Ce qui a changé dans la tête des retraités en 50 ans!
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Ce qui a changé dans la tête des retraités en 50 ans!
LE FIGARO.FR
Un couple de retraités contemplant le large. Crédit: gdela
INTERVIEW - Il y a encore quelques décennies, la retraite était perçue comme une fin de vie. Désormais, c'est une nouvelle vie. Le sociologue Serge Guérin raconte au Figaro ces changements de perception.
Durant toute notre vie, une longue successions de «rentrées». Rentrées scolaires, rentrée de vacances, rentrée dans une nouvelle entreprise, rentrée dans une nouvelle maison... Et puis un jour, la sortie. La grande sortie. La retraite. Une année charnière durant laquelle le quotidien change drastiquement. L'abandon de la vie professionnelle, malgré certaines expressions populaires comme «Vivement la retraite»,http://plus.lefigaro.fr/tag/vivement-la-retraite n'est pas aussi simple qu'on ne le dit. «Lâcher prise» est parfois complexe. Sur France Inter, l'émission «Grand bien vous fasse» a consacré une heure à cet épineux sujet. Comment «bien» partir à la retraite, comment la penser, la préparer, et essayer d'anticiper cette nouvelle aventure...https://www.franceinter.fr/emissions/grand-bien-vous-fasse/grand-bien-vous-fasse-27-juin-2017
En 2017, cette préparation en amont est cruciale. Certains «coachs» en ont même fait leur spécialité. À une période estivale propice aux départs à la retraite, Serge Guérin, sociologue spécialiste du vieillissement au sein de la société, explique au Figaro ce qui a changé dans la tête des retraités au fil des décennies.
LE FIGARO. - La perception de la retraite a beaucoup changé en quelques décennies... Qu'était exactement la retraite il y a 50 ans?
SERGE GUÉRIN. -Un état de fait qui était bien loin d'avoir les connotations positives d'aujourd'hui... À l'époque, la retraite était en quelque sorte la fin de l'histoire. C'était perçu comme un «+», sorte de bonus de temps à vivre. Cela n'était pas considéré comme une tranche de vie à part entière. La vie, c'était le travail, la carrière. On s'imagine que les 30 glorieuses étaient d'une prospérité imperturbable, mais c'était aussi une époque où l'on travaillait plus longtemps et plus durement: 44h en moyenne par semaine! La moyenne de l'espérance de vie était de 67 ans à l'époque. Et au mieux, on partait à la retraite à 65 ans...
À quel moment «l'idée» de la retraite est-elle née?
Au milieu des années 70. C'est à ce moment que la retraite a été intégrée à la carrière. C'est aussi l'époque de la «pré-retraite», à 55 ans. Et cela faisait consensus! Le message essentiel était de «laisser la place aux jeunes.». Les patrons, les syndicats... Presque tout le monde s'accordait à dire que c'était formidable. Au début des années 80, François Mitterrand a fait passer la loi sociale incluant la retraite à 60 ans. Résultat: un certain nombre de salariés a appris du jour au lendemain qu'ils pouvaient partir à la retraite. Ils n'avaient absolument pas anticipé ni préparé cela, c'était une véritable surprise!
C'est également à cette période que l'espérance de vie a commencé à augmenter?
Absolument. Mais la génération qui part à la retraite à ce moment là ne sait pas encore qu'elle va vivre plus longtemps que ses aînés. Résultat, tout est à inventer: le temps long de la retraite, ses occupations, sa place dans la société... Car à cette époque, on passe 5 années de plus à la retraite, et on gagne 10 années d'espérance de vie!
À partir de quand les «baby-boomers» sont-ils entrés dans l'équation?
Dès 2004. C'est le début d'une longue vague de départ à la retraite. Beaucoup plus de retraités, qui vont rester à la retraite beaucoup plus longtemps que leurs aînés!
Est-ce à ce moment que les retraités conçoivent leur retraite comme une nouvelle de vie?
C'est à ce moment que la retraite devient une nouvelle aventure, avec un gigantesque champ de possibilités. C'est ce que j'aime appeler «l'après-midi de la vie.» Parallèlement à cela, il y a aussi le «jeunisme», très présent dans notre société, qui incite à rester jeune coûte que coûte, peu importe son âge! La jeunesse est très survalorisée. Les retraités ne sont donc jamais autant engagés, avec une ferme envie de rester actifs. Association, éducation... Les formes sont nombreuses. Certains se trouvent même des vocations d'entrepreneurs.
Et de façon prospective, qu'anticipez-vous pour les retraités d'ici 5 à 10 années?
Des pertes de pouvoir d'achat, des situations plus difficiles... Peut-être les retraités vont-ils utiliser leur temps dans une logique d'auto-production. Ils réinventeront peut-être une économie de territoire, de frugalité, moins dépensière... Il y a également une grande question que je me pose: le monde des retraités deviendra-t-il un lobby, pour faire pression sur la politique? Va-t-on davantage valoriser leur rôle social et économique?
Un couple de retraités contemplant le large. Crédit: gdela
INTERVIEW - Il y a encore quelques décennies, la retraite était perçue comme une fin de vie. Désormais, c'est une nouvelle vie. Le sociologue Serge Guérin raconte au Figaro ces changements de perception.
Durant toute notre vie, une longue successions de «rentrées». Rentrées scolaires, rentrée de vacances, rentrée dans une nouvelle entreprise, rentrée dans une nouvelle maison... Et puis un jour, la sortie. La grande sortie. La retraite. Une année charnière durant laquelle le quotidien change drastiquement. L'abandon de la vie professionnelle, malgré certaines expressions populaires comme «Vivement la retraite»,http://plus.lefigaro.fr/tag/vivement-la-retraite n'est pas aussi simple qu'on ne le dit. «Lâcher prise» est parfois complexe. Sur France Inter, l'émission «Grand bien vous fasse» a consacré une heure à cet épineux sujet. Comment «bien» partir à la retraite, comment la penser, la préparer, et essayer d'anticiper cette nouvelle aventure...https://www.franceinter.fr/emissions/grand-bien-vous-fasse/grand-bien-vous-fasse-27-juin-2017
En 2017, cette préparation en amont est cruciale. Certains «coachs» en ont même fait leur spécialité. À une période estivale propice aux départs à la retraite, Serge Guérin, sociologue spécialiste du vieillissement au sein de la société, explique au Figaro ce qui a changé dans la tête des retraités au fil des décennies.
LE FIGARO. - La perception de la retraite a beaucoup changé en quelques décennies... Qu'était exactement la retraite il y a 50 ans?
SERGE GUÉRIN. -Un état de fait qui était bien loin d'avoir les connotations positives d'aujourd'hui... À l'époque, la retraite était en quelque sorte la fin de l'histoire. C'était perçu comme un «+», sorte de bonus de temps à vivre. Cela n'était pas considéré comme une tranche de vie à part entière. La vie, c'était le travail, la carrière. On s'imagine que les 30 glorieuses étaient d'une prospérité imperturbable, mais c'était aussi une époque où l'on travaillait plus longtemps et plus durement: 44h en moyenne par semaine! La moyenne de l'espérance de vie était de 67 ans à l'époque. Et au mieux, on partait à la retraite à 65 ans...
À quel moment «l'idée» de la retraite est-elle née?
Au milieu des années 70. C'est à ce moment que la retraite a été intégrée à la carrière. C'est aussi l'époque de la «pré-retraite», à 55 ans. Et cela faisait consensus! Le message essentiel était de «laisser la place aux jeunes.». Les patrons, les syndicats... Presque tout le monde s'accordait à dire que c'était formidable. Au début des années 80, François Mitterrand a fait passer la loi sociale incluant la retraite à 60 ans. Résultat: un certain nombre de salariés a appris du jour au lendemain qu'ils pouvaient partir à la retraite. Ils n'avaient absolument pas anticipé ni préparé cela, c'était une véritable surprise!
C'est également à cette période que l'espérance de vie a commencé à augmenter?
Absolument. Mais la génération qui part à la retraite à ce moment là ne sait pas encore qu'elle va vivre plus longtemps que ses aînés. Résultat, tout est à inventer: le temps long de la retraite, ses occupations, sa place dans la société... Car à cette époque, on passe 5 années de plus à la retraite, et on gagne 10 années d'espérance de vie!
À partir de quand les «baby-boomers» sont-ils entrés dans l'équation?
Dès 2004. C'est le début d'une longue vague de départ à la retraite. Beaucoup plus de retraités, qui vont rester à la retraite beaucoup plus longtemps que leurs aînés!
Est-ce à ce moment que les retraités conçoivent leur retraite comme une nouvelle de vie?
C'est à ce moment que la retraite devient une nouvelle aventure, avec un gigantesque champ de possibilités. C'est ce que j'aime appeler «l'après-midi de la vie.» Parallèlement à cela, il y a aussi le «jeunisme», très présent dans notre société, qui incite à rester jeune coûte que coûte, peu importe son âge! La jeunesse est très survalorisée. Les retraités ne sont donc jamais autant engagés, avec une ferme envie de rester actifs. Association, éducation... Les formes sont nombreuses. Certains se trouvent même des vocations d'entrepreneurs.
Et de façon prospective, qu'anticipez-vous pour les retraités d'ici 5 à 10 années?
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