent de tomber de leur chaise quand ils apprennent que deux prospecteurs amateurs ont vendu des statuettes à un antiquaire amiénois. Une centaine de figurines, qu’ils disent avoir retrouvées dans des décharges publiques des confins de la ville, où étaient évacués les déchets du chantier de fouilles…
Hautes de 6 à 47 centimètres, en craie, certaines de ces statuettes sont des représentations humaines plutôt grotesques (d’où le nom de l’affaire), voire déformées. Quelques animaux parsèment le décor : chiens, poules, phoque, pingouin, etc.
L’antiquaire les date du IIIe siècle, il pense que ce serait des ex-voto déposés par des esclaves syriens. La communauté scientifique, et le fouilleur en chef, Tahar Ben Redjeb, sont sceptiques. L’affaire, qui rebondit en national et jusqu’au Japon, fait passer les archéologues pour des incompétents : comment des scientifiques ont-ils pu louper une centaine de statuettes pendant leur fouille ?
Trois histoires de faux en archéologie – Dans les Nouvelles de l’Archéologie, l’archéologue qui dirige les fouilles d’Amiens fait part de ses doutes. Confirmés peu après. (Photo : DR)
Le crâne de Piltdown, un drôle d’homme-singe
Autre canular scientifique, celui du crâne de Piltdown, au Royaume-Uni. En 1912, un certain Charles Dawson contacte un paléontologue du British Museum, Arthur Smith Woodward. Il dit avoir trouvé des restes humains, d’une espèce inconnue, à Piltdown, dans le Sussex.
Le crâne humain présenté a une mandibule simiesque, des molaires et canines de primate. Autour, on retrouve quelques outils de pierre et des restes d’animaux. Voici donc l’Homme de Piltdown, qu’on suppose être le chaînon manquant entre l’homme et le singe, qui aurait vécu il y a 500 000 ans.
La guerre éclate, les projecteurs s’éloignent, mais régulièrement des scientifiques doutent. D’autant qu’aucune des découvertes qui s’enchaînent de par le monde ne corrobore l’existence de cette nouvelle espèce humaine.
Une coupure de presse de Paris-Presse l’Intransigeant, en 1953. (Photo : DR)
En 1953, des sujets de Sa Majesté soumettent les ossements au fluor. De quoi prouver que le crâne ne provient pas de l’environnement rocheux où il a été retrouvé. Les os ont d’ailleurs été brunis pour leur donner une apparence plus vieille et les dents ont été limées.
La mâchoire est en fait celle d’un orang-outan, tandis que la boîte crânienne, elle, est bien humaine. Mais elle a moins d’un millier d’années.
Représentation du crâne de l’homme de Piltdown : les parties en blanc ont été reconstituées, les parties en gris foncé appartiennent à un humain moderne, celles en gris clair à un orang-outan. (Illustration : Wikimédia / domaine public)
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