Rupture conventionnelle du CDI : le licenciement amiable
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Rupture conventionnelle du CDI : le licenciement amiable
Rupture conventionnelle du CDI : le licenciement amiable
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La rupture conventionnelle est un moyen efficace de mettre fin à l'amiable à un contrat de travail à durée indéterminée (CDI), en dehors de la démission ou du licenciement. La rupture conventionnelle est soumise à des formalités assez souples, puisque sa procédure repose avant tout sur la négociation. Comment bien mettre en œuvre ce dispositif qui fonctionne comme une sorte de licenciement à l'amiable.
Définition
Utilisée par de très nombreuses entreprises au cours de ces dernières années, la rupture conventionnelle permet de mettre fin au contrat de travail d'un commun accord passé entre l'employeur et le salarié. Spécifiquement prévue par le Code du travail, la rupture conventionnelle a un régime juridique propre : ce n'est ni une démission, ni un licenciement.
Dans la pratique, il était déjà fréquent de voir salariés et employeur s'entendre pour mettre fin au contrat de travail : départ négocié, licenciement à l'amiable, etc. Instaurée au sein du Code du travail depuis quelques années, la rupture conventionnelle est venue clarifier et encadrer ces pratiques déjà anciennes.
Dans les entreprises, les ruptures conventionnelles sont le plus souvent conclues pour les motifs suivants :
le salarié est en conflit avec sa hiérarchie ;
le contenu du travail ou le salaire ne conviennent plus au salarié ;
le salarié souhaite réaliser un projet personnel ou professionnel (création d'entreprise par exemple) ;
plus généralement, lorsque l'entreprise souhaite se séparer d'un salarié sans qu'il soit juridiquement possible de le licencier : l'entreprise entame alors la procédure auprès du salarié afin de négocier son départ.
Mais bien d'autres causes peuvent expliquer une demande de rupture conventionnelle : l'âge ou les raisons de santé, de nouvelles méthodes de management, etc. Dès lors qu'elle remplit les conditions juridiques qui suivent, la rupture conventionnelle n'a, de toute manière, pas à être motivée pour être validée.
Avantages
La rupture conventionnelle présente un avantage pour chaque signataire. Employeur et salarié peuvent donc chacun y trouver leur compte.
Pour le salarié qui souhaite quitter son entreprise, elle est bien plus avantageuse qu'une démission puisque le salarié touchera des indemnités de rupture plus importantes (en principe les indemnités de licenciement légales ou conventionnelles) tout en bénéficiant ensuite des allocations chômage, ce que permet rarement une démission (sauf pour les démissions qui donnent droit au chômage).
Du point de vue de l'entreprise, la procédure à suivre est bien moins lourde que celle prévue pour le licenciement, qui suppose le respect stricts des délais et des formalités prévues par le Code du travail. En outre, les conditions de motifs posées par le droit du travail pour licencier un salarié sont parfois difficiles à justifier juridiquement. Pour l'employeur qui souhaite le départ d'un salarié sans risquer une action en justice par la suite, la rupture conventionnelle constitue alors une mesure alternative qui a bien moins de chances d'être contestée au prud'hommes qu'un licenciement.
Des avantages qui expliquent le succès d'une procédure (334 000 ruptures conventionnelles pour la seule année 2014 selon les statistiques du Ministère du Travail) dont les conditions de mise en place sont relativement simples à réunir.
Conditions
Pour la Cour de Cassation (arrêt n° 11-22251 de la chambre sociale du 15 octobre 2014), la rupture d'un CDI par un accord conclu entre un employeur et un salarié ne peut intervenir que dans le cadre d'une rupture conventionnelle. Les parties ne peuvent donc pas conclure de rupture amiable en dehors de ce cadre légal. Pour les tribunaux, une rupture d'un commun accord qui ne respecterait pas les conditions et la procédure de rupture conventionnelle qui suivent doit être requalifiée en licenciement sans cause réelle et sérieuse.
En revanche, il est toujours possible de rompre un CDD ou un contrat d'apprentissage d'un commun accord, les règles de la rupture conventionnelle n'étant pas applicables à ce type de contrat.
Contrat de travail
La procédure n'est applicable qu'aux salariés en CDI. Ceux en CDD ne peuvent donc pas y prétendre, mais rien ne les empêche de mettre fin au contrat de travail d'un commun accord avec leur employeur sans avoir recours à la rupture conventionnelle.
En dehors de cette condition, la rupture conventionnelle peut être mise en oeuvre par tous les employeurs et tous les salariés, y compris les salariés "protégés" (délégués du personnel, délégué syndical, etc.).
Consentement
La signature de la convention suppose naturellement le consentement libre et entier des deux parties. La procédure mise en place doit donc protéger le libre-arbitre du salarié. Le choix de ce dernier ne doit pas être guidé par une contrainte exercée par l'employeur (voir plus bas le cas du harcèlement pour un exemple de pressions exercées par l'entreprise).
Entreprise en difficultés
Le fait que la société rencontre des difficultés économiques ne l'empêche pas de conclure une rupture conventionnelle. En revanche, cette procédure ne peut pas être mise en oeuvre dans le cadre d'un plan de sauvegarde de l'emploi élaboré lors d'un licenciement économique collectif.
Arrêt maladie ou congés
Les tribunaux considèrent que la rupture conventionnelle peut être conclue lorsque le salarié est en arrêt maladie. Il en est de même des conventions conclues lorsque le salarié est en congé parental d'éducation, en congé sabbatique ou en congé sans solde.
La jurisprudence récente affirme en outre qu'une rupture conventionnelle peut même être conclue pendant un arrêt de travail faisant suite à un accident du travail ou à une maladie professionnelle (arrêt n° 13-16297 de la chambre sociale de la Cour de Cassation du 30 septembre 2014).
Toutefois, toujours selon la jurisprudence, une rupture conventionnelle ne peut pas être conclue pendant un congé maternité.
Départ à la retraite
La rupture conventionnelle ne vise pas les départs à la retraite volontaire. Le salarié concerné ne peut donc prétendre à une quelconque indemnité à ce titre.
Congé parental
Aucune disposition légale ne s'oppose à la signature d'une rupture conventionnelle par un salarié en congé parental. La convention est donc licite, même lorsqu'elle est conclue pendant le congé ... à condition, bien entendu, que les autres règles de validité de la rupture conventionnelle soient remplies
Procédure
La procédure de rupture conventionnelle est peu encadrée par la loi. Elle repose néanmoins sur quelques étapes essentielles.
Proposition
La demande de rupture conventionnelle peut être initiée aussi bien par l'employeur que par le salarié. Cette demande n'est pas obligatoirement écrite : elle peut donc être faite oralement. Mais en pratique, il est toutefois conseillé au salarié qui souhaite quitter son entreprise d'adresser une lettre de demande de rupture conventionnelle (voir notre modèle gratuit) à son employeur par courrier ou par lettre remise en main propre.
Employeur comme salarié peuvent chacun décliner une proposition de rupture conventionnelle. Lorsqu'elle provient de l'employeur, le salarié est donc tout à fait libre de la refuser sans encourir de sanction. Pour formaliser sa décision, il peut lui adresser une lettre de refus de rupture conventionnelle (voir notre modèle) dans laquelle il indique qu'il ne souhaite tout simplement pas entamer la procédure proposée.
Négociations
Accepter de négocier ne signifie pas accepter la rupture conventionnelle. Chacune des parties est donc libre d'entamer des négociations et d'accepter ou non les prétentions de l'autre.
En cas d'accord de principe sur l'idée d'engager une rupture conventionnelle, les deux parties doivent d'abord convenir de ses modalités au cours d'un ou plusieurs entretiens préalables (un au minimum). La loi ne fixe aucun délai particulier, mais prévoit la possibilité pour le salarié comme pour l'employeur de se faire assister par un conseiller (comme pour la procédure de licenciement). La jurisprudence a, par exemple, admis la possibilité pour le salarié de se faire assister par son supérieur hiérarchique.
A ce stade, le salarié négocie notamment le montant de son indemnité de rupture conventionnelle en demandant un montant qui peut être supérieur à l'indemnité minimum légale.
Si la procédure de rupture conventionnelle a été initiée par l'employeur, le salarié sera en position de force pour négocier au mieux le montant de l'indemnité de départ. Dans beaucoup de cas, l'entreprise propose une rupture conventionnelle lorsqu'elle souhaite se séparer du salarié sans toutefois disposer de suffisamment d'arguments juridiques pour être en mesure de le licencier.
A l'inverse, si la rupture est initiée par une demande du salarié, la marge de manoeuvre de ce dernier se trouvera considérablement réduite. Un employeur sera en effet moins disposer à payer des indemnités à un salarié qui dans tous les cas souhaite partir et peut donc toujours poser sa démission.
Le montant de l'indemnité de rupture conventionnelle est bien sûr le point le plus important de la négociation, mais d'autres éléments peuvent parfaitement être négociés au court de cette étape. Salarié comme employeur ne doivent donc pas limiter les discussions au seul montant des indemnités. Il est par exemple possible de négocier le passage d'une formation en faveur du salarié, le montant de la contrepartie financière à l'application d'une clause de non-concurrence, ou encore le prolongement de sa couverture santé par la mutuelle de l'entreprise. Il est également possible de négocier la date du départ de l'entreprise, qui peut être largement repoussée dans le temps.
En cas de refus, le salarié (ou l'employeur) n'a pas l'obligation de motiver sa décision.
A l'inverse, pour être valable, l'accord des parties doit être formalisé par l'établissement et la signature d'une convention.
Convention
Mentions obligatoires
La convention signée par les deux parties doit mentionner toutes les modalités de la rupture, et notamment le montant de l'indemnité spécifique de rupture ainsi que la date de cessation du contrat.
En revanche, employeur comme salarié n'ont pas à mentionner les motifs de la rupture conventionnelle sur la convention.
Renonciation
Lorsque, même après signature de la convention, le salarié ou l'employeur décide de renoncer à la rupture conventionnelle, la convention peut être dénoncée, par chacune des deux parties, dans le délai de quinze jours suivant la signature. Il est dans ce cas conseillé de formaliser la renonciation par le biais d'un courrier adressé en recommandé avec avis de réception.
Une fois passé le délai de 15 jours, l'employeur doit adresser une demande d'homologation de la convention de rupture conventionnelle à la Direccte.
Formulaire
La demande de rupture conventionnelle peut être adressée via un formulaire cerfa téléchargeable en ligne. C'est ce formulaire qui sera ensuite adressé à l'administration pour homologation.
Télécharger le formulaire d'homologation de la rupture conventionnelle.
Nombre d'exemplaires
Le formulaire de demande d'homologation doit être établi en plusieurs exemplaires, puisque chacune des parties doit en conserver un.
3 exemplaires doivent ainsi être remplis et signés (le troisième étant adressé à la Direccte).
Homologation
Une fois la demande d'homologation reçue, l'administration dispose d'un délai de 15 jours ouvrables pour vérifier et approuver la convention de rupture conventionnelle. Au-delà de ces quinze jours, son accord d'homologation est supposé acquis.
L'administration vérifiera que les conditions de validité de la rupture conventionnelle sont remplies. A ce titre, elle vérifiera notamment que le montant des indemnités versées au salarié sont au moins égales au montant auquel il a légalement droit.
Salarié protégé
Quand la rupture concerne un salarié protégé, la convention doit également être autorisée par l'Inspection du travail.
La convention doit être adressée par l'employeur à la Direccte. L'inspection du travail doit ensuite notifier son autorisation dans les 15 jours qui suivent la date de réception de la demande.
Effets de la rupture
Date
Le contrat prend fin le jour fixé par la convention. Mais cette date de rupture ne peut intervenir au plus tôt que le lendemain de l'homologation par la DDT, explicite ou tacite, ou de la décision de l'Inspection du travail pour les salariés protégés.
Préavis
En principe, le salarié n'est pas tenu de respecter un quelconque préavis en cas de rupture conventionnelle, contrairement au cas du licenciement ou de la démission. Toutefois, la convention peut tout à fait prévoir une date de rupture du contrat de travail qui peut être largement différée par rapport à la date de l'homologation de la convention.
Indemnités
Le salarié doit percevoir une indemnité de rupture d'un montant au moins égal à celui de l'indemnité légale de licenciement. Mais il peut néanmoins prétendre à un montant supérieur à ce minimum légal dans le cadre des négociations. Pour en savoir plus sur l'évaluation de cette indemnité, voir Indemnités de rupture conventionnelle : calcul et droits des salariés.
Documents remis
Au moment de la rupture du contrat de travail, l'employeur remet trois documents au salarié : un certificat de travail, une attestation Pôle emploi et un reçu pour solde de tout compte. Comme en cas de démission ou de licenciement.
Imposition et prélèvements
Le régime fiscal et social de l'indemnité de rupture est le même que celui applicable aux indemnités de licenciement. Celles-ci sont donc exonérées d'impôts et de cotisations sociales lorsque leur montant est inférieur à un certain plafond.
Chômage
Autre avantage de la rupture conventionnelle : les salariés concernés peuvent percevoir les indemnités chômage versées par Pôle emploi (ex assedic). La rupture conventionnelle permet donc de bénéficier des assedic, contrairement à la démission qui, sauf cas particuliers (voir les démissions donnant droit au chômage), ne donnent pas droit au chômage.
Attention toutefois : depuis le 1er juillet 2014, de nouvelles mesures ont modifié les règles de versement des allocations chômage perçues après une rupture conventionnelle, en instaurant un délai de carence plus important en cas de "gros chèque" de départ. Une mesure qui vise principalement les cadres qui quittent leur entreprise en touchant d'importantes indemnités de rupture conventionnelle.
Conséquence pratique : certains salariés devront attendre jusqu'à 180 jours pour que Pôle emploi leur verse leurs allocations, contre 75 jours auparavant. La rupture conventionnelle du contrat de travail peut donc s'avérer moins avantageuse qu'auparavant pour ces salariés, puisque ces derniers toucheront moins d'allocations chômage une fois devenus demandeurs d'emploi. Pour en savoir plus sur les nouvelles règles instaurées par l'Unedic, voir la réforme du chômage 2014 : ce qui a changé.
DIF
Le salarié conserve les droits acquis au titre du DIF. S'il retrouve un emploi après la rupture conventionnelle, il peut donc demander à son nouvel employeur d'en bénéficier, ce dernier étant libre de donner ou non son accord.
Si le salarié devient demandeur d'emploi, il peut faire une demande à Pôle emploi en vue de passer un bilan de compétences ou de suivre une action de VAE ou de formation.
Action en justice
Si le salarié a préalablement agi en justice afin de demander la résiliation judiciaire de son contrat de travail, la conclusion ultérieure d'une rupture conventionnelle rend son action sans objet, le contrat de travail ayant déjà été rompu par la rupture conventionnelle homologuée. (Cass. soc. 10 avril 2013 n° 11-15.651 jugeant le cas d'un salarié ayant préalablement intenté une action en résiliation judiciaire pour harcèlement moral avant de conclure une rupture conventionnelle par la suite).
Contestation
Le salarié et l'employeur peuvent toujours contester la validité de la rupture conventionnelle. Le litige relève alors de la compétence du Conseil de prud'hommes. Le recours doit être initié dans le délai de 12 mois qui suit la date de l'homologation.
Harcèlement
En pratique, beaucoup d'employeurs proposent une rupture conventionnelle lorsqu'ils souhaite se séparer du salarié mais qu'ils ne peuvent pas le licencier. Si le salarié refuse de rompre son contrat (comme il en a le droit), certains employeurs peuvent alors avoir recours à des intimidations ou à des pressions afin de contraindre le salarié à signer une convention de rupture conventionnelle. Ces méthodes peuvent prendre de nombreuses formes, telles que des remarques déplacées à répétitions, un dénigrement régulier, une mise au "placard", voire même des humiliations ou des menaces...
Si le salarié cède et signe finalement une rupture conventionnelle, sachez que celle-ci peut être annulée si ces pratiques ont eu pour effet de vicier le consentement du salarié lorsque ce dernier a signé la convention. Les tribunaux considèrent notamment comme nulle une convention signée alors que le salarié est victime d'un harcèlement moral.
Vous êtes employeur ou salarié et vous envisagez de signer une rupture conventionnelle ? Les articles qui suivent peuvent aussi vous intéresser :
Les indemnités en cas de rupture conventionnelle ;
La rupture conventionnelle pendant un congé parental d'éducation ;
Les conditions d'indemnisation du chômage ;
Le plan de départ volontaire.
http://droit-finances.commentcamarche.net/contents/1449-rupture-conventionnelle-du-cdi-le-licenciement-amiable
il y a une video dans l'article , voir le lien en fin de page
La rupture conventionnelle est un moyen efficace de mettre fin à l'amiable à un contrat de travail à durée indéterminée (CDI), en dehors de la démission ou du licenciement. La rupture conventionnelle est soumise à des formalités assez souples, puisque sa procédure repose avant tout sur la négociation. Comment bien mettre en œuvre ce dispositif qui fonctionne comme une sorte de licenciement à l'amiable.
Définition
Utilisée par de très nombreuses entreprises au cours de ces dernières années, la rupture conventionnelle permet de mettre fin au contrat de travail d'un commun accord passé entre l'employeur et le salarié. Spécifiquement prévue par le Code du travail, la rupture conventionnelle a un régime juridique propre : ce n'est ni une démission, ni un licenciement.
Dans la pratique, il était déjà fréquent de voir salariés et employeur s'entendre pour mettre fin au contrat de travail : départ négocié, licenciement à l'amiable, etc. Instaurée au sein du Code du travail depuis quelques années, la rupture conventionnelle est venue clarifier et encadrer ces pratiques déjà anciennes.
Dans les entreprises, les ruptures conventionnelles sont le plus souvent conclues pour les motifs suivants :
le salarié est en conflit avec sa hiérarchie ;
le contenu du travail ou le salaire ne conviennent plus au salarié ;
le salarié souhaite réaliser un projet personnel ou professionnel (création d'entreprise par exemple) ;
plus généralement, lorsque l'entreprise souhaite se séparer d'un salarié sans qu'il soit juridiquement possible de le licencier : l'entreprise entame alors la procédure auprès du salarié afin de négocier son départ.
Mais bien d'autres causes peuvent expliquer une demande de rupture conventionnelle : l'âge ou les raisons de santé, de nouvelles méthodes de management, etc. Dès lors qu'elle remplit les conditions juridiques qui suivent, la rupture conventionnelle n'a, de toute manière, pas à être motivée pour être validée.
Avantages
La rupture conventionnelle présente un avantage pour chaque signataire. Employeur et salarié peuvent donc chacun y trouver leur compte.
Pour le salarié qui souhaite quitter son entreprise, elle est bien plus avantageuse qu'une démission puisque le salarié touchera des indemnités de rupture plus importantes (en principe les indemnités de licenciement légales ou conventionnelles) tout en bénéficiant ensuite des allocations chômage, ce que permet rarement une démission (sauf pour les démissions qui donnent droit au chômage).
Du point de vue de l'entreprise, la procédure à suivre est bien moins lourde que celle prévue pour le licenciement, qui suppose le respect stricts des délais et des formalités prévues par le Code du travail. En outre, les conditions de motifs posées par le droit du travail pour licencier un salarié sont parfois difficiles à justifier juridiquement. Pour l'employeur qui souhaite le départ d'un salarié sans risquer une action en justice par la suite, la rupture conventionnelle constitue alors une mesure alternative qui a bien moins de chances d'être contestée au prud'hommes qu'un licenciement.
Des avantages qui expliquent le succès d'une procédure (334 000 ruptures conventionnelles pour la seule année 2014 selon les statistiques du Ministère du Travail) dont les conditions de mise en place sont relativement simples à réunir.
Conditions
Pour la Cour de Cassation (arrêt n° 11-22251 de la chambre sociale du 15 octobre 2014), la rupture d'un CDI par un accord conclu entre un employeur et un salarié ne peut intervenir que dans le cadre d'une rupture conventionnelle. Les parties ne peuvent donc pas conclure de rupture amiable en dehors de ce cadre légal. Pour les tribunaux, une rupture d'un commun accord qui ne respecterait pas les conditions et la procédure de rupture conventionnelle qui suivent doit être requalifiée en licenciement sans cause réelle et sérieuse.
En revanche, il est toujours possible de rompre un CDD ou un contrat d'apprentissage d'un commun accord, les règles de la rupture conventionnelle n'étant pas applicables à ce type de contrat.
Contrat de travail
La procédure n'est applicable qu'aux salariés en CDI. Ceux en CDD ne peuvent donc pas y prétendre, mais rien ne les empêche de mettre fin au contrat de travail d'un commun accord avec leur employeur sans avoir recours à la rupture conventionnelle.
En dehors de cette condition, la rupture conventionnelle peut être mise en oeuvre par tous les employeurs et tous les salariés, y compris les salariés "protégés" (délégués du personnel, délégué syndical, etc.).
Consentement
La signature de la convention suppose naturellement le consentement libre et entier des deux parties. La procédure mise en place doit donc protéger le libre-arbitre du salarié. Le choix de ce dernier ne doit pas être guidé par une contrainte exercée par l'employeur (voir plus bas le cas du harcèlement pour un exemple de pressions exercées par l'entreprise).
Entreprise en difficultés
Le fait que la société rencontre des difficultés économiques ne l'empêche pas de conclure une rupture conventionnelle. En revanche, cette procédure ne peut pas être mise en oeuvre dans le cadre d'un plan de sauvegarde de l'emploi élaboré lors d'un licenciement économique collectif.
Arrêt maladie ou congés
Les tribunaux considèrent que la rupture conventionnelle peut être conclue lorsque le salarié est en arrêt maladie. Il en est de même des conventions conclues lorsque le salarié est en congé parental d'éducation, en congé sabbatique ou en congé sans solde.
La jurisprudence récente affirme en outre qu'une rupture conventionnelle peut même être conclue pendant un arrêt de travail faisant suite à un accident du travail ou à une maladie professionnelle (arrêt n° 13-16297 de la chambre sociale de la Cour de Cassation du 30 septembre 2014).
Toutefois, toujours selon la jurisprudence, une rupture conventionnelle ne peut pas être conclue pendant un congé maternité.
Départ à la retraite
La rupture conventionnelle ne vise pas les départs à la retraite volontaire. Le salarié concerné ne peut donc prétendre à une quelconque indemnité à ce titre.
Congé parental
Aucune disposition légale ne s'oppose à la signature d'une rupture conventionnelle par un salarié en congé parental. La convention est donc licite, même lorsqu'elle est conclue pendant le congé ... à condition, bien entendu, que les autres règles de validité de la rupture conventionnelle soient remplies
Procédure
La procédure de rupture conventionnelle est peu encadrée par la loi. Elle repose néanmoins sur quelques étapes essentielles.
Proposition
La demande de rupture conventionnelle peut être initiée aussi bien par l'employeur que par le salarié. Cette demande n'est pas obligatoirement écrite : elle peut donc être faite oralement. Mais en pratique, il est toutefois conseillé au salarié qui souhaite quitter son entreprise d'adresser une lettre de demande de rupture conventionnelle (voir notre modèle gratuit) à son employeur par courrier ou par lettre remise en main propre.
Employeur comme salarié peuvent chacun décliner une proposition de rupture conventionnelle. Lorsqu'elle provient de l'employeur, le salarié est donc tout à fait libre de la refuser sans encourir de sanction. Pour formaliser sa décision, il peut lui adresser une lettre de refus de rupture conventionnelle (voir notre modèle) dans laquelle il indique qu'il ne souhaite tout simplement pas entamer la procédure proposée.
Négociations
Accepter de négocier ne signifie pas accepter la rupture conventionnelle. Chacune des parties est donc libre d'entamer des négociations et d'accepter ou non les prétentions de l'autre.
En cas d'accord de principe sur l'idée d'engager une rupture conventionnelle, les deux parties doivent d'abord convenir de ses modalités au cours d'un ou plusieurs entretiens préalables (un au minimum). La loi ne fixe aucun délai particulier, mais prévoit la possibilité pour le salarié comme pour l'employeur de se faire assister par un conseiller (comme pour la procédure de licenciement). La jurisprudence a, par exemple, admis la possibilité pour le salarié de se faire assister par son supérieur hiérarchique.
A ce stade, le salarié négocie notamment le montant de son indemnité de rupture conventionnelle en demandant un montant qui peut être supérieur à l'indemnité minimum légale.
Si la procédure de rupture conventionnelle a été initiée par l'employeur, le salarié sera en position de force pour négocier au mieux le montant de l'indemnité de départ. Dans beaucoup de cas, l'entreprise propose une rupture conventionnelle lorsqu'elle souhaite se séparer du salarié sans toutefois disposer de suffisamment d'arguments juridiques pour être en mesure de le licencier.
A l'inverse, si la rupture est initiée par une demande du salarié, la marge de manoeuvre de ce dernier se trouvera considérablement réduite. Un employeur sera en effet moins disposer à payer des indemnités à un salarié qui dans tous les cas souhaite partir et peut donc toujours poser sa démission.
Le montant de l'indemnité de rupture conventionnelle est bien sûr le point le plus important de la négociation, mais d'autres éléments peuvent parfaitement être négociés au court de cette étape. Salarié comme employeur ne doivent donc pas limiter les discussions au seul montant des indemnités. Il est par exemple possible de négocier le passage d'une formation en faveur du salarié, le montant de la contrepartie financière à l'application d'une clause de non-concurrence, ou encore le prolongement de sa couverture santé par la mutuelle de l'entreprise. Il est également possible de négocier la date du départ de l'entreprise, qui peut être largement repoussée dans le temps.
En cas de refus, le salarié (ou l'employeur) n'a pas l'obligation de motiver sa décision.
A l'inverse, pour être valable, l'accord des parties doit être formalisé par l'établissement et la signature d'une convention.
Convention
Mentions obligatoires
La convention signée par les deux parties doit mentionner toutes les modalités de la rupture, et notamment le montant de l'indemnité spécifique de rupture ainsi que la date de cessation du contrat.
En revanche, employeur comme salarié n'ont pas à mentionner les motifs de la rupture conventionnelle sur la convention.
Renonciation
Lorsque, même après signature de la convention, le salarié ou l'employeur décide de renoncer à la rupture conventionnelle, la convention peut être dénoncée, par chacune des deux parties, dans le délai de quinze jours suivant la signature. Il est dans ce cas conseillé de formaliser la renonciation par le biais d'un courrier adressé en recommandé avec avis de réception.
Une fois passé le délai de 15 jours, l'employeur doit adresser une demande d'homologation de la convention de rupture conventionnelle à la Direccte.
Formulaire
La demande de rupture conventionnelle peut être adressée via un formulaire cerfa téléchargeable en ligne. C'est ce formulaire qui sera ensuite adressé à l'administration pour homologation.
Télécharger le formulaire d'homologation de la rupture conventionnelle.
Nombre d'exemplaires
Le formulaire de demande d'homologation doit être établi en plusieurs exemplaires, puisque chacune des parties doit en conserver un.
3 exemplaires doivent ainsi être remplis et signés (le troisième étant adressé à la Direccte).
Homologation
Une fois la demande d'homologation reçue, l'administration dispose d'un délai de 15 jours ouvrables pour vérifier et approuver la convention de rupture conventionnelle. Au-delà de ces quinze jours, son accord d'homologation est supposé acquis.
L'administration vérifiera que les conditions de validité de la rupture conventionnelle sont remplies. A ce titre, elle vérifiera notamment que le montant des indemnités versées au salarié sont au moins égales au montant auquel il a légalement droit.
Salarié protégé
Quand la rupture concerne un salarié protégé, la convention doit également être autorisée par l'Inspection du travail.
La convention doit être adressée par l'employeur à la Direccte. L'inspection du travail doit ensuite notifier son autorisation dans les 15 jours qui suivent la date de réception de la demande.
Effets de la rupture
Date
Le contrat prend fin le jour fixé par la convention. Mais cette date de rupture ne peut intervenir au plus tôt que le lendemain de l'homologation par la DDT, explicite ou tacite, ou de la décision de l'Inspection du travail pour les salariés protégés.
Préavis
En principe, le salarié n'est pas tenu de respecter un quelconque préavis en cas de rupture conventionnelle, contrairement au cas du licenciement ou de la démission. Toutefois, la convention peut tout à fait prévoir une date de rupture du contrat de travail qui peut être largement différée par rapport à la date de l'homologation de la convention.
Indemnités
Le salarié doit percevoir une indemnité de rupture d'un montant au moins égal à celui de l'indemnité légale de licenciement. Mais il peut néanmoins prétendre à un montant supérieur à ce minimum légal dans le cadre des négociations. Pour en savoir plus sur l'évaluation de cette indemnité, voir Indemnités de rupture conventionnelle : calcul et droits des salariés.
Documents remis
Au moment de la rupture du contrat de travail, l'employeur remet trois documents au salarié : un certificat de travail, une attestation Pôle emploi et un reçu pour solde de tout compte. Comme en cas de démission ou de licenciement.
Imposition et prélèvements
Le régime fiscal et social de l'indemnité de rupture est le même que celui applicable aux indemnités de licenciement. Celles-ci sont donc exonérées d'impôts et de cotisations sociales lorsque leur montant est inférieur à un certain plafond.
Chômage
Autre avantage de la rupture conventionnelle : les salariés concernés peuvent percevoir les indemnités chômage versées par Pôle emploi (ex assedic). La rupture conventionnelle permet donc de bénéficier des assedic, contrairement à la démission qui, sauf cas particuliers (voir les démissions donnant droit au chômage), ne donnent pas droit au chômage.
Attention toutefois : depuis le 1er juillet 2014, de nouvelles mesures ont modifié les règles de versement des allocations chômage perçues après une rupture conventionnelle, en instaurant un délai de carence plus important en cas de "gros chèque" de départ. Une mesure qui vise principalement les cadres qui quittent leur entreprise en touchant d'importantes indemnités de rupture conventionnelle.
Conséquence pratique : certains salariés devront attendre jusqu'à 180 jours pour que Pôle emploi leur verse leurs allocations, contre 75 jours auparavant. La rupture conventionnelle du contrat de travail peut donc s'avérer moins avantageuse qu'auparavant pour ces salariés, puisque ces derniers toucheront moins d'allocations chômage une fois devenus demandeurs d'emploi. Pour en savoir plus sur les nouvelles règles instaurées par l'Unedic, voir la réforme du chômage 2014 : ce qui a changé.
DIF
Le salarié conserve les droits acquis au titre du DIF. S'il retrouve un emploi après la rupture conventionnelle, il peut donc demander à son nouvel employeur d'en bénéficier, ce dernier étant libre de donner ou non son accord.
Si le salarié devient demandeur d'emploi, il peut faire une demande à Pôle emploi en vue de passer un bilan de compétences ou de suivre une action de VAE ou de formation.
Action en justice
Si le salarié a préalablement agi en justice afin de demander la résiliation judiciaire de son contrat de travail, la conclusion ultérieure d'une rupture conventionnelle rend son action sans objet, le contrat de travail ayant déjà été rompu par la rupture conventionnelle homologuée. (Cass. soc. 10 avril 2013 n° 11-15.651 jugeant le cas d'un salarié ayant préalablement intenté une action en résiliation judiciaire pour harcèlement moral avant de conclure une rupture conventionnelle par la suite).
Contestation
Le salarié et l'employeur peuvent toujours contester la validité de la rupture conventionnelle. Le litige relève alors de la compétence du Conseil de prud'hommes. Le recours doit être initié dans le délai de 12 mois qui suit la date de l'homologation.
Harcèlement
En pratique, beaucoup d'employeurs proposent une rupture conventionnelle lorsqu'ils souhaite se séparer du salarié mais qu'ils ne peuvent pas le licencier. Si le salarié refuse de rompre son contrat (comme il en a le droit), certains employeurs peuvent alors avoir recours à des intimidations ou à des pressions afin de contraindre le salarié à signer une convention de rupture conventionnelle. Ces méthodes peuvent prendre de nombreuses formes, telles que des remarques déplacées à répétitions, un dénigrement régulier, une mise au "placard", voire même des humiliations ou des menaces...
Si le salarié cède et signe finalement une rupture conventionnelle, sachez que celle-ci peut être annulée si ces pratiques ont eu pour effet de vicier le consentement du salarié lorsque ce dernier a signé la convention. Les tribunaux considèrent notamment comme nulle une convention signée alors que le salarié est victime d'un harcèlement moral.
Vous êtes employeur ou salarié et vous envisagez de signer une rupture conventionnelle ? Les articles qui suivent peuvent aussi vous intéresser :
Les indemnités en cas de rupture conventionnelle ;
La rupture conventionnelle pendant un congé parental d'éducation ;
Les conditions d'indemnisation du chômage ;
Le plan de départ volontaire.
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