L’appel à l’aide du paysan pauvre se voit du ciel

Pour alerter l’opinion publique sur la détresse du monde agricole, un agriculteur de 63 ans, installé près de Tours (Indre-et-Loire) a trouvé une idée originale pour attirer l’attention. Il a dessiné dans son champ de blé un grand HELP (« au secours », en anglais) au nom de sa profession. Son appel à l’aide se voit du ciel. Sa ferme étant située sous un couloir aérien, il frappe les esprits.




HELP. Ces quatre lettres vertes dessinées au milieu d’un champ ne passent pas inaperçues. C’était le but. Comme bon nombre de ses confrères, Jacques Fortin, agriculteur tourangeau de 63 ans, est au bout du rouleau. Le monde agricole va mal. Et il regrette, voire s’agace, que l’opinion publique, les consommateurs en général et les candidats à la présidentielle en particulier, ne semblent pas en prendre suffisamment conscience.


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Plutôt que de ruminer dans son coin, cultiver sa peine et sa rancœur, il a laissé une idée originale germer en lui. Il a semé du blé pour dessiner le mot « help » (« au secours », en anglais) dans son champ, sur une surface totale de cinq hectares.

Le mot dessiné par cette plantation de blé mesure 100 mètres de long sur 48 mètres de large est visible du ciel. Et là encore, l’agriculteur savait pertinemment ce qu’il faisait : sa ferme est située sous un couloir aérien. Du ciel, impossible de ne pas apercevoir son appel à l’aide. Tous les passagers des avions qui passent par là pour amorcer leur descente vers l’aéroport d’Orly ne peuvent que le remarquer.

(Photo : Guillaume Souvant/AFP)


(Photo : Guillaume Souvant/AFP)


« Quand ils passent au-dessus, les avions de ligne et leurs passagers voient mon SOS, confirme l’agriculteur, dont l’exploitation se trouve à Athée-sur-Cher, près de Tours, où il produit, outre du blé, du maïs, du tournesol, du trèfle, du lin et du sorgho. D’ailleurs c’est le pilote d’un petit avion qui m’a envoyé par e-mail la première photo. »

Il ne vit qu’avec 350 € par mois

Pour justifier son geste, l’agriculteur, qui dit ne vivre qu’avec 350 € par mois, explique qu’il s’agit « d’un SOS collectif, adressé au nom de tous les agriculteurs ».

« On a eu une succession de mauvaises années climatiques depuis quatre ans. Les agriculteurs sont au bout du rouleau. Ils en ont ras-le-bol, martèle-t-il. Je suis dans un monde où j’ai des responsabilités de chef d’entreprise et je vis en dessous du seuil de pauvreté. Ce n’est pas normal de vivre avec 350 € par mois quand on travaille tous les jours et bien plus de 35 heures par semaine. Certains craquent. D’autres se suicident. Les politiques ne nous écoutent pas. Ils sont sourds à notre colère. J’espère qu’ils ne sont pas aveugles et liront ce message de désespoir… »


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