Insolite à Paimpol : sous le jardin, un camp allemand septembre 2017
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Insolite à Paimpol : sous le jardin, un camp allemand septembre 2017
Insolite. Yannick Le Duigou a révélé dans son jardin, sur la pointe de Guilben, un bout du Mur de l'Atlantique. Lui et son ami allemand Gerhard König ont mis au grand jour des blockhaus, tobrouk et cuve à canon. De leurs heures de labeur est née une belle amitié.
Publié le 13 Sep 17 à 6:15
Le jardin de Yannick Le Duigou, chemin de Hent Brividig, à Paimpol, n’est pas tout à fait un jardin comme les autres.
ll abrite sept des vingt ouvrages du Mur de l’Atlantique, https://fr.wikipedia.org/wiki/Mur_de_l%27Atlantiquerecensés sur la pointe de Guilben.http://sallevirtuelle.cotesdarmor.fr/inventaire/paimpol/Geoviewer/Data/html/IA22016775.html
De ce site stratégique, l‘occupation allemande pouvait surveiller l’entrée du port de Paimpol.
Deux blockhaus étaient au sud avec Kérity en ligne de mire, onze au nord dont un antiaérien pour épier le port et les autres, au centre, dans ma propriété, avec vue à 360 degrés. D’ici, la côte était sous le feu du canon.
Colonisés par la végétation
Yannick Le Duigou savait bien évidemment que sa propriété logeait des ouvrages allemands.
A l’angle de son jardin, sur une bande communale, se trouve l’entrée hexagonale du camp allemand de Guilben.
A vingt mètres, dans l’alignement de son talus, est enfoui un blockhaus en parfait état avec grilles et portes.
Et au cœur du jardin, un bunker également intact… Mais le propriétaire n’était pas au bout de ses surprises.
En retraite, il décide en 2016 d’explorer un peu plus pour ouvrir le site à la visite lors des journées du patrimoine. Il dégage bunkers et blockhaus colonisés par la végétation, puis découvre un encuvement enseveli sous les ronces…
Un espace creux et circulaire, dont la base est en béton, et sur lequel une pièce en acier servait de socle à un canon.
Coups de pelle et huile de coude
Face à l’ampleur du travail de dégagement, une visiteuse lui dit connaître quelqu’un qui pourrait l’aider… Il s’agit de Gerhard König, un Allemand installé à Paimpol depuis quatre ans. Le binôme est formé.
Pendant neuf mois, tous les jeudis après-midi, ils dégagent à coups de pelle et d’huile de coude le cercle à canon.
Ils débroussaillent, sortent des tonnes de terre, des cailloux, des boulets et parfois même des blocs de béton de 300 kilos qu’ils découpent.
C’était Cayenne ! Mais toujours dans la bonne humeur
Ils décident aussi de restaurer, le plus à l’identique et avec les morceaux trouvés dans les blocs, l’encuvement et sa réserve à canons, abîmés par le temps et les bombardements alliés.
Une caméra dans le tobrouk
Le chantier terminé, au printemps dernier,
Dans l’alignement de l’entrée du camp, puis du blockhaus, reliés par une tranchée, se trouvait cette petite construction de 4 mètres sur 2, ancien poste de mitrailleur, remplie de terre.
Ils se relayent à tour de rôle, tous les six seaux de terre, pour dégager le tobrouk.
Prudents, ils font aussi appel au fils de Gerhard, Laurent. Il leur apporte son regard éclairé sur le conflit (lire ci-dessous) mais aussi sa caméra thermique, capable de déceler, des objets dangereux dans ce tube étroit et profond. Ils déterrent une foule de petits objets, avec rigueur, et les conservent dans « leur petit musée ».
Leur petit musée
En parallèle de leur chantier, Yannick Le Duigou et Gerhard König ont mené des recherches pour comprendre l’histoire du site mais aussi récolté et croisé des témoignages. Le bilinguisme de leur duo leur a d’ailleurs permis de décoder bien des documents.
Sans être archéologues, ils ont mené leurs fouilles avec méthode et rigueur pour ne rien abîmer de leurs trouvailles. Un obus éclaté, des munitions, des clous, des médicaments d’époque, des fourchettes… tout un tas de petits objets sont remontés grâce à eux à la surface. Ils les exposent aujourd’hui dans l’un des bunkers, sous vitrine pour certains, à la lueur d’une lampe électrique.
Le camp était gardé par une petite soixantaine de soldats, d’abord allemands puis russes ukrainiens.
A la Libération de Paimpol, en août 1944,
Guilben est le dernier bastion à se rendre.
Mais dans le temps, il est resté debout… et rend le jardin de Yannick Le Duigou, tout comme son amitié avec Gerhard König, extraordinaire.
Belle amitié franco-allemande
« À force de pelles et de brouette, Gerhard et moi, on a appris à se connaître, on s’est trouvé des points communs. On ne râlait jamais, on a même beaucoup ri. Et petit à petit une belle amitié est née. »
Elle a même éclairé le fils de Gerhard, Laurent…
Passionné par l’histoire du conflit, ce petit-fils d’un grand-père français résistant et d’un autre allemand qui était sur le front de Stalingrad a prêté main-forte au projet. Par ses recherches et ses coups de pioche.
« Lui qui avait besoin de réconcilier tout ça » a trouvé là un bon terreau. Comme le glisse Yannick Le Duigou, « toute cette histoire est riche et un peu symbolique. »
https://actu.fr/bretagne/paimpol_22162/insolite-paimpol-sous-jardin-camp-allemand_11754584.html
Publié le 13 Sep 17 à 6:15
Yannick Le Duigou et Gerhard König, les deux forçats du camp allemand de Guilben à Paimpol, posent devant la cuve à canon qu’ils ont découverte et restaurée. En arrière-plan, le mur de la casemate de tir, attenante à la cuve, que le voisin, propriétaire de l’ouvrage, a mis gentiment à nu pour parfaire le site. « Dans les années 50, on ne voyait que ce blockhaus sur la pointe, tous les habitants s’en souviennent. Mais il a disparu du paysage dans la végétation et l’urbanisme ». (©La Presse d’Armor)
Le jardin de Yannick Le Duigou, chemin de Hent Brividig, à Paimpol, n’est pas tout à fait un jardin comme les autres.
ll abrite sept des vingt ouvrages du Mur de l’Atlantique, https://fr.wikipedia.org/wiki/Mur_de_l%27Atlantiquerecensés sur la pointe de Guilben.http://sallevirtuelle.cotesdarmor.fr/inventaire/paimpol/Geoviewer/Data/html/IA22016775.html
De ce site stratégique, l‘occupation allemande pouvait surveiller l’entrée du port de Paimpol.
Deux blockhaus étaient au sud avec Kérity en ligne de mire, onze au nord dont un antiaérien pour épier le port et les autres, au centre, dans ma propriété, avec vue à 360 degrés. D’ici, la côte était sous le feu du canon.
Colonisés par la végétation
Yannick Le Duigou savait bien évidemment que sa propriété logeait des ouvrages allemands.
A l’angle de son jardin, sur une bande communale, se trouve l’entrée hexagonale du camp allemand de Guilben.
A vingt mètres, dans l’alignement de son talus, est enfoui un blockhaus en parfait état avec grilles et portes.
Et au cœur du jardin, un bunker également intact… Mais le propriétaire n’était pas au bout de ses surprises.
En retraite, il décide en 2016 d’explorer un peu plus pour ouvrir le site à la visite lors des journées du patrimoine. Il dégage bunkers et blockhaus colonisés par la végétation, puis découvre un encuvement enseveli sous les ronces…
Un espace creux et circulaire, dont la base est en béton, et sur lequel une pièce en acier servait de socle à un canon.
Coups de pelle et huile de coude
Face à l’ampleur du travail de dégagement, une visiteuse lui dit connaître quelqu’un qui pourrait l’aider… Il s’agit de Gerhard König, un Allemand installé à Paimpol depuis quatre ans. Le binôme est formé.
Pendant neuf mois, tous les jeudis après-midi, ils dégagent à coups de pelle et d’huile de coude le cercle à canon.
Ils débroussaillent, sortent des tonnes de terre, des cailloux, des boulets et parfois même des blocs de béton de 300 kilos qu’ils découpent.
C’était Cayenne ! Mais toujours dans la bonne humeur
Ils décident aussi de restaurer, le plus à l’identique et avec les morceaux trouvés dans les blocs, l’encuvement et sa réserve à canons, abîmés par le temps et les bombardements alliés.
Une caméra dans le tobrouk
Le chantier terminé, au printemps dernier,
on a bu un coup au centre du cercle et on s’est attaqué à un tobrouk à l’autre bout du jardin.
Dans l’alignement de l’entrée du camp, puis du blockhaus, reliés par une tranchée, se trouvait cette petite construction de 4 mètres sur 2, ancien poste de mitrailleur, remplie de terre.
Ils se relayent à tour de rôle, tous les six seaux de terre, pour dégager le tobrouk.
Prudents, ils font aussi appel au fils de Gerhard, Laurent. Il leur apporte son regard éclairé sur le conflit (lire ci-dessous) mais aussi sa caméra thermique, capable de déceler, des objets dangereux dans ce tube étroit et profond. Ils déterrent une foule de petits objets, avec rigueur, et les conservent dans « leur petit musée ».
Leur petit musée
En parallèle de leur chantier, Yannick Le Duigou et Gerhard König ont mené des recherches pour comprendre l’histoire du site mais aussi récolté et croisé des témoignages. Le bilinguisme de leur duo leur a d’ailleurs permis de décoder bien des documents.
Sans être archéologues, ils ont mené leurs fouilles avec méthode et rigueur pour ne rien abîmer de leurs trouvailles. Un obus éclaté, des munitions, des clous, des médicaments d’époque, des fourchettes… tout un tas de petits objets sont remontés grâce à eux à la surface. Ils les exposent aujourd’hui dans l’un des bunkers, sous vitrine pour certains, à la lueur d’une lampe électrique.
Le camp était gardé par une petite soixantaine de soldats, d’abord allemands puis russes ukrainiens.
A la Libération de Paimpol, en août 1944,
Guilben est le dernier bastion à se rendre.
Mais dans le temps, il est resté debout… et rend le jardin de Yannick Le Duigou, tout comme son amitié avec Gerhard König, extraordinaire.
Belle amitié franco-allemande
« À force de pelles et de brouette, Gerhard et moi, on a appris à se connaître, on s’est trouvé des points communs. On ne râlait jamais, on a même beaucoup ri. Et petit à petit une belle amitié est née. »
Elle a même éclairé le fils de Gerhard, Laurent…
Passionné par l’histoire du conflit, ce petit-fils d’un grand-père français résistant et d’un autre allemand qui était sur le front de Stalingrad a prêté main-forte au projet. Par ses recherches et ses coups de pioche.
« Lui qui avait besoin de réconcilier tout ça » a trouvé là un bon terreau. Comme le glisse Yannick Le Duigou, « toute cette histoire est riche et un peu symbolique. »
https://actu.fr/bretagne/paimpol_22162/insolite-paimpol-sous-jardin-camp-allemand_11754584.html
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