PAIMPOL La chasse aux tags, un exercice qui coûte cher

Les services techniques (à gauche Serge Alexandre avec Nicolas Bernard et Erwann Le Roy) en action rue du Four à Chaux. Chez les particuliers, les dégâts sont parfois spectaculaires (en haut). Rue Bécot, la façade d'un cabinet d'architecte est prise pour cible des tagueurs de manière récurrente (au centre). Certains secteurs en centre-ville n'ont pas été épargnés (en bas). |



Philippe PÉRON.  


Par périodes, les tags fleurissent sur certains murs de la ville. Même si quelques tagueurs ont des talents d'artistes, l'affaire coûte, chaque année, une somme rondelette à la collectivité.

Les services techniques de la ville de Paimpol envisagent l'achat d'un nouvel équipement pour venir à bout des tags. La sableuse, qui avait coûté près de 10 000 € il y a dix ans, a fait son temps.

Place à une hydrogommeuse (3 600 €) qui devra être accompagnée d'un compresseur (5 000 €)... L'addition peut monter vite lorsqu'il s'agit de faire la chasse aux tags même si la ville n'est pas plus visée qu'ailleurs par le phénomène. « À Paimpol, la ville estime qu'il y a nécessité d'intervenir pour garder les rues propres et c'est aussi un service rendu aux habitants », résume Serge Alexandre, responsable du service bâtiments à la Ville.


Il y a quelques jours, lors d'un vendredi ensoleillé (météo favorable oblige), il était rue du Four à Chaux en compagnie de ses collègues Nicolas Bernard et Erwann Le Roy, peintres des services techniques. Objectif : nettoyer les murs d'une propriété de trois petits graffitis malvenus.

Du classique mais les petits ruisseaux font les grandes rivières. « Entre la main-d'oeuvre et la fourniture de matériel, c'est loin d'être anecdotique puisque cela coûte entre 12 000 à 15 000 € à la Ville. Il faut savoir que sur une année, cela mobilise environ deux employés sur trois semaines et demie. »

« Un mur nettoyé trois fois »

En septembre 2016, une série de tags a été réalisée à proximité des immeubles du « Jardin du vieux Paimpol ». Coût de nettoyage : 3 600 €... « L'addition était lourde. On a tout nettoyé mais ils ont remis ça trois mois plus tard..., se souviennent Serge Alexandre, Nicolas Bernard et Erwann Le Roy. Heureusement, on s'est quand même rendu compte que la majeure partie du temps, les surfaces nettoyées finissaient par être abandonnées. On se souvient d'un mur fait trois fois. Parfois, on a un peu le sentiment que c'est un peu le jeu du chat et de la souris avec la police et la gendarmerie. »


« Respect » pour les artistes


La commune prend le nettoyage en charge mais il existe une procédure à respecter. Rien n'est fait sans une déclaration préalable à la police municipale. Le formulaire à remplir fixe le cadre de l'intervention des services techniques quand il y a nécessité. Échange de bons procédés : la ville efface mais ne prend pas à sa charge les retouches de peintures et autres.

À force d'intervenir au nettoyage des tags, les peintres des services techniques connaissent certaines habitudes des tagueurs. « Quand c'est un artiste qui a fait le tag, il y a comme un code, une sorte de respect car personne n'y touche derrière », relèvent-ils.

« Les tags, on les trouve un peu par période. Ainsi, j'ai un dossier de 2015 qui relate une quinzaine de plaintes sur deux jours. Souvent, cela correspond quand même aux périodes de vacances scolaires. Certains font des concours pour savoir qui réussira un tag à la hauteur la plus élevée... Est-ce que ces tags sont faits par des gens qui séjournent ici le temps des vacances ? D'où viennent ceux qui dessinent de nuit ? », interroge Serge Alexandre.

Une chose est sûre, les employés ont repéré des styles et des signatures « comme celle de Pulsar il y a quelques années. Il y en avait partout en ville ». Sachant que certains secteurs sont régulièrement touchés (exemples derrière le magasin Intermarché ou à l'angle du cabinet d'architecture Soho, rue Bécot), on se demande si cette « énergie créative » accepterait de s'exprimer sur des murs qui lui seraient vraiment réservés ?


http://www.ouest-france.fr/bretagne/paimpol-22500/la-chasse-aux-tags-un-exercice-qui-coute-cher-4866326