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Sa lettre à son père paysan fait le buzz, Manon dit sa surprise

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Sa lettre à son père paysan fait le buzz, Manon dit sa surprise Empty Sa lettre à son père paysan fait le buzz, Manon dit sa surprise

Message par Admin Jeu 24 Nov - 21:04

Sa lettre à son père paysan fait le buzz, Manon dit sa surprise 117

Pierre FONTANIER

Cette lycéenne, fille d’un producteur de lait à Landudec, dans le Finistère, a écrit son ressenti dans une lettre à son père. Un groupe Facebook l’a publiée, la machine médiatique s’est emballée.


L’histoire

Une pensée d’adulte dans une tête d’ado. À 16 ans, comme le soulève sa Mamie Gisèle, Manon Kernoa fait preuve d’une « très grande maturité. Elle a senti le poids des difficultés du monde agricole, qui peuvent aller jusqu’à un point de non-retour ». Un samedi soir d’octobre, cette fille d’un producteur laitier de Landudec (Finistère), s’ennuyait un brin. « J’ai eu envie d’écrire. J’avais des idées dans ma tête depuis longtemps. »


Elle couche sur le papier de son petit cahier une lettre courte mais bien sentie (lire ci-dessous). Touchante. « Je voulais la garder pour moi. Mais je me suis dit que je devais la publier car je ne devais pas être la seule à penser ça. » En une poignée de mots, elle dresse le constat d’un monde paysan difficile, où il faut se battre pour survivre. Parvenir à manger quand son quotidien est de nourrir les autres.

« Faire prendre conscience »


Elle l’envoie au groupe Facebook « La bataille des producteurs de lait ». Il la publie le 11 novembre. Les like se multiplie. Une radio locale prend le relais, la machine médiatique s’emballe. « Je ne m’attendais pas à ça. C’est fou ! Je me suis toujours intéressée à l’agriculture. Mais on n’aborde pas trop ce sujet en famille. » Cette prouesse épistolaire s’adresse « à tout le monde. Pour faire prendre conscience ».

Après publication, elle fait lire la lettre à son père. « Il m’a dit qu’il était fier de moi. Ça m’a vraiment fait plaisir. » Mardi, au lycée Saint-Blaise de Douarnenez où elle prépare un bac ES, « une prof m’a prise dans ses bras. Tout le monde a été très surpris car je suis discrète ». « Je sais qu’elle est brillante, glisse Guénaëlle, sa maman. Mais je ne m’attendais pas à une telle lettre… » « Je me suis dit : La vache ! lance Mamie Gisèle. Elle a libéré la parole. Je la remercie d’avoir mis des mots sur tous ces maux. »


« Mon père, ce héros »

« Mon père, 53 ans, est agriculteur dans une petite ville de Bretagne. Certes, il y en a beaucoup dans ce cas, même si ce nombre ne cesse de baisser. Certes, il y a d’autres métiers plus difficiles que celui-là, plus physiques, qui touchent à la santé, à la protection. Mais j’ai peur pour l’avenir.

Et oui, à 16 ans, j’ai peur pour l’avenir. Quelle idée ! J’ai peur de ce que les petites fermes de campagne vont devenir. Elles sont ancrées dans nos paysages, ont hérité de nos parents, de nos grands-parents, voire de nos arrières grands-parents. Elles font partie de notre patrimoine ! Que va devenir mon père, quand il n’y aura plus que des fermes de 1 000 vaches, des usines de poudre à lait, ou encore des steaks totalement chimiques ?

De plus, l’État, ainsi que l’Europe, leur donnent de moins en moins d’aides. Que penser, quand nous entendons tous les jours, à la télévision ou à la radio, que le prix du lait ne cesse de baisser, passant sous la barre des 30 centimes au litre ? Connaissez-vous beaucoup de personnes, qui après une semaine de travail déjà difficile, sacrifieraient leurs week-ends en amoureux, leurs vacances en famille, pour nourrir des individus qui n’ont aucune considération de leur travail, qui cherchent toujours à trouver le prix le plus faible pour manger, en ignorant leur provenance, quitte à endetter les agriculteurs français ?

Seriez-vous prêt à vous installer dans une exploitation, lorsque tout votre entourage ne vous le conseille pas ? Seriez-vous prêt à vous engager dans une nouvelle vie, avec ses avantages et ses inconvénients ? Seriez-vous prêt à suivre votre vocation, alors que l’avenir ne semble pas être à votre avantage ? Et oui, à 16 ans, j’ai peur pour l’avenir. Sauvez les agriculteurs français, mangez français ! »

Manon, fille d’un agriculteur breton.
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Sa lettre à son père paysan fait le buzz, Manon dit sa surprise Empty Re: Sa lettre à son père paysan fait le buzz, Manon dit sa surprise

Message par Admin Lun 28 Nov - 22:01

Lait. Le Foll répond à la détresse d'une ado bretonne



Publié le 28 novembre 2016 à 18h23
Modifié le 28 novembre 2016 à 19h09

Sa lettre à son père paysan fait le buzz, Manon dit sa surprise Sans_214

Manon, 16 ans, avait publié un message d'alerte sur la situation de son père, éleveur laitier à Landudec (29). Ce lundi, le ministre de l'Agriculture, Stéphane Le Foll, lui a répondu.


Comme une bouteille à la mer, Manon, 16 ans, a publié un message de soutien à son père, éleveur laitier à Landudec (29), en pays Bigouden, sur la page Facebook "La bataille des producteurs de lait". Elle y criait sa détresse et sa "peur pour l’avenir" et "de ce que les petites fermes de campagne vont devenir".


Sa lettre à son père paysan fait le buzz, Manon dit sa surprise Sans_215
https://www.facebook.com/labatailledesproducteursdelait/posts/1874366536131233:0


Depuis le 11 novembre, le message a été partagé près de 2.200 fois. Tellement diffusé qu'il est parvenu jusqu'à l'ordinateur du ministre de l'Agriculture, Stéphane Le Foll. Qui donne réponse à la lycéenne via un message publié sur le Huffington Post.
http://www.huffingtonpost.fr/stphane-le-foll/ma-reponse-a-la-lettre-touchante-de-manon-fille-dagriculteur/


Car il estime que la lettre de Manon "est un très beau témoignage".

"J'ai l'âge de votre père..."

"Chère Manon, j'ai eu envie de répondre à votre lettre si touchante", commence-t-il. "J'ai l'âge de votre père, je suis Breton, comme lui et je suis moi aussi viscéralement attaché au monde agricole".

Le ministre en profite pour faire l'étalage de ses réformes et prises de position : "Je me suis battu en France pour que les aides de la Pac soient plus justement réparties entre l'élevage et les grandes cultures et c'est le cas aujourd'hui."

Il veut rappeler sa lutte "pour que les entreprises rémunèrent mieux nos agriculteurs et que l'Europe intervienne pour aider les prix à remonter" et "pour valoriser les produits de nos agriculteurs français notamment en changeant les règles d'étiquetage ou en popularisant les démarches de type "viandes de France" ou "lait de France".

"Tant que je serai là je me battrai pour défendre une agriculture la plus proche de celle que vous appelez de vos rêves",
conclut Stéphane Le Foll.

Le candidat malheureux à la primaire de la droite et ancien ministre de l'Agriculture, Bruno Le Maire, avait, lui aussi, répondu à la jeune fille le 23 novembre sur Facebook.
https://www.facebook.com/blm27/posts/1313710885359654






Bruno Le Maire
23 novembre, 20:08 ·

Chère Manon,

Oui ton père est un héros. Tout comme des milliers d’agriculteurs français qui consacrent leur vie à la nature, à la terre, à l’élevage, à l’exploitation de grandes cultures.

Oui ton père est un héros car personne n’accepterait d’être payé à perte, de travailler sans compter, de s’épuiser sans reconnaissance, de tout donner sans ne jamais rien recevoir.

Oui ton père est un héros, car l’agriculture française est un enjeu si stratégique et la France lui doit aujourd’hui en partie son autonomie agroalimentaire.

Oui ton père est un héros car il tient bon et la responsabilité de nous toutes et tous, hommes et femmes politiques, responsables publics, est de porter la voix des besogneux, des invisibles, des courageux et de porter le changement.

En Bretagne où tu habites ou bien en Normandie où je suis élu, partout en France des producteurs sont en souffrance. Exténués par la contrainte permanente, les normes écrasantes, les rapports de force perdus d’avance, les crédits qui s’accumulent et les déficits qui s’amoncellent, les agriculteurs sont à bout. Une brique de lait coûte désormais moins cher qu’une cigarette. C’est le monde à l’envers.

Nous devons renouer avec une agriculture forte et rompre avec cette spirale fataliste. C’est l’un des défis de demain, l’une des conditions intangibles du redressement de la France. Le pavillon tricolore doit flotter à nouveau avec grandeur sur la Ferme France.

Chère Manon, ton témoignage est si fort qu’il nous oblige à agir sans attendre. J’aime la France rurale et agricole. J’aime ton énergie. J’aime ton audace et ton courage. Ta lettre a animé davantage encore ma détermination.
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